La beauté véritable

Dans la société d’aujourd’hui, l’image corporelle occupe une place importante. Que ce soit à la télévision, dans les revues ou sur les panneaux publicitaires, la beauté physique est constamment mise en avant. Pourtant, la beauté demeure une notion subjective : elle varie selon les goûts, les opinions et même les cultures. Lorsque nous sommes amoureux fous d’une personne, nous n’avons d’yeux que pour elle et, comme le dit l’adage, « les amoureux sont seuls au monde ». L’amour que nous portons à une personne peut-il survivre à la disparition de sa beauté extérieure ? Ce que nous appelons « beauté » est-il plus profond que les simples apparences ? Si votre amoureux devenait paralysé et défiguré à la suite d’un grave accident, votre perception de sa beauté changerait-elle ? La beauté véritable se situe-t-elle au-delà des apparences physiques, comme le soutient Platon dans Le Banquet ? Pour tenter de répondre à cette question, nous verrons d’abord que, selon Platon, la beauté véritable dépasse l’apparence physique et réside dans quelque chose de plus profond. Ensuite, nous montrerons comment la raison permet de dépasser les apparences pour reconnaître la beauté essentielle de l’âme, même lorsque le corps est transformé.

Tout d’abord, selon le Petit Larousse, la beauté se définit comme ce qui est conforme à un idéal esthétique, personne (ou chose) belle, qualité de quelqu’un ou de quelque chose ou caractère admirable. Ses antonymes sont éloquents : laideur, disgrâce, difformité, monstruosité. Cette vision de ‘’beau ou laid’’ peut s’apparenter à un sophisme du faux dilemme, qui réduit la beauté à une seule dimension : l’apparence. Or, dans une vision philosophique, la beauté véritable ne se limite pas au physique. Platon, dans Le Banquet, développe une conception ascendante de la beauté. Il explique que l’amour commence par l’attirance pour un beau corps, mais doit évoluer vers l’amour de la beauté de l’âme, par ses actions, sa manière d’être, ses connaissances, puis enfin vers la beauté en elle-même. Aimer au-delà des apparences, c’est donc reconnaître en l’autre une beauté supérieure, spirituelle. Ainsi, lorsque l’être aimé perd sa beauté extérieure à la suite d’un accident, il conserve une beauté supérieure si son esprit, ses qualités morales et sa sagesse subsistent. Aimer au-delà des apparences physiques, c’est reconnaître en l’autre une forme de beauté qui nourrit l’âme et élève l’esprit, rejoignant la vision platonicienne d’un amour philosophique fondé sur l’essence et non sur le paraître.

Cependant, il serait naïf de croire que la beauté véritable repose uniquement sur nos cinq sens. Bien que l’apparence physique attire en premier lieu, Platon démontre dans Le Banquet que cette perception sensible ne suffit pas à saisir la beauté dans sa forme la plus élevée. L’être humain possède la raison, cette faculté intellectuelle qui permet de dépasser les sensations immédiates pour accéder à la vérité et à une compréhension plus profonde de l’existence. (Cahier d’apprentissage, p. 187), la raison est le moyen par lequel l’âme s’élève au-delà du corps, révélant une beauté fondée sur la bonté, l’intelligence émotionnelle ou la résilience. Lorsque l’apparence est changée suite à un grave accident, c’est grâce à la raison que le lien amoureux peut perdurer, en reconnaissant dans l’autre ce qui demeure inchangé. L’amour véritable, en ce sens, ne repose pas sur l’enveloppe charnelle, mais sur une connexion intellectuelle et spirituelle. Cette beauté invisible, mais essentielle, dépasse les limites du visible pour rejoindre le monde intelligible décrit par Platon, où seule l’âme philosophe peut contempler le Beau en soi.

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