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Biographie de Curzio Malaparte

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Par   •  16 Janvier 2015  •  Commentaire de texte  •  2 634 Mots (11 Pages)  •  729 Vues

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Curzio Malaparte, né sous le nom de Kurt-Erich Suckert le 9 juin 1898 à Prato en Toscane, mort le 19 juillet 1957 à Rome, est un écrivain, cinéaste, journaliste, correspondant de guerre et diplomate italien. Il est surtout connu en Europe pour deux ouvrages majeurs : Kaputt et La Peau. Il fit inscrire sur son mausolée, en majuscules:

« (it)IO SON DI PRATO, M'ACCONTENTO D'ESSER DI PRATO, E SE NON FOSSI NATO PRATESE, VORREI NON ESSER VENUTO AL MONDO »

— « Je suis de Prato, je me contente d'être de Prato, et si je n'y étais pas né, je voudrais n'être jamais venu au monde », 1

C'est dire l'importance affective qu'il attachait à la Toscane et aux Toscans, mais surtout aux habitants de Prato et de sa région2. Dans la lignée de l'auteur du Décaméron, qui fut le créateur de la prose italienne, Malaparte demeure par son goût de la chronique un fils spirituel de Boccace, et l'un des prosateurs majeurs de la littérature italienne du xxe siècle.Biographie[modifier | modifier le code]

vue d'une église au centre d'une place

Le Duomo, cœur de la ville de Prato.

Jeunesse et Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Né en Toscane de père allemand, Erwin Suckert, et de mère lombarde, Edda Perelli, Kurt-Erich Suckert fut, très jeune, éloigné de ses parents pour être élevé à Coiano par des paysans pauvres3. Malgré de brillantes études et son jeune âge, il choisit de se mettre en danger et s'engage, dès 1914, dans l'armée française. Il s'échappe du célèbre collège et lycée Cicognini (it) où il faisait ses études classiques4,5, il traverse à pied la frontière à Vintimille. Il écrira plus tard dans Le soleil est aveugle : « Mais en haut, sur les pics et sur les névés, sur l'immense chaîne des Alpes savoyardes, lointaines et précises dans le ciel de soie pâle, sur cette fuite ininterrompue d'aiguilles scintillantes et de glaciers bleus, l'air limpide et immobile a une cruauté vierge6. » Il s'engage comme volontaire dans l'armée française à seulement 16 ans7, trichant donc sur son âge, préfigurant ainsi l'écrivain engagé qu'il allait devenir, bien avant Ernest Hemingway et son Adieu aux armes de 1929.

La Légion garibaldienne étant dissoute, il revient en Italie, participe à la campagne interventionniste et s'engage à nouveau dès la déclaration de guerre de l'Italie à l'Empire austro-hongrois: combat sur le front italien dans les régiments alpins (Brigata “Cacciatori delle Alpi”), devient officier, avant de revenir en France où il est gazé au Chemin des Dames8, et est décoré de la croix de guerre avec palme (1914-1918)7.

L'adhésion au fascisme et l'entre-deux guerres[modifier | modifier le code]

Les mots vont lui permettre d'exprimer ses idées politiques — Viva Caporetto, republié sous le titre La Révolte des saints maudits, est d'ailleurs trois fois saisi et censuré entre 1921 et 1923. Les convictions de Malaparte sont si profondes qu'il est persuadé que le collectivisme russe et l'individualisme italien ne sont pas antinomiques et que, ensemble, ils déboucheront sur une société nouvelle9.

Il adhère au parti fasciste en septembre 1922. En 1923, dans L’Italie contre l'Europe, traduit en français en 1927, il interprète le fascisme comme un syndicalisme politique et invoque la pensée de Georges Sorel et de Filippo Corridoni10. En 1924, sous le nouveau régime, il administre plusieurs maisons d'édition, y compris celle de La Voce de Giuseppe Prezzolini. Dans la foulée de l'assassinat de Matteotti, il est parmi les défenseurs le plus fervents des "escadrons des intransigeants". Il fonde et dirige la revue La conquête de l’État, qui incite Mussolini au durcissement vers la dictature, matérialisé par le discours du 3 janvier 1925. En 1925, il fait partie des signataires du "Manifeste des intellectuels fascistes".

Il devient pour un temps un théoricien du fascisme. Alors qu'au sein du parti, les partisans du courant strapaese (retour aux traditions paysannes) et le courant Stracittà (futuriste et technologique) s'opposent, Malaparte se tient à mi-distance des deux courants tout en écrivant des articles strapaese pour le journal Il Selvaggio. Il fonde simultanément avec Massimo Bontempelli en 1926 la revue 900 (cahiers d'Europe et d'Italie), revue intellectuelle et d'avant-garde à laquelle collaborent aussi bien Pablo Picasso que James Joyce ou des dadaïstes comme Philippe Soupault.

En 1928, il devient directeur de la revue L'Italia letteraria et, en 1929, rédacteur en chef de La Stampa de Turin.

L'après-guerre est tumultueuse, entrecoupée d'amours et de duels (notamment avec le socialiste Pietro Nenni et le futuriste Mario Carli). Par la suite, il entame une carrière diplomatique qui le conduira à Varsovie, mais qu'il délaisse pour le journalisme et la littérature.

Il change son état civil en 1925 pour Curzio Malaparte5 après avoir lu un pamphlet de 1869 intitulé I Malaparte e i Bonaparte. Malaparte disait, à propos de son pseudonyme : « Napoléon s'appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m'appelle Malaparte et je finirai bien11. »

Photo d'une statue en pierre représentant Boccace.

Statue de Boccace du Piazzale des Offices à Florence

Le changement d'état civil est officialisé en 1929. Ses papiers d'identité ne feront plus mention de Kurt Suckert, mais de Curzio Malaparte. « Malaparte est mon étendard12. » Ce changement d'ordre symbolique marquera définitivement son appartenance à la lignée des Toscans, en leur compagnie, il mange « l'herbe du ridicule en salade » 13. Il se dit dans la lignée de Filippo Lippi. Il se dit aussi né comme Filippino Lippi, Rue Gaetano Magnolfi [2]14, celle aussi de Marsile Ficin15. Son goût des chroniques lui vient de la lecture de Boccace, de Dino Compagni16 et surtout de Franco Sacchetti qu'il aimait par-dessus tout17. Sacchetti, l'auteur de Il trecento novelle (Trois cents nouvelles) regroupées dans Opere18. « Une analyse plus technique permettrait de dégager les racines littéraires de son goût de l'hénaurme, qui enjambe Dostoïevski et Nietzsche, pour retrouver le monde plein de sève et d'humeur, mais dégraissé, sec et sans bavures des nouvelles

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