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Commentaire d’œuvre sur la Veduta di Campo Vaccino Piranèse

Commentaire d'oeuvre : Commentaire d’œuvre sur la Veduta di Campo Vaccino Piranèse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Janvier 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 795 Mots (16 Pages)  •  518 Vues

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Commentaire d’œuvre sur la Veduta di Campo Vaccino Piranèse

        Né en 1720 près de Venise, J.-B Piranèse est ce que l’on peu désigné comme un romain d’adoption, mais il n’abandonnera pourtant jamais le titre d’« architetto veneziano ». Sa formation vénitienne fut d’une importance primordiale pour arriver à la progressive évolution et sa remarquable faculté visionnaire qui allaient transformer profondément la conscience européenne du passé.

        Piranèse arrive dans la Ville Eternelle pour la première fois en 1740. Seulement âgé de vingt ans, il bouillonne d’enthousiasme à l’idée de découvrir l’antiquité romaine inculqué par son père. Il découvre la ville moderne et ancienne, qui était encore par endroit à demi ensevelie dans le sol, morcelé, laissé à l’abandon parmi les broussailles, et, où se côtoie la vie quotidienne des habitants. La Veduta di campo Vaccino montre bien ce funeste destin des antiquités. Cet état chaotique des choses. Piranèse arrive à Rome pour travailler comme dessinateur dans la suite du nouvel ambassadeur de vénitien Francesco Venier auprès du pape Benoit XIV. Il est alors logé dans le palais de Venise en plein cœur de Rome. C’est sans doute J.-B Pannini qui incita Piranèse à tenter sa chance dans les Veduta car il y avait peu de place pour un jeune architecte vénitien comme lui, de plus les Veduta connaissaient un véritable succès auprès des visiteurs du Grand Tour à Rome dès la fin du XVIIème siècle. La même année de son arrivée, Piranèse entre dans l’atelier de gravure de Giuseppe  Vasi pour améliorer sa technique de l’eau forte. Cependant les progrès du virtuose sont si rapides qu’il se fait hâtivement jalousé par son maitre. Il aurait souhaité « moins de fougue et plus de patience », et lui disait, d’après Legrand : « Vous êtes trop peintre, mon ami, pour être jamais graveur ». Toujours la même année, il se perfectionne dans l’art de la perspective en copiant spécifiquement les projets de théâtres de Juvara et étudie l’ouvrage de G. Bibiena Architetture e Prospettive publié en 1740. En 1743, il publie sa Prima Parte di Architecture e Prospettive, montrant déjà son intérêt pour les reconstitutions de la Rome antique. Après un bref retour à Venise de Juillet 1745 à Aout 1747, Piranèse s’installe définitivement à Rome. Il s’établit dans l’atelier de Corso en face du palazzo Mancini et tente de s’imposer comme graveur original. Depuis 1748, Piranèse fait paraître en planche séparé sa suite considérable des Veduta di Roma, qui seront recueillit en quatre volume dans Antichita Romana en 1756. La datation de notre œuvre est particulièrement délicate mais on pourrait la dater d’environ 1750 d’après Alain Mérot. La série des Veduta di Roma fut constamment complétée par l’artiste jusqu'à sa mort en 1778. L’œuvre que nous allons étudier présente une Veduta (« vue » en français). Elle présente ce que l’on appelait autrefois, pour son aspect pittoresque, le Campo Vaccino, c’est à dire le « camp des vaches ». Piranèse tente de montrer la magnificence romaine perdue dans les mémoires, se désagrègent petit à petit.

        Nous nous demanderons comment Piranèse renouvelle t’il la gravure ainsi que la représentation du paysage urbain italien du XVIIIème siècle dans cette Vue du Campo Vaccino ?

        Tout d’abord nous verrons qu’il s’agit d’une œuvre au langage formel extrêmement innovant, puis nous verrons comment Piranèse renouvelle t’il la Veduta et pourquoi ? Enfin nous verrons d’autres œuvres de l’artiste pour savoir si elles suivent une continuité ou une rupture dans sa carrière ainsi que celles de vedutistes traditionnel contemporains pour montre en quoi l’artiste apparaît si singulier dans la pratique des Veduta.

