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Analyse de corpus Art

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Par   •  12 Décembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 337 Mots (10 Pages)  •  377 Vues

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Analyse de corpus Art

              Daniel Buren est un artiste qui a expérimenté de nombreuses pratiques artistiques, dont celle de l’In Situ, et il dirait à propos de son œuvre Les Deux Plateaux, située au Palais Royal : “En ce qui me concerne, il n’y a que le lieu qui m’inspire… Je veux que le lieu fasse partie de l’œuvre.”  Cette citation exprime bien le lien profond entre l’œuvre et le lieu que crée cette pratique artistique particulière.

À partir de la fin des années 60, des pratiques artistiques des œuvres In Situ poussent l’art à se propager vers d’autres lieux, plus accessibles et ouverts que l’espace muséal.  L’environnement collectif, qu’il soit urbain ou naturel, devient un élément à part entière de l’œuvre, conçue en fonction d’un lieu particulier avec lequel elle entre en relation.

Ainsi, l’installation d’œuvres In Situ s’est développée à la même période via les artistes qui souhaitaient exposer hors des institutions culturelles prévues à cet effet. L’In Situ se produit sous différentes formes et pratiques, mais aussi sous différents lieux. On parle de Land Art lorsque l’œuvre prend place dans un espace naturel, ou bien de Street Art lorsqu’elle s’étend dans nos villes, mais l’œuvre In si visible partout, y compris dans les espaces clos et muséaux. C’est une pratique très vaste, qui se définit autour d’une notion : l’œuvre est créé à partir d’un lieu, et évolue avec lui, ils se donnent du sens mutuellement.

Cependant, cette nouvelle pratique questionne et crée de nouvelles problématiques, c’est pourquoi nous pouvons nous demander en quoi l’In Situ sous toutes ses formes modifie et bouscule les rapports entre l’œuvre, le lieu et le spectateur. Tout d’abord, nous verrons la relation unique que crée l’In Situ entre l’œuvre et le lieu auquel elle est ancrée, puis nous verrons à travers le Land Art que l’œuvre dans un espace naturel et sans limites peut prendre des dimensions monumentales. Enfin, nous verrons que ces relations œuvre-lieu voire monumentalité impacte le spectateur, et lui offre un nouveau regard et de nouvelles perspectives autour de l’œuvre et du lieu.

             Tel qu’énoncé dans l’introduction, l’In situ définit un type de pratique artistique où la production est réalisée uniquement pour le lieu qu’elle occupe. Ainsi, les pyramides d'Egypte peuvent être considérées comme des œuvres In Situ, dans le sens où les dessins de hiéroglyphes sur les parois intérieures ont été créer pour rester dans ce lieu, et elles possèdent un sens religieux et protecteur grâce au contexte funéraire. Le lieu fait partie à part entière de l'œuvre, il perdrait de sa symbolique et de son « aura » s’il était isolé et représenté ailleurs.

Il semble donc qu’une œuvre In Situ prend son sens dans son lieu originel, et qu’il y a une relation unique et mutuelle entre le lieu et celle-ci.

L’œuvre Serpent de Mer de Young Ping, représente un grand squelette de métal placé au milieu d’une plage, entre marée haut et marée basse. Cette œuvre est faite pour communiquer avec l’eau, si on la déplaçait sur les hauteurs des bancs de sable, elle perdrait de son symbolisme mais ne correspondrait plus au projet artistique initial. En effet, l’artiste a pensé le squelette afin que l'environnement naturel interagisse et qu’avec le temps, l'œuvre se recouvre progressivement de la faune et flore marine, qui aura pour but de lui donner l’aspect d’un véritable squelette mythique fossilisé. On retrouve souvent une démarche écologique chez l'artiste, qui est également présente dans cette œuvre. Le fait que l’œuvre soit placée en pleine nature nous fait imaginer que ce squelette pourrait être réel et naturel. De plus, il y a un aspect esthétique lié à l’eau, grâce aux marées arrivant ou repartant, le serpent semble prendre vie et être en mouvement de par sa forme sinueuse. Le rapport à l’œuvre et à son environnement est donc crucial, puisqu’elle y prend tout son sens et est conçue pour évoluer avec lui. De même, il est intéressant de penser que grâce à cette œuvre, cette plage devient également un endroit unique et artistique.

Cependant, l’In Situ ne se limite pas à des œuvres dans l’espace naturel, comme le montre l’Hommage à Aragon de Jan Dibbets. Il s’agit d’une œuvre commémorative prenant place dans l'espace public urbain, sur le méridien de Paris. Elle est constituée de médaillons faits de bronze fondu (matériau principalement utilisé pour les statues) sur lesquelles on peut lire « N-S Aragon », incrustés dans le sol de Paris et orientés tout au long de l'axe du méridien. Chaque médaillon partant du socle de la statue retrace la ligne du méridien traversant Paris. Bien que l’œuvre soit totalement différente de celle de Young Ping, l’emplacement de l’œuvre lui donne tout sens. Déplacer un médaillon de quelques centimètres rendrait l’œuvre dépourvue de signification, car elle ne retracerait plus le méridien de Paris et ne rendrait plus hommage à Aragon qui en a fait la découverte. C’est donc une sculpture monumentale qui dialogue totalement avec l’environnement dans lequel elle se situe, elle possède une signification à la fois commémorative et historique en lien avec la ville de Paris, tout comme Sur la voie, de Tadashi Kawamata.

Ainsi, comme le résume si bien Daniel Buren, il semble que «travailler in situ, c’est […] dévoiler les spécificités insoupçonnées mais signifiantes des lieux, offrir une nouvelle vision du lieu et de l'œuvre qui s'y montre ainsi élargie ».

             L’In situ lorsqu’il se manifeste par la création d’œuvres en espace naturel propose bien souvent une grandeur démesurée et inhabituelle pour les spectateurs habitués aux œuvres muséales. Une œuvre exposée aux yeux du grand public en extérieur a besoin d’une certaine taille afin d’être remarquée et de provoquer quelque chose chez le spectateur. Ainsi, le Land Art propose des œuvres souvent constituées de matériaux naturels afin de créer des œuvres in situ en harmonie avec le paysage dans lequel elles s’inscrivent. L’artiste Robert Smithson fait partie de ces artistes aux œuvres naturelles et monumentales, comme Spiral Jetty en 1969, une œuvre qui forme une spirale de 457m de long et 4.5m de large. Cette construction est constituée de boue, cristaux de sel, basaltes, bois et eau, et s’étend dans le grand Lac Salé dans l’Utah. Comme l’œuvre de Young Ping, elle est parfois immergée, et apparait lors de grandes sécheresses. Cette œuvre a évolué, passant d’une couleur rouge à un rose blanchâtre. C’est une œuvre monumentale qui n’est visible dans son entièreté que depuis le ciel.

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