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Être juste, est-ce être neutre ?

Fiche : Être juste, est-ce être neutre ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2024  •  Fiche  •  2 350 Mots (10 Pages)  •  26 Vues

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Être juste, est-ce être neutre ?

     Le 28 Octobre 2014, Jacqueline Sauvage est condamnée à 10 ans de prison pour avoir assassiné son mari qu’elle et sa famille accusaient de violence et d’inceste. Ce jugement suscita une grande agitation dans le débat public. L’opinion se divisa entre ceux qui approuvaient la décision du juge pour faire payer à cette mère de famille de son acte criminel, tandis que d’autres plaident pour elle une situation de légitime défense amplifiée par la longueur du calvaire qu’elle déclarait avoir vécu. On accuse alors la justice de ne pas avoir assez pris en compte la particularité de ce meurtre et de s’être contenter de le juger comme tous les autres. Ainsi la neutralité dont a fait preuve le juge n’a pas été considérée comme une marque de justice. Cette dernière peut être conceptualisée par le fait de rendre à chacun ce qui lui est dû et de faire respecter le droit de chacun quand être neutre correspond à la non prise de parti, à l'impartialité la plus totale. En étant mise sous forme d’institution, la justice doit aussi délibérer de la sentence que doit recevoir l’accusé afin de rembourser sa dette morale et physique mais également en tant que leçon de vie. Mais doit-on considérer que la neutralité est toujours légitime dans la justice ? N’y a-t-il pas des situations où l’impartialité forme au contraire une injustice ? On peut en effet penser que pour être objectif, il ne faut pas être partiale pour traiter toutes les parties également. Néanmoins, si on ne prend pas en compte la particularité de chacune des situations, la décision peut se montrer au contraire injuste.

     La neutralité est dans bien des cas considérée comme un bon instrument pour assurer justice et égalité. En jugeant avec impartialité, on se détache de tout préjugé pouvant être répandu dans notre environnement. Puisqu’on fait en sorte d’ignorer de ce que l’on pense savoir pour ne pas prendre position avant d’estimer n’importe quelle situation, on écarte autant les images positives que l’on peut avoir d’un individu que de celles qui peuvent lui porter préjudice. De là, on protège la personne jugée d’une potentielle injustice. Avec ce procédé, c’est le crime tel qu’il est défini dans la loi ou la morale qui est jugé et non la personne l’ayant commis. Par conséquent, s’il est réellement appliqué comme annoncé, peu importe la période historique, tout le monde se retrouve jugé de la même manière, à égalité. C’est donc une forme de lutte contre la discrimination quelle qu’elle soit et une réponse aux injustices qu’elles soient raciales, genrées ou sociales. On retrouve ce principe dans la justice commutative, l’une des deux formes que peut prendre cette dernière. Lors de la Révolution française de 1789, l’utilisation de la guillotine était censée représenter cette justice égalitaire en tuant de la même manière les différents opposants à la République, qu’ils soient  bourgeois ou paysans. De cette manière, leur classe sociale  ne pouvait ni les avantager ni les desservir. Aujourd’hui on retrouve son application dans les échanges commerciaux et dans la justice pénale.  Elle est symbolisée par Thémis, la déesse de la justice dans la mythologie grecque, qui a les yeux bandés l'empêchant de voir qui sont les jugés. 

     De plus, en réponse à une injustice subie, la victime souhaitera être dédommagée au moins à la hauteur des dégâts matériels qu’elle a reçus. En effet, la justice commutative que nous avons énoncé précédemment introduit une notion de proportionnalité entre la peine engendrée et le châtiment qui doit être reçu. Si l'individu décide de se faire justice par lui-même on considérera son acte comme de la vengeance. D’après Hegel, celle-ci “n’a pas la forme du droit, mais celle de l’arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon mobile subjectif”. Alors, l’égalité énoncée par la loi de Talion ( “œil pour œil, dent pour dent”) qui sert souvent de définition à la vengeance, n’est plus correcte. L’injustice ressentie par le déshonoré le pousse à rendre plus que ce qu’il a subi pour “rembourser” la valeur morale du délit à son encontre. Mais cette réaction ne fait qu’entrainer un cycle infini puisque le puni ressentira lui aussi l’injustice d’avoir payer plus que ce qu’il avait commis. Ainsi c’est leur subjectivité qui les poussent à une vengeance perpétuelle. On peut donc déduire la nécessaire présence d’une figure neutre pouvant délibérer du châtiment correspondant au délit. Le symbole du glaive traduit l’allégorie du juste partage. Le divorce ne peut être qu’une bonne représentation de l'impact de la subjectivité émotionnelle des individus dans la répartition des responsabilités à la déchéance d’un couple. Chaque parti qualifie l’autre de responsable et souhaite récupérer ce qu’il considère être son dû. Mais dans le cadre relationnel, le tort est partagé et seule une personne non impliquée peut déterminer la division des biens correspondante à la situation. Ce rôle est pris en France par le notaire ou bien par un juge.

     Enfin, la définition même que l’on peut rapporter à la justice découle directement d’un état d’impartialité. Le juste n’est qu’un concept qui est donc nécessaire de définir bien qu’on puisse y rattacher plusieurs significations. Pour Rousseau, elle doit impérativement se détacher de toute forme de tyrannie: souverainiste ou majoritaire. Ainsi, en accord avec le paradoxe de la loi de talion, il faut que ceux qui l'établissent ne soient pas rattachés au sujet jugé pour ne pas être corrompu par leur subjectivité ni que le jugement soit effectué par un groupe d'individus restreint. Avec cette neutralité et pluralité des opinions, on sait que la décision choisie n’aura pas été délibérée afin de desservir ou servir quinconce mais seulement parce qu’elle correspond à la vision du bien ou du juste de la majorité sur une thématique générale. C’est ainsi que les référendums qui sont organisés ne portent que sur des sujets invoquant la seule rationalité des votants tel que celui du 24 Septembre 2000 visant à accepter la réduction des durées des mandats présidentielles de 7 à 5 ans. John Rawls estime pareillement que pour se rapprocher d’une véritable justice, il faut être en totale situation de neutralité. Il conceptualise donc le ”voile d’ignorance” qui consiste à placer l’ensemble des individus d’une future société dans une situation où chacun ignore “sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que le sort qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons naturels, par exemple l'intelligence, la force, etc.”. Ainsi, ils établiront des lois et une justice ne lésant personne puisqu’ils pourraient potentiellement se retrouver dans la situation du plus démunie.

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