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Etude d'un film: Beaumarchais l'insolent

Commentaire d'oeuvre : Etude d'un film: Beaumarchais l'insolent. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Novembre 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 617 Mots (11 Pages)  •  1 945 Vues

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Devoir d’écriture : « Beaumarchais l’insolent »

D’Edouard Molinaro

En 1996, Edouard Molinaro réalise le film « Beaumarchais l’insolent » en s’inspirant d’une comédie en deux actes de Sacha Guitry, Beaumarchais, écrite en 1950 mais jamais représenté. Quels aspects de Beaumarchais et de son époque, Molinaro a-t-il retenu dans son film ? Ce portrait de l’écrivain et du XVIIIème siècle vous semble-t-il juste ? Pertinent ? Juste ? Intéressant ? Vous argumenterez votre réponse à partir d’élément précis du film mais aussi de votre connaissance de la vie de Beaumarchais, de son œuvre et de son théâtre.

Beaumarchais, l’insolent est un film d’Edouard Molinaro sorti en 1996, tiré d’une pièce de Sacha Guitry. C’est une sorte de comédie qui met en scène la vie d’un homme hors du commun : Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799). Dans ce film, Beaumarchais prend à son service le jeune Gudin de la Brenellerie, qui deviendra son conseiller, son biographe, son ami. Horloger, homme de lettres, magistrat, Beaumarchais est aussi grand amateur de femmes, ce qui lui vaut un duel avec un rival, le duc de Chaulnes. Embastillé, puis libéré, il prouve au cours d’un procès retentissant la corruption de ses accusateurs, le comte de La Blache et Goëzman, conseiller au Parlement. À cette occasion il rencontre celle qui deviendra sa troisième épouse, Marie-Thérèse de Willer. Acclamé, il est néanmoins déchu de ses droits. Louis XV, sur les instances du prince de Conti et de Sartine, lieutenant-général de la police, lui en promet le rétablissement à la condition qu’il accepte une mission secrète en Angleterre : récupérer des libelles défavorables à la Couronne ainsi que, auprès du chevalier d’Éon, des documents qui doivent désormais disparaître. Ainsi rencontre-t-il Arthur Lee, jeune leader du mouvement pour l’indépendance des États d’Amérique dont il est également un franc partisan. À son retour, Louis XV étant mort, il convainc Louis XVI d’intervenir en faveur de la cause des colons américains. Lui-même s’y investit, y compris financièrement, quitte à ne jamais être remboursé, par un commerce d’armes via la société Rodrigue Hortalés. Gudin lui en fait reproche et le rappelle à ses devoirs d’auteur. Depuis le triomphe du Le Barbier de Séville tous attendent son œuvre suivante. Le Mariage de Figaro lui vaut les foudres du roi mais triomphe auprès d’un public qui applaudit ainsi l’un des actes de naissance de la Révolution française.

Pour illustrer mes réponses, je décide donc de rédiger mon devoir sur le plan suivant :

  • I- Etude de la scène du procès entre le paysan et le duc de Chaulnes qui dénonce la hiérarchie sociale.
  • II- Etude de la scène du procès de Beaumarchais dans lequel il dénonce la corruption de la justice.
  •  III- Portrait de l’écrivain fait Edouard Molinaro et lien avec le monologue de Figaro.

Les deux scènes choisies prennent place au début du film (11ème et 21ème minutes), lorsque Beaumarchais n’est pas encore cet écrivain des succès de ses pièces de théâtre mettant en scène le fameux Figaro. A cette occasion, nous pouvons rappeler que ce film est une fiction d’ordre historique. Ces deux scènes ont en commun de montrer les démêlés de Beaumarchais avec la hiérarchie sociale et le pouvoir de la société d’ordres.

