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Du lavoir au bassin des nymphes

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Par   •  3 Septembre 2013  •  Cours  •  6 334 Mots (26 Pages)  •  941 Vues

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Du lavoir au bassin des nymphes.

Pour quelle raison, le lavoir de Cravant est-il revenu brusquement dans ma mémoire aujourd’hui ? Des parfums de lavande, de savon, de linge propre ont dû susciter ce flash back vers des souvenirs précis de mon enfance.

Du coup, j’ai voulu rendre hommage à ma mère, qui dans sa jeunesse fut lavandière et que j’ai accompagné souvent vers son dur labeur.

Autrefois, il y avait au moins un lavoir par village ou hameau et l'on pouvait estimer l'importance du village par rapport au nombre de lavoirs qu’il possédait. Devant le lavoir, le séchoir à linge constitué de haies ou de fils tendus se pavanait.

Paradis du vent lui qui s’amuse à parfumer toutes les pièces de lourds tissus.

Côtoyant le séchoir, des vieux fossés profonds utilisés comme tout- à -l’égout en plein air répandaient des odeurs nauséabondes comme une réponse aux parfums de propreté qui se dégageaient du lavoir.

A présent séchoir et fossé ont disparu près du donjon. L’emplacement est devenu une grande place parking pour le centre du village.

En effet à l’époque et non sans quelques années de retard, et cédant enfin aux changements voulus par la sous-préfecture, les communes se sont mises en règle avec la loi du 5 février 1851. Ce qui signifie qu’à Cravant comme partout en France la notion d’'hygiène inconnue auparavant s’installât enfin…

Nous dirions aujourd'hui : la promotion de la santé publique.

Cela avait un double but : le linge lavé plus blanc, et les laveuses ou lavandières protégées des courants d'air et intempéries dans un bâtiment solide.

A l'origine, en France selon la région où l'on habitait, on utilisait pour ses femmes spécialisées, soit le mot "lavandière" soit le mot "laveuse".

"Lavandière" apparaît en 1180. Il concerne plutôt le secteur méditerranéen. En Bourgogne l’appellation «Laveuse » apparaît vers 1390.

On m'a appris, lorsque j'étais petit, que pour bien parler, il fallait dire « lavandière » et non « laveuse » qui minimisaient une profession de femmes si pénible.

Ajoutons pour l’histoire que les mots "lavandière" et "laveuse", sont tous deux français mais surtout à ne pas confondre avec lingère. Le lavoir a des oreilles.

On dit !

On dit ! On en dit des choses désagréables, ceux qui médisent le plus sont les hommes. Quand ils passent ici tout près, ce ne sont que regards moqueurs ou dédaigneux. L’un dit :

« Une belle engeance que ce « lavouère », une vraie boîte à ragots, s’il n’existait pas il faudrait l’inventer pour amuser les bonnes femmes ! » L’autre, ironique : « Mais c’est ici radio lavoir ! Ben voyons écoutez donc, c’est le rendez-vous des mauvaises langues ! Ben ! Quoi ? Qu’elles disent dont la dedans ? Y parle de moi méfiance donc »

Ces lavoirs de Cravant durent être réorganisés au point de vue maçonnerie, charpente et couverture. Comme ce lavoir d’en bas, car il est en bas du village. De forme rectangulaire particulière en impluvium romain il se dessine à la fois d’un bassin parallèle à l'ouverture du toit. Il se remplit par le ru d’Arbaud détourné pour l’alimenter en eau courante.

Ce lavoir de Cravant, hypothétiquement fut probablement construit sur l’ancien vivier du seigneur du donjon. Il devait s’étendre jusqu'à l’emplacement de la mare du presbytère juste derrière. Nous n’avons pas de trace de cette initiative.

Si ce n’est un acte qui stipule que les Cravantais avaient droit de pêche de leur seigneur et maître, l'évêque -comte de Auxerre. Certes, mais les villageois avaient aussi la charge de curer, drainer les fossés, marécages et d’entretenir les biefs des moulins à leur frais, en échange.

Ce lavoir d’en bas a été restauré depuis peu avec des pierres neuves qui remplacent celles que le gel a fendues et fragilisées. Sous le toit, nous ne voyons que les chevrons neufs qui renforcent et préservent l’ensemble des pluies et autres giboulées. Remercions cette initiative communale pour l’entretient.

La toiture semble suspendue, elle est soutenue de huit fins poteaux de fonte autour du bassin. Ils ressemblent à ceux de l’extérieur qui soutenaient les fils d’acier des séchoirs.

Contre les murs intérieurs coure une forte barre d’acier horizontal sellée dans les murs. Elle servait pour poser le linge à égoutter à peine sortit du bassin.

Perchés dessus les enfants y faisaient les acrobates et jouaient au cochon pendu.

Au bord, tout autour du miroir d’eau de grandes dalles sont légèrement inclinées dans le sens de l'eau pour faciliter le travail de lavage du linge.

Des femmes lavandières

Elles ont souvent retenu l’attention des peintres et des artistes.

Ils ont souvent embelli l’image de ces travailleuses manuelles aux conditions sociales et matérielles difficiles. Paul Guigou, Marcel Arthaud, Gustave Boulanger, Joha Axel Gustav Acke ont peint les lavandières en action.

La réalité est autre : Ces femmes vivaient durement, elles devaient, tout en lavant, s'occuper de leurs plus jeunes enfants. J’étais l’un d’eux. C’est pourquoi je témoigne.

En effet sur ces plages inclinées face à l’eau, les lavandières avaient des places attitrées suivant leur age ou la puissance de la maison dont elles dépendaient. Les plus anciennes, privilège de l’âge, étaient placées vers l’arrivée de l’eau propre. Les plus jeunes étaient positionnées vers la vanne de sortie. Elles devaient obligatoirement se déplacer péniblement pour rincer leur linge vers l’arrivée d’eau claire.

Les femmes frottaient le linge à l'aide d’une brosse de paille en chiendent mouillé de savon ou de cendre. Pour extirper la crasse et rincer en profondeur, inlassablement, elles devaient battre violemment le linge à grand coup de battoir de bois. Se défoulant hargneusement sur le linge d’un client radin ou des hommes infidèles. Elles complétaient de mots ses frasques en ragots venimeux. Ce clan de dames utilisait les lavoirs comme parloir, d’informations, d’échange de mille secrets de femme.

Les battoirs servaient aussi à

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