La rationalité des individus
Dissertation : La rationalité des individus. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar TOMedbeeife • 26 Avril 2025 • Dissertation • 5 432 Mots (22 Pages) • 8 Vues
Dissertation n°3
La rationalité des individus
---------- Analyse du sujet ----------
Sujets qui se rapprochent
- Les individus sont-ils des « homoéconomicus » ?
- Portée et limites de l’hypothèse de rationalité en économie.
- Le consommateur est-il rationnel ? Le producteur est-il rationnel ?
- Peut-on se passer de l’axiome de rationalité ?
- Accroche
Richard Thaler (prix Nobel en 2017) met en évidence dans son ouvrage Misbehaving (2019) certains biais cognitifs qui contredisent le modèle d’individus strictement rationnels où des aspects psychologiques et comportementaux jouent un rôle important dans la formation des choix économiques. Les individus seraient-ils alors influencés par des « esprits animaux » pour reprendre le concept de John Maynard Keynes (1936) ?
- Définitions
- Individus : les individus (ou agents économiques) en microéconomie se résument principalement au comportement du consommateur et du producteur.
- Consommateur : agent économique à l’origine de l’action de consommation c’est-à-dire l’utilisation de certaines ressources pour obtenir des biens et services dans l’objectif de satisfaire ses besoins.
- Producteur : agent économique qui transforme des facteurs de production (tels que le travail, le capital ou les ressources naturelles) en biens et en services.
Au singulier car il s’agit d’agents représentatifs de tous les autres qui raisonnent de manière identique puisque leur décision repose sur une hypothèse fondamentale : la rationalité.
- Rationalité : du point de vue des économistes néoclassiques, la rationalité se comprend de façon instrumentale comme l’utilisation de moyens au service de fins prédéterminés (= rationalité substantive selon H. Simon)
Les sciences économiques reposent alors principalement sur cette hypothèse si l’on reprend la définition même de l’économie proposée par Lionel Robbins : « science qui étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens rares ». Il s’agit d’une rationalité en finalité au sens de Max Weber, [Économie et société, 1922] où les individus font le lien entre leurs actions et leurs conséquences et hiérarchisent de manière cohérente les conséquences de leurs choix. La rationalisation des activités économiques et sociale s’explique selon lui par la disparition de la « démagification du monde » et laisse place à des moyens plus rationnels.
- Contextualisation
Depuis les travaux d’Adam Smith, les économistes considèrent que le comportement des agents économiques sont rationnels et s’appuient donc sur un agent représentatif : l’homoéconomicus, pour déduire le comportement global de la société. En effet, Adam Smith dans son ouvrage Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) montrait déjà l’importance de l’hypothèse selon laquelle l’Homme était de nature égoïste, ne recherchant qu’à servir ses propres intérêts, conduisant ainsi (selon une « main invisible ») à l’allocation optimale des ressources et donc à servir l’intérêt général dans sa globalité.
Ce n’est qu’à partir du XIXème siècle, sous l’impulsion de plusieurs auteurs tels que Stanley Jevons, Léon Walras ou encore Carl Menger, que l’hypothèse d’une rationalité parfaite des agents économique sera fondée. En effet c’est la révolution marginaliste qui formalise mathématiquement cette théorie économique.
Cependant, John Maynard Keynes souligne dans son ouvrage Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie que les individus peuvent être influencés par des « esprits animaux » dans un contexte d’« incertitude radicale » et ne sont pas toujours dotés d’une rationalité parfaite expliquant certains déséquilibres économiques. Ainsi, depuis les années 1970’s, une nouvelle branche dans la littérature économique est née, celle de l’économie comportementale et expérimentale, afin de montrer que les individus peuvent commettre des erreurs systématiques et être victimes de certains biais, influençant la façon dont ils prennent leurs décisions, parfois seulement satisfaisante voire sous-optimale.
- Problématique
Ainsi, l’hypothèse de l’ « homoéconomicus » est-elle encore valide aujourd’hui ? Si ce n’est pas le cas, l’individu doit-il pour autant être qualifié d’irrationnel ? Il semblerait que non. La question n’est donc pas de savoir si l’individu est rationnel ou irrationnel puisqu’il est admis qu’il est – du moins dans une certaine mesure – rationnel, mais bien ce que représente cette « mesure ».
Autrement dit, nous nous demanderons dans quelle mesure l’hypothèse de rationalité des individus peut-elle être maintenue et comment a-t-elle été conduite à évoluer au grès de l’évolution de la recherche en économie ? Quels en sont les implications économiques ?
- Annonce du plan
La rationalité « substantive » pensée et représentée par l’analyse classique et néoclassique apporte un cadre d’analyse rigoureux des comportements individuels (I). Néanmoins cette théorie a été critiquée en raison de ses hypothèses restrictives, conduisant non pas à considérer l’individu comme irrationnel mais à penser sa rationalité comme étant limitée (II). Finalement, les biais cognitifs n’impliquent pas d’abandonner l’hypothèse de rationalité mais de définir un cadre d’analyse alternatif à celui de l’homoéconomicus pour mieux appréhender les comportements individuels et guider les pouvoirs publics (III).
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