Selon vous, imiter est-ce inventer ?

Question Reflexion littéraire - Imiter, est-ce inventer?

Multiples sont les facettes de nos sociétés occidentales qui sont fondées sur des archétypes hérités du passé. Beaucoup d’enseignements ont été tirés de l’Antiquité notamment, comme la démocratie, dont les prémices proviennent des sociétés greco-latines. Dans tous les autres domaines, de la politique aux institutions en passant par les moeurs, tout se construit sur une base déja existante. L’imitation semble faire partie intégrante de nos sociétés, il est donc inéluctable qu’elle soit omniprésente dans l’art qui dépeind ces-dernières. Cependant, son utilisation est controversée car là ou elle est pour certains un outil de falsification, elle est pour d’autres une véritable prouesse technique nécessaire à la création artistique comme pour Denis Diderot. Ainsi, l’imitation dont on distingue deux formes, celle interne et celle externe, s’inscrit-elle dans le but d’inventer ?

L’imitation littéraire des modèles, celle dite interne, consiste à réaliser une oeuvre sous l’influence d’un style particulier, en s’inspirant d’une oeuvre, ou d’un auteur, selon des règles conventionnelles qui imposent un cadre. Diderot dans l’article de l’Encyclopédie intitulé « Imitation », reconnaît qu'il ai existé dans l'histoire de l'humanité certains prodiges qui ont été les premiers a ouvrir la voie et dont l'oeuvre n'est inspirée de personne si ce n'est d'eux-même. Mais il affirme que ces-derniers ont laissé la place à des hommes qui ont besoin, pour enfanter une production célèbre, du soutien et des connaissances de leurs semblables qu'ils soient présents ou passés. A titre d’exemple, pendant la Renaissance, Ronsard qui est baigné dans la culture antique s’est nourri des textes anciens de Pétrarque notamment pour élaborer ses propres textes et plus précisément, les Amours. Pour lui, l’imitation a un rôle déterminant : c’est un facteur de création pour l’élaboration de la littérature française de la Renaissance. De Ronsard à Rabelais en passant par La Fontaine, Zola ou Rousseau, les plus talentueux écrivains de notre littérature ont imités à des degrés différents, certains de leurs pareils car rare sont les personnes écrivent à partir de rien. Aucun auteur ne peut prendre son stylo et rédiger une oeuvre sans avoir en tête des dizaines de livres lus précedemment mais il a utilisé, parfois sans le dire, parfois sans en avoir conscience, l’œuvre des autres pour écrire la sienne. Certes la création semble bien moins évidente dans les œuvres plus anciennes de l’histoire de l’art que dans les productions plus modernes citées mais l’imitation demeure l’un des phénomènes les plus naturels de la création littéraire. Même si l’oeuvre est imprégniée d’un autre auteur ou contrainte par des règles communes à tous, celle-ci porte l’image de l’esprit de l’artiste qui est propre à lui, rendant son travail unique. Par exemple, certains clacissistes français se conformaient à la règle des trois unités qui vient de La Poétique d’Aristote. Bien que contraint par un protocole strict qui fait de ses pièces des reproductions normées, Molière, l’un d’entre eux, parvient à créer son propre style et dépassant le cadre il finit par se trouver lui-même. L'imitation est donc par elle-même une forme d’interprétation. Cependant, il est nécessaire de respecter certaines indications pour que l’acte de copie se fasse de façon diligente et noble ne devenant pas le calque d’une oeuvre alors obsolète. Diderot dans l’article « Imitation » cite quelques unes de ces indications. Tout d’abord, pour imiter dans les règles de l’art, il est nécessaire de conjuguer à la fois l’exploitation d’un don de la nature et à la fois le recours à une source abondante de connaissances lorsque le propre fond de l’auteur ne suffit plus. Les deux sont complémentaires et les Diderot va jusqu’à dire que le travail de

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