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Beckett, le tragique, la métaphysique et Dieu.

Fiche : Beckett, le tragique, la métaphysique et Dieu.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Novembre 2016  •  Fiche  •  628 Mots (3 Pages)  •  1 351 Vues

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DOCUMENT COMPLEMENTAIRE : BECKETT, LE TRAGIQUE, LA METAPHYSIQUE ET DIEU…

Le critique Jean-Marie Doménach, perçoit dans le théâtre de l’absurde le retour du tragique. Tout au long de son propos, il s’appuie sur le dramaturge E. Ionesco, qu’il cite.

Ionesco,…, à propos de Beckett… écrit : « Beckett est essentiellement tragique, tragique parce que, justement, chez lui, c’est la totalité de la condition humaine qui entre en jeu et non pas l’homme de telle ou telle société, ni l’homme vu à travers et aliéné par une certaine idéologie. » Or cette totalité de la condition humaine est précisément ce qui est le moins perceptible dans une société comme la nôtre ; et s’il est vrai qu’ « il n’y a pas de théâtre sans un secret qui se révèle », comme dit Ionesco, ce secret est celui-là même que la tragédie grecque produisait devant les spectateurs : l’homme souffre au sein du bonheur, l’homme chute au sein de la grandeur, l’homme meurt au sein de la vie… Et ceci doit être dévoilé avec plus de violence dans une société qui s’efforce d’escamoter la souffrance, la faute et la mort.

Cependant, pour que ce secret apparaisse de façon tragique, et non point comique, il faut qu’il intervienne une dimension métaphysique… Ce qui importe au tragique n’est pas que des hommes soient malheureux au milieu d’une société qui fait du bonheur son dogme, mais la raison et la signification de cet intolérable contraste. Pour que le tragique se manifeste, il faut que, d’une manière ou d’une autre, la transcendance soit concernée, il faut qu’un dispositif métaphysique double le dispositif humain, et qu’une épuration se produise, qui amorce la transfiguration caractéristique de la tragédie…

Le théâtre de Beckett tend vers la tragédie, surtout En attendant Godot et Oh ! les beaux jours. Chez lui l'agonie du langage traduit l'agonie de l'être, et l'éternelle question de la tragédie reparaît : pourquoi ce mal sans coupable ? Pourquoi cette culpabilité sans crime ? L'homme de Beckett, « incapable de se connaître et incapable de supporter de ne pas se connaître », suggère un responsable, celui qu'autrefois on appelait Dieu. Qui d'autre aurait pu inventer ce phénomène aberrant qu'est l'homme dans le monde ? N'importe quel tailleur est capable de fabriquer un pantalon, mais Dieu a créé un homme qui ne s'ajuste pas au monde. « L'univers aux lois immuables que Beckett parcourt du regard, où la souffrance, la persécution, la torture sont naturelles, semble avoir été créé par un Dieu qui n'a pas les mêmes conceptions que nous. » Est-ce un Dieu fou, ou un Dieu sportif, qui s'amuse à boxer sa création ? C'en est fini de la révolte athée dont Camus(1) a orchestré le dernier sursaut. Dieu n'est plus moqué, ni accusé, ni condamné. Entre l'homme et lui, après tant de contestations qui ont viré à l'absurde, s'est tissée une sorte de camaraderie du malheur. Le mal est plus grand qu'on imaginait, et, à la limite, on pourrait se demander de quoi Dieu lui-même est coupable. Une espèce de commisération fraternelle monte, ou plutôt descend, vers ce créateur maladroit. Dieu meurt ainsi une seconde fois, non plus de l'orgueil de l'homme, mais de son abaissement, non plus de l'ubris(2) de Prométhée, mais de l'espérance indéracinable des victimes attendant Godot, de l'humidité pieuse de Winnie enterrée (3).

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