I- Une œuvre au langage formel innovant

        a) Une projection dans l’espace

Un accord financier avec le libraire Bouchard permit à Piranèse dès 1745-1746, de commencer l’élaboration de paysages urbains de grands formats. La Veduta di Campo Vaccino est de grand format avec ses 45,5 cm de haut et ses 54,5 cm de large. Cette échelle monumentale permet à Piranèse  d’inclure les nombreux monuments du forum Romanum. La vue en contre plongée donne une présence forte de l’image en montrant toute la magnificence et la grandiosité des divers monuments antiques et modernes sur la quasi totalité de l’image et, ouvert sur un ciel dans le quart supérieur de l’image. Le point de vue ‘’à vol d’oiseau’’ n’est pas une nouveauté dans cette œuvre car les « vedutistes » l’utilisaient déjà habilement au XVIIIème siècle. Le format monumental permet à Piranèse d’accentuer la dilatation de l’espace sans réelle ligne de fuite, et sert son discours. En effet, cela donne un caractère dramatique à la scène en projetant le spectateur dans une image dilaté des monuments antiques en ruines. Le point de vue et l’espace dilaté donne un sentiment de vertige. La vision de Piranèse impose de nouvelles proportions tel que l’échelle des personnages réduits à de petites figurines et rend frappant la monumentalité des élévations. Piranèse innove également dans le domaine de la perspective architectural avec une liberté de mise en scène en représentant les bâtiments dans diverses positions, de coté, de biais, de face, etc.  Il fait aussi sortir les monuments de droite et de gauche du cadre, se qui accentue la projection dans l’image. Cette manière de mettre en scène le décor architectural et d’installer les bâtiments dans l’espace perspectif est issue directement des décors de théâtres inventés par les frères Bibiena.  Piranèse emploi un langage figuratif nouveau par le dynamisme spatiale de la tradition scénographique et par un rendu atmosphérique.

        b) Le travail du négatif chez Piranèse.

Piranèse intègre le colorito avec de forts contrastes de noir et de gris dans cette gravure. L’artiste met en évidence les édifices antiques du premier plan en travaillant profondément sa planche de cuivre. Il donne un très beau noir profond en contraste avec les différentes gammes de gris à l’arrière plan qui semble plongé dans une sorte de brume légère. Piranèse fait intervenir la perspective aérienne avec différentes intensités de noirs et de gris. La formation vénitienne de Piranèse l’a évidemment influencé dans l’utilisation expressive des jeux de contraste donné par les profondes morsures de l’acide. Piranèse joue aussi avec les effets de lumière. En effet, l’éclairage hors champ qui vient de gauche à droite crée un effet de clair obscur, surtout dans la première moitié inférieur de l’estampe. L’ombre vient effleurer les ruines antiques, les blocs tombés aux sols, et fait ressortir les fissures, en quelques sorte les ‘’rides’’, afin de signifier le passage du Temps et souligner l’aspect dramatique de la scène. Les peintres vénitiens ont toujours insisté sur la prééminence du coloris sur le dessin, et accordaient plus d’importance au rendu des effets de lumière et de la couleur qu’à la précision des lignes architecturales. Pour y parvenir, Piranèse revenait plusieurs fois sur sa planche (jusqu'à douze fois) pour donner ses effets de lumière et de matières. Il multipliait les tailles pour obtenir les noirs profonds. Grâce à sa force imaginative, plus qu’au dessin préparatoire, Piranèse se mettait à graver la surface recouverte de vernis dur et plaçait les lumières avec du vernis mis au pinceau. C’est un véritable travail de peintre qui lui venait sans doute des peintres de paysages tel que Marco Ricci ou encore Tiepolo. Piranèse fait une utilisation très personnelle des ombres et des lumières pour donner de la monumentalité et un aspect dramatique à la scène.

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