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La Satire Sociale Dans L' Etranger D'Albert Camus

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Par   •  11 Décembre 2014  •  547 Mots (3 Pages)  •  6 511 Vues

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2.6. Une satire de la justice

Mise en abyme voulue par Camus ? – alors que cette instruction et le procès permettent au lecteur de mieux comprendre Meursault, la société, à l’inverse, méconnaît la réalité des ressorts psychologiques du personnage. Plus Meursault se révèle à travers ses remarques de prisonnier et d’inculpé, plus les autorités judiciaires s’égarent dans des points de vue superficiels et inexacts, faisant de lui un homme sans sentiment, sans regret et criminel avec préméditation (le procureur) ou bon travailleur, aimant sa mère (son avocat). Ainsi se crée un hiatus entre le point de vue du lecteur et le jugement porté par les autorités judiciaires sur Meursault à la faveur duquel Camus instruit le procès d’une justice qui prétend à la vérité quand elle se contente de débats superficiels.

Un procès tributaire du « moment » de son déroulement

Le procès doit se dérouler en été, ce qui est, de l’aveu d’un journaliste à Meursault, une saison où les quotidiens se vendent mal et les faits ont donc été montés en épingle, voire dramatisés, par la presse de façon à créer un événement susceptible d’intéresser les lecteurs (« Vous savez, nous avons monté un peu votre affaire. L’été, c’est la saison creuse pour les journaux. Et il n’y avait que votre affaire et celle du parricide qui vaillent quelque chose. ») p.124

D’autre part, le procès d’un parricide qui se déroule en même temps que celui de Meursault crée une proximité inquiétante : il est en effet à craindre qu’un procureur avisé joue de la mise en parallèle de l’attitude de Meursault à la mort de sa mère et du crime de parricide. Par ailleurs, comme le précise son avocat à Meursault, les débats « (...) ne dureraient pas plus de deux ou trois jours (…) la cour sera pressée parce que votre affaire n’est pas la plus importante de la session. Il y a un parricide qui passera tout de suite après. » (p.121)

A cette proximité inquiétante des deux affaires s’ajoute la présence d’un envoyé spécial d’un journal parisien venu pour le parricide, ce qui ne peut qu’ajouter encore au parfum de scandale que dégage le procès de Meursault dans la mesure où ce journaliste est chargé par sa rédaction de rendre compte des deux affaires. Bref, un procès qui se fût déroulé en hiver sans qu’un parricide fût jugé simultanément eût été sans doute fort différent.

Un milieu judiciaire d’habitués

Le procès se déroule dans un milieu judiciaire qui met en présence des gens différents (journalistes, gendarmes, professionnels de la justice) mais unis par une connivence certaine, comme le note Meursault : « J’ai remarqué à ce moment que tout le monde se rencontrait, s’interpellait et conversait, comme dans un club où l’on est heureux de se retrouver entre gens du même monde. Je me suis expliqué aussi la bizarre impression que j’avais d’être de trop, un peu comme un intrus. » (p.124). Ou encore, « Mon avocat est allé vers les journalistes, a serré des mains. Ils ont plaisanté, ri et ils avaient l’air tout à fait à leur aise. » (p.125)

De même, après la plaidoirie de l’avocat de Meursault, ce dernier note une évidente connivence entre professionnels qui s’exerce

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