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Analyse de la vision du sermon, Paul Gauguin

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Par   •  13 Novembre 2017  •  Analyse sectorielle  •  1 322 Mots (6 Pages)  •  2 449 Vues

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ANALYSE SÉMIOTIQUE ET FORMELLE
La vision du (après le) sermon (Edimbourg, National Gallery),
Paul Gauguin, 1888.

INTRODUCTION

En 1888, le peintre franco-péruvien Eugène Henri Paul Gauguin
(1848-1903) passe l’été à Pont-Avent, en Bretagne. Il décrit bien, dans une lettre à son ami Schuffenecker, le but de sa visite chez les Bretons : «Vous êtes parisianiste. Et à moi la campagne. J'aime la Bretagne : j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture.» (Février 1888).[1]

Il crée cet été-là un désormais célèbre tableau nommé :
La vision du sermon. Cette œuvre est une huile sur toile de 73 cm x 91 cm exposée à la National Gallery of Scotland à Édimbourg. Le tableau présente une composition classique avec de grandes masses plutôt équilibrées; mais propose à la fois une atmosphère mystique qui sollicite l’imaginaire du spectateur.

À cette époque, Gauguin est fortement influencé par le peintre Émile Bernard et par le courant symboliste. C’est la création d’un nouveau style pictural: le « synthétisme[2] ». Comme le précise le Larousse, il s’agit : « d’une technique et esthétique picturales françaises de la fin des années 1880, fondées sur l'usage d'aplats de couleur vigoureusement cernés.[3]2 » 


ICONOGRAPHIE ET SÉMIOTIQUE

L’artiste s’intéresse donc davantage à la simplicité des formes. Il peint désormais en éliminant les détails superflus et en ne gardant que la forme de base (primitivisme). Il s’oppose alors au style «naturaliste» de l’époque inspiré par les impressionnistes et leurs fines touches colorées. Il semble maintenant peindre la réalité non pas comme il l’a perçue, mais comme il l’a ressentie à ce moment précis.

Le contenu de l’œuvre est séparé en deux masses principales. La partie gauche du tableau montre un groupe de villageoises bretonnes qui se recueillent à leur sortie de l’église. Elles viennent d’assister au sermon[4] du curé. Elles sont vêtues du traditionnel costume breton en noir et blanc (Bigouden), qui souligne leur beauté simple. Elles sont accompagnées par le prêtre à leur droite et d’un buffle à leur gauche, représentant possiblement l’aspect rural de la vie des paysans de l’époque.

Elles semblent absorbées dans leurs prières mais aussi par une vision qui se déploie devant elles : celle d’une lutte entre deux êtres (sur la portion supérieure droite du tableau). Il s’agit là d’une interprétation bien personnelle de Gauguin de La lutte de Jacob avec l’ange[5]. Cette célèbre scène de combat (sans doute inspirée par le tableau du même nom peint par Eugène Delacroix, Église Saint-Sulpice, Paris, 1861), illustre un épisode du livre de la Genèse où Jacob se retrouve seul à combattre un adversaire dont il ignore d’abord l’identité. Il s’avère que son opposant serait Dieu lui-même, représenté sous la forme d’un ange. Ils lutteront tous deux jusqu’au lever de l’aurore. L’ange lui dit alors : « Lâche-moi, car l'aurore est levée, mais Jacob répondit : Je ne te lâcherai pas avant que tu ne m'aies béni. Il lui demanda : Quel est ton nom ? - Jacob, répondit-il. Il reprit : On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as été fort contre Dieu et contre tous les hommes et tu l'as emporté. »[6]5

Cet épisode biblique symbolise en quelque sorte la lutte de l’homme pour voir et connaître le vrai visage de Dieu, à travers la prière. À la fin de son parcours, parfois sombre, l’homme demande à Dieu (et à lui-même) la bénédiction; annonçant pour lui une nouvelle réalité et une transformation dans le pardon.

Dans La vision du sermon, on dirait que le réel s’amalgame avec l’imaginaire. Gauguin semble présenter le sujet comme une « hallucination collective ». Comme si cette vision n’existait que dans l’imagination des gens pieux à la sortie du sermon. Les lutteurs et le groupe de gens en prière semblent par contre exister dans une même réalité physique; avec pour seule séparation un tronc d’arbre couché qui traverse la toile en diagonale. Cet arbre découpe les plans du tableau de façon franche et semble séparer la réalité terrestre du monde de l’imaginaire.



ANALYSE FORMELLE

Cette toile appelle au questionnement et sollicite l’imaginaire du spectateur car elle met en parallèle des thèmes traditionnels et folkloriques de l’époque. Il est possible d’y déceler des symboles forts comme : les Bigoudens (costumes traditionnels), le bétail, la position des lutteurs (Gouren : lutte bretonne) et la religion omniprésente (gens en prière).

En opposition à ces thèmes traditionnels, un certain exotisme domine une grande partie de la toile avec des couleurs chaudes : les grands aplats de rouge carmin sur l’herbe, les ailes ocres de l’ange et les quelques teintes orangées éclairant la peau des femmes. Ces touches révèlent un intérêt certain du peintre pour les arts décoratifs et l’estampe japonaise.

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