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Cours Sur L'art

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Par   •  23 Mai 2014  •  4 136 Mots (17 Pages)  •  1 117 Vues

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COURS SUR L’ART RESUME :

Les enjeux de la notion – une première définition

Lorsque nous nous posons la question de savoir ce qu’est l’art, la définition que l’on propose est souvent « négative » dans le sens où cette définition est produite par démarcation avec la nature d’une part, avec la technique d’autre part. Il est ainsi possible d’affirmer que tandis que la nature suit des lois purement mécaniques, se plie à un déterminisme physique, l’art quant à lui suppose l’intervention d’un agir qui est libre qui réalise dans l’œuvre une fin qui préexiste à cette œuvre. On peut reprendre ici la distinction que Marx faisait entre l’architecte et l’abeille, le premier agissant selon un plan ou une idée tandis que la seconde, quelle que soit la complexité de son activité, agit mécaniquement. Mais, sans même évoquer le fait que certaines productions de la nature nous semblent animées d’une finalité (ex : les organismes animaux et végétaux, les cristaux), l’exemple précédent dévoile la proximité de l’art et de la technique comme en témoigne la traduction en latin du mot grec technê (la technique) par ars. Cependant, ce que vise la technique c’est l’utilité de son produit dans les activités humaines. Or, de ce point de vue, c’est une condition de l’œuvre d’art qu’elle soit « inutile » ou plus exactement désintéressée. On ne peut même pas dire que le plaisir esthétique (le « c’est beau ») soit un sentiment agréable (« utilité » pour le corps, les sens). Enfin, ce « plaisir » se distingue du sentiment d’un accomplissement du « bon », au sens d’un devoir moral. On comprend que l’ensemble de ces oppositions « négatives » de l’art à la nature, à la technique et même, du moins parfois, à la morale, dévoile ce qu’il y a de spécifique, de proprement « positif » dans l’activité artistique. Cependant, la question « à quoi reconnaît-on une œuvre d’art » reste ouverte. Est-ce le jugement esthétique du spectateur ou du critique qui doit fournir le critère de l’œuvre d’art ? Ne serait-ce pas au contraire la nature, le caractère de l’artiste, son génie qui en serait la mesure, l’art devant être jugé du point de vue de la création et non de la réception ? Ou n’est-ce pas l’œuvre elle-même qui se dévoile en tant que telle, se détachant du monde des choses et des outils ? Enfin, qu’en est-il de la relation de l’art aux idées, et par conséquent à la philosophie ?

La condamnation de l’art

« L’imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c’est, semble-t-il, parce qu’elle ne touche qu’à une petite partie de chacun, laquelle n’est d’ailleurs qu’une ombre. Le peintre, dirons-nous par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan sans avoir aucune connaissance de leur métier ; et cependant, s’il est bon peintre, ayant représenté un charpentier et le montrant de loin, il trompera les enfants et les hommes privés de raison, parce qu’il aura donné à sa peinture l’apparence d’un charpentier véritable. » Platon, La République

La dernière question qui s’offrait à nous dans notre introduction fut la première que souleva la philosophie de l’art, avec Platon. Il est cependant difficile de parler d’une « philosophie de l’art » en tant que c’est à une condamnation extrêmement sévère que se livre le philosophe athénien qui, dans La République, la citée idéale, bannit le poète de la cité. Avant de chercher à comprendre le sens de cette exclusion, de ce « refoulement », il faut rappeler que le mot art tel que nous l’utilisons aujourd’hui (au sens des « beaux-arts ») n’existe pas chez Platon : peinture, poésie et musique ne forment qu’une partie de la technê.

Platon va définir l’art comme mimêsis, imitation. Prenons un exemple : lorsque je vois une chose singulière, par exemple un cheval, et que je dis « c’est un cheval », ce que je reconnais c’est l’être, l’essence, la forme ou encore l’Idée de cette chose. L’idée, c’est ce qui dans la chose est permanent, non soumis au devenir, au changement à la corruption, etc. Un cheval est un produit de la nature mais qu’en est-il du produit de l’artisan ? Celui-ci, lorsqu’il fabrique un lit par exemple, se tourne vers l’Idée (inaltérable, intemporel) du lit comme vers un modèle à imiter et ainsi il produit des choses utiles aux hommes. Dans le texte de Platon, Socrate nous demande ensuite de nous imaginer ce que serait un homme capable de produire toutes les choses du monde et même les dieux. Ironiquement, il affirme que cet homme existe et que toute son œuvre consiste à promener un miroir. Le reflet des choses dans le miroir (le tableau du peintre) est bien en un certain sens une production de celle-ci (poïesis) mais ce ne saurait être une fabrication comme celle de l’artisan. C’est une production des choses « dans leur apparence » et non dans leur vérité. Certes, il est vrai que l’artisan lui-même ne produisait pas l’idée du lit, mais ne faisait que la copier (et nécessairement la « déformer »). Mais affirme Platon, le peintre est à une plus grande distance de la vérité ou de l’Idée que ne l’est l’artisan car celui-ci (pour que son lit remplisse bien la fonction de lit) devait copier l’Idée dans son entièreté, son unité, tandis que le peintre se contente de ne représenter que certains des aspects. Le peintre n’imite pas la réalité (l’Idée) mais l’apparence (les choses sensibles). Il imite ce qui n’est déjà qu’une « incarnation » imparfaite de l’Idée. Il en va de même pour le poète.

Selon Platon, le peintre et le poète sont, à l’instar des sophistes, des illusionistes. Ils ne livrent aux spectateurs que des apparences, des simulacres mais ceux-ci exercent une profonde fascination, ils s’emparent des corps, de la sensibilité et par là même détourne de la Beauté qui est purement intelligible. La musique est jugée plus favorablement par Platon dans la mesure où elle est un instrument de l’éducation morale des jeunes Grecs. Cependant, cela ne compense aucunement ce que l’on doit bien appeler une condamnation générale de l’art chez Platon (et Socrate). Pour connaître le Beau, il est ainsi nécessaire de quitter le domaine de l’art, de la mimêsis pour peut-être retrouver la figure d’Éros qui est amour de la Beauté.

Du jugement esthétique à la science de l’art

En droit on ne devrait appeler art que la production par liberté, c’est-à-dire par un libre-arbitre,

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