Dans cet extrait, il est question de hiérarchie sociale, celle fondée sur le rang et la naissance. Or, au XVIIIème siècle, en France, se télescopent, de plus en plus, deux légitimités fondant cette hiérarchie sociale, l’ancienne est issue de la naissance, du sang, alors que la nouvelle prend sa source dans l’argent et le talent. Néanmoins, celle de l’argent, si elle contribue de plus en plus à façonner la société française, n’est pas légitimée, reconnue par le pouvoir et rencontre la résistance de l’ancienne. Beaumarchais illustre bien ce paradoxe qu’explique une forme de frustration de la bourgeoisie, tiraillée entre cette volonté d’accéder à la légitimité d’Ancien régime, celle offerte par la noblesse tout en critiquant ses fondements. La scène dans laquelle Beaumarchais arrive au palais de justice pour présider une séance de doléance concernant les droits de chasse le montre bien puisqu’il évoque sa charge de lieutenance des chasses royales qu’il a acheté, dit-il non sans ironie, pour rechercher les honneurs. Nous pouvons citer Beaumarchais lui-même lorsqu’il dit dans le livre de Jean-Claude Brisville, page 31 : « Circonstance aggravante, cette charge je l’ai sollicitée ; je l’ai même payée ». Beaumarchais est bien ici un bourgeois de la fin du XVIIIème siècle, il ne cherche pas à substituer une légitimité ou une hiérarchie par une autre, mais au contraire, intégrer celle qui existe et s’y fondre dedans, par l’intermédiaire des titres et du mode de vie noble. Par ailleurs, les Parisiens attaquent le carrosse de Beaumarchais car il représente la noblesse, ce qui est ironique car Beaumarchais est issu du tiers. Par cette scène, le réalisateur souhaite montrer les tensions et rancœurs qui règnent entre le tiers. Dans ce même-extrait, on voit donc Beaumarchais arriver dans un palais de justice, à Paris, pour y exercer une modeste charge de lieutenant des chasses royales. Juge, il doit ainsi statuer sur des différents concernant les réserves de chasses, ici royales. Dans le cas présenté, un paysan nommé Mouillot a vu son mur détruit par la meute du Prince de Conti lors d’une partie de chasse. Nous pouvons encore citer de ce même livre : Beaumarchais : "Et qui l’a démoli ce mur. ? " Mouillot, le paysan, ne répond pas. Beaumarchais : "Parlez Monsieur ! n’ayez pas peur." Mouillot : « Le prince de Conti » page 32-33. En effet, Mouillot, un simple paysan est donc en procès avec l’un des personnages les plus importants de cette époque, un noble, membre de la famille royale. Il a donc toutes les raisons d’avoir peur, car la justice ne reconnaît pas à cette époque l’égalité des citoyens. On rappelle ici l’un des privilèges de la noblesse : le droit de chasse. Sur leur domaine, les seigneurs ne respectent ni les clôtures, ni les champs semés, ce qui occasionne de gros dégâts aux récoltes, seul revenu des paysans. C’est l’un des aspects de leur pouvoir parmi les moins supportés par la paysannerie. Parce qu’il appartient à la haute noblesse, le duc n’a aucune considération pour ceux du tiers-état qui doivent nécessairement céder la place. Mais, Beaumarchais, à la surprise de tous, statue en faveur du paysan et contre le prince de Conti, pourtant de la famille des Bourbons, au motif que « Attendu qu’un homme, fût-il de sang royal, ne saurait être au-dessus des lois qui régissent le commun des mortels » (livre de J.C.Brisville, page 34). Il remet en cause encore une fois le principe d’égalité des êtres humains. S’ensuit alors d’un duel avec le duc de Chaulnes pour défendre et laver son honneur de gentilhomme car Beaumarchais lui aurait « volé » une de ses maitresses. Lorsqu’il fait irruption dans la salle d’audience, le duc de Chaulnes interpelle Beaumarchais par son nom de naissance, Caron, témoignant ainsi son mépris pour le « parvenu » qu’est Beaumarchais, qui n’a fait qu’acheter sa noblesse. Le duel avec le duc de Chaulnes symbolise les tensions entre la noblesse et la bourgeoisie. Finalement, nous pouvons citer de ce même livre : Garde : « Monsieur de Beaumarchais, je vous arrête ! au nom du roi ! ». Pour ses écrits, une fois de plus, Beaumarchais est arrêté et conduit à la Bastille. Cela rappelle que la liberté d’expression n’existe pas sous l’Ancien régime et que l’organisation de la société est réputée « immuable » : aucun changement ne doit avoir lieu. Ceux qui critiquent doivent donc être muselés et éloignés du peuple qui pourrait bien se révolter.

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