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Géricault, Le Radeau de la Méduse

Commentaire d'oeuvre : Géricault, Le Radeau de la Méduse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 187 Mots (9 Pages)  •  924 Vues

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Commentaire d'oeuvre

Théodore GÉRICAULT, (1791-1824), Le Radeau de la Méduse, 1819, Huile sur toile,

491 x 716 cm, Paris, Musée du Louvre.

Suite au traité de Vienne de 1815, l’ancienne colonie du Sénégal est restituée à la France par l’Angleterre. La frégate de la Méduse quitte Rochefort en juin 1816 avec à son bord le nouveau gouverneur de la colonie, les fonctionnaires, les troupes et des officiers inexpérimentés.

La Méduse qui n’avait pas navigué depuis vingt ans fait naufrage au large des côtes mauritaniennes, un radeau de vingt mètres sur sept est alors construit le 4 juillet 1816 pour alléger le navire, sont à bord de ce radeau les soldats ordinaires et les marins tandis que le gouverneur et sa famille montent dans la chaloupe. L’ensemble est attaché et dérive vers la haute mer jusqu’à ce que le capitaine décide d’abandonner le radeaux laissant ainsi près de cent cinquante personnes dans une terreur collective avec seulement quelques barils d’eau, de vin et des biscuits trempés. Cet évènement tragique inspira la plus fameuse des toiles du romantisme français, Théodore Géricault a toujours été attiré par la description de la souffrance, en effet les artistes de la génération de Géricault ont été bercés par la mort et par les récits d'horreur de l'épopée Napoléonienne.

Mais ici la scène du naufrage (ce qui était d’ailleurs le nom antérieurement donné à cette huile sur toile), représente bien plus qu'une scène historique, le ministre de la marine et des colonies a écrit le le 13 septembre 1816 dans une lettre adressée roi Louis XVIII que le tableau de cette scène « ne devrait jamais être mis sous les yeux des hommes ». Hors c'est cette scène qui fut, moins de deux ans après, mise sous les yeux des hommes.

Cette peinture d’histoire fait controverse au Salon de 1819, d’après Le journal de Paris « frappe et attire tous les regards » elle fait sensation de part sa taille, une toile gigantesque de cinq mètres sur sept mais aussi par son thème général qui est la mutinerie des soldats.

Les aspects humains et politiques sont ceux qui ont poussé l’artiste à faire le choix de représenter ce fait divers. On y trouve tout d’abord un soucis de réalisme, de réalité historique et de romantisme, mais aussi une grande présence de la mort et enfin une forme pyramidale avec une composition dissymétrique qui bascule entre espoir et désespoir.

En quoi le réalisme du Radeau de la Méduse permet-t-il de provoquer ces deux impressions? Comment Théodore Géricault a-t-il concilié l’art et le réel?

I-Un soucis de réalisme et de réalité historique avec une pointe de romantisme

Les critiques friands du classicisme sont dégoûtés par cet « amas de cadavres », ils trouvent le réalisme trop éloigné du beau idéal, pourtant il y a un retour à la peinture du XVIIe siècle de par le grand format, le sujet tragique et les corps de chair montrés. En effet Théodore Géricault réalise 49 projets et esquisses afin de perfectionner la composition de ce tableau. Il se documente massivement et interroge des rescapés avant de les dessiner. En effet il rencontre Monsieur Savigny et Monsieur Corréard et les place tout deux en groupe au pied du mât du radeau. C’est également son jeune ami et admirateur, Eugêne Delacroix qu’il invite à poser pour le cadavre au premier plan à gauche,

juste à côté du couple du vieil homme et de son fils. Le modele qui pose pour la figure du père est Théodore Lebrun, un ami du peintre choisi pour la couleur malade de sa peau, il était atteint d’une jaunisse. Nous connaissons quinze esquisses de la déploration du fils mort. En effet un soucis du réalisme pousse Géricault à réaliser à son atelier à Neuilly dans la solitude, avec une maquette, des figurines de cires, il étudie des cadavres morcelés provenants tout droit de l’Hôpital Beaujon.

Géricault est à la recherche de la vérité de la souffrance et il parfait son travail sur l’anatomie architecturée déjà acquis grâce à son ancien maître Pierre Guérin. Géricault porte ici une très grande importance aux matières et à la pâleur des corps très présents dans le bas du tableau, ils sont désassemblés et descendus de leur gloire, l’accumulation des corps de naufragés à postures d’agonie doublé par la présence de la faim et de la soif qui vide toute la scène de sa vie, c’est une synthèse des treize jours passés à bord du radeau. Le ciel est aussi très lourd, pour la mer et le ciel Géricault se rend au Havre. Un jeu subtil de lumière créé une atmophère orageuse. la lumières provient de la partie supérieure gauche de l’oeuvre ce qui donne un éclairage de type dramatique.

Les corps blêmes sont mis en valeur par un clair-obscur caravagesque et parmi eux, deux figures du désespoir et de la solitude, l’un pleurant son fils, l’autre pleurant sur lui même. On perçoit dans ces figures toute l’admiration de Géricault pour Gros (voir Les Pestiférés de Jaffa), et le même souffle romantique qui les anime. La scène reste académique de part ces nus classiques et ces reliefs rigoureux. Au dernier moment l’artiste ajoute un corps au premier plan à droite, non pas pour créer une image romantique mais pour équilibrer les masses et afin de créer un centre de gravité. Néanmoins Géricault pose des traits nets, des plans éjointés, une lumière qui sert seulement à éclairer et non pas à faire rêver, pour cela il utilise du bitume de Judée, ce qui donne un effet d’assombrissement et ce qui caractérise cette oeuvre de romantique même s’il fallut pour que les romantiques le soutiennent, un amour démesuré pour la mort.

II- La Présence de la mort

La mort est très présente, on la trouve autour des bustes, au creux des bouches notamment grâce aux ombres également dans les cheveux des naufragés. Mais toujours moins dans les naufragés que dans le ciel de plomb, noyés, ou roule une lueur de sang. Les couleurs sont tristes et enlevées sur du noir, il y a des pigments ocres et terre de Sienne ce qui créé une harmonie d’analogie entre couleurs chaudes.

À l’intérieur du radeau une multiplication des lignes brisées suggère un enchevêtrent de corps. Comme dit plus tôt, aucune transcendance n’anime les corps et nous le voyons d’autant plus dans les regards, les yeux des naufragés sont

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