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QUELLES SONT LES CONTRAINTES SOCIALES QUI PESENT SUR LE DISCOURS SELON MICHEL FOUCAULT ?

Dissertation : QUELLES SONT LES CONTRAINTES SOCIALES QUI PESENT SUR LE DISCOURS SELON MICHEL FOUCAULT ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 925 Mots (12 Pages)  •  224 Vues

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Le philosophe Michel Foucault publie en 1971 son ouvrage « L’Ordre du Discours » après l’avoir prononcé le 2 décembre au Collège de France. Il présente alors une hypothèse selon laquelle notre discours serait constamment contrôlé par la société dans laquelle nous vivons et ce, dans le but précis d’éliminer ou du moins de contenir, les dangers et les pouvoirs de ce dernier. Il dira d’ailleurs, « Je suppose que dans toute société la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour rôle d'en conjurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser l'événement aléatoire, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité ». Successeur de Nietzsche et de Kant, il fait une critique sur les normes sociales et les pouvoirs qu’exercent des institutions au quotidien à nos côtés telles que nos rapports familiaux, le domaine judiciaire ou scientifique... Cependant, bien qu’elles paraissent neutres, elles ne le sont pas et exercent en fait un véritable rapport de domination, conditionné par la société.

Nous pouvons alors nous poser la question suivante: De quelle manière le discours est-il conditionné par le système social ?

Dès le début de son ouvrage, M.Foucault nous dit bien que « le discours est dans l’ordre des lois »(p9) et rajoute ensuite « s’il lui arrive d’avoir quelque pouvoir, c’est bien de nous, et de nous seulement qu’il le tient ». Nous comprenons donc de suite que le discours n’a de pouvoir que selon le contexte dans lequel il est formulé: un même discours aura une influence différente à l’ère de la Renaissance ou à l’Age Moderne. Le discours est donc, soumis aux lois de son époque, à son contexte ‘’géo-politico-spatial’’. Nous émettons de fait des messages qui sont toujours l’expression d’un comportement lui même inscrit dans une dynamique sociale. Foucault évoque les procédures externes de limitation du discours qui amènent à l’exclusion. Ces dernières concernent la part du discours qui met en jeu le pouvoir et le désir.

Il témoigne notamment de « l’interdit »: « « On sait bien qu'on n'a pas le droit de tout dire, qu'on ne peut pas parler de tout dans n'importe quelle circonstance, que n'importe qui ne peut pas parler de n'importe quoi »(p11). Selon qui parle et de quel sujet, la portée du discours ne sera pas la même. Il est, de fait, certains sujets dont il est risqué de parler et Foucault évoque notamment la sexualité et la politique qui sont des « tabous ». De même que, l’émetteur du discours a aussi son rôle à jouer puisqu’il peut disposer d’un « droit privilégié ou exclusif »(p11). Tout le monde ne peut pas parler de tout. Tout cela, forme une grille complexe visant à limiter le pouvoir du discours et ainsi à exclure certains sujets de conversations ou à les raréfier. Dès lors que nous émettons un discours, nous avons une volonté de pouvoir à travers ce dernier: susciter de la pitié, manipuler, affirmer un avis... Nous avons un désir d’affirmation sur l’autre: « le discours [•••] est ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer »(p12). Nous souhaitons prendre le pouvoir et l’ascendant sur l’autre au travers d’un discours stratégique, et lui même soumis aux moeurs du cadre social et contexte géo-politique. Ainsi donc le discours est vu tel un fait social dans lequel se développe des processus de co-construction: on parle avec quelqu'un et d’un sujet spécifique par un réseau d’anticipation et de contre- anticipation pour faire émerger un sens qui ne dépend pas seulement de « soi » mais aussi de la situation. Nous nous adaptons constamment en fonction de ces « interdits ».

Au delà de cette limite permis/interdit, Foucault évoque aussi la limite raison/folie et prend l’exemple du Moyen-Age durant lequel le discours du fou « ne [pouvait] pas circuler comme celui des autres [•••] n’ayant ni vérité ni importance » ou pouvait disposer « d’étranges pouvoir, [•••] une vérité cachée, [celle] de prononcer l’avenir ». Cela rajoute encore de la crédibilité à ce que nous avons dit précédemment: l’émetteur et sa position sociale ont une essentielle dans la portée du discours qu’il tient. Mais, encore plus que cela, nous voyons bien qu’un même discours peut être perçu de façons bien différentes: ignorance/prémonition. Derrière les paroles du fou, la vérité est en fait cachée par son discours qui prend la forme du bruit: « vérité au masque »(p14). C’est car le fou ne s’exprime pas dans les moeurs de l’époque qu’il est ou ignoré ou vénéré. La société a, au temps des grecs ajouté au discours la notion du vrai et du faux qui s’est développée au 16es et 17es avec la volonté de savoir: « le discours vrai pour lequel on avait respect était le discours prononcé par qui de droit et selon le rituel requis; c’était le discours qui disait la justice »(p17) « le sophiste est chassé »(p18). Le discours vrai n’est plus le discours ‘précieux et désirable’ d’autrefois. Or, quoi de plus subjectif que la justice et que le ‘vrai’ ? Ces derniers s’appuient forcément sur une institution renforcée ensuite par une éducation spécifique et des sociétés savantes: « Cette volonté de vérité s’appuie sur un support institutionnel [•••] reconduit par tout une épaisseur de pratiques comme la pédagogie, comme le système des livres [•••] par la manière dont le savoir est mis en oeuvre dans une société »(p19). Cette ‘’volonté de savoir vrai’’ met donc une pression sur le discours qui doit « chercher appui depuis des siècles sur le naturel, le vraisemblable, sur la sincérité »(p20). De fait, entre le 16es et le 17es, va naitre une volonté de tout classifier, de tout dessiner, mesurer, observer. Le discours vrai doit être prononcé par qui de droit selon un rituel requis (propre aux normes en vigueur de la société) et dire la justice ou l’avenir. Ainsi, « la vérité s’est déplacée de l’acte ritualisé [•••] vers l’énoncé lui même: son sens, sa forme [•••] »(p17).

Foucault conclut en disant « la parole même de la loi ne pouvait plus être autorisée dans notre société que par un discours de vérité »(p21). Cette volonté de vérité devient donc contraignante pour les émetteurs. Foucault nous donne l’exemple de la littérature, de l’économie ou de la psychiatrie. Chaque époque/société produit un régime de vérité qui s’actualise. Le fait donc de catégoriser le vrai exclut dès lors la pertinence de certains discours qui sortent un peu des normes (comme le discours de la folie).

Cependant,

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