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Molière Ecole Des Femmes

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Par   •  16 Septembre 2014  •  1 951 Mots (8 Pages)  •  1 171 Vues

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I. LES ROLES DE JEUNE FILLE JUSQU' À « L'ÉCOLE DES FEMMES »

A) Les jeunes filles du théâtre.

Nous appellerons ainsi Cécile et Hypolite de « L'Etourdi », Lucile et Ascagne du « Dépit Amoureux » parce que ce sont des rôles, au sens propre du mot, et non des personnes.

1 -II est impossible de tracer un véritable portrait psychologique et moral de Cécile et d’Hvpolite. Tout ce que nous savons d'elle, c'est. qu'elles ont un certain sens de la raillerie (cf. I‑4, V‑6, V‑8).

Mais quelle est leur vie, sont‑ elles heureuses ou non, amoureuses ou non ? Impossible de répondre.

Elles ne sont: que des prétextes, autour de quoi tout se déroule : ce sont les jeunes gens qui sont à marier, et non les jeunes filles. La plupart du temps elles sont absentes, et quand elles sont sur la scène, ou bien elles se taisent, ou bien, si elles parlent, c'est seulement pour déclencher l'action (Célie, encourageant Lélie à faire sa conquête) ou pour débarrasser la scène d'un personnage (II‑8) ou pour occuper la scène pendant que l'action se déroule dans les coulisses ( V‑8).

Ce ne sont donc pas des personnes humaines, mais seulement des nécessités de théâtre.

2 - Pour Lucile et Ascagne :le titre ‑ même de la pièce laisse entendre que des sentiments sont en cause. Mais une, analyse sérieuse montre ,que s'il y a un léger enrichissement (ou une pauvreté moins grande) par rapport, à Cécile et: à Hypolite , la vérité humaine de ces deux personnages est cependant très faible : nous demeurons sur le plan du théâtre, de la scène et de ses jeux.

Ascagne est irréelle, ne serait‑ ce , que parce qu’ elle est déguisée en jeune homme ; son aventure, par surcroît, est peu croyable. Elle vit cependant un peu, grâce à l'amour élégiaque et triste qu'elle éprouve et qui la rouge comme un feu intérieur.

Lucile , par contraste apporte dans la pièce un amour dynamique et sûr de lui : elle n'est pas une victime dolente, mais une jeune fille amoureuse, qui aime, se fâche, puis aime encore, avec simplicité et assurance.

Cette fois, donc, l'amour est véritablement le sujet de la pièce, et non plus seulement un prétexte. Mais il demeure un motif scénique. et les jeunes filles avec lui.. Molière offre à ses spectateurs un double ballet : celui de la scène de dépit, où c'est l'amour qui se refuse, puis s' accorde, plus encore que les .jeunes filles elles mêmes et le ballet contrasté de Lucile et d'Ascagne où !a personnalité, des deux jeunes filles intervient si peu qu'on pourrait les intervertir. Les jeunes filles à ce niveau. ne sont plus seulement des rôles, maïs elles ne sont encore que des ballerines. C'est l'action qui prédomine et non leur psychologie.

B Les jeunes filles du roman

Un enrichissement important caractérise ce deuxième groupe : cette fois, la vie même des jeunes filles se dessine mais dans une atmosphère spéciale. qui n'est pas l'atmosphère de la vie. Dans « Don Garcia » et dans « les Précieuses Ridicules » , nous sommes dans le monde irréel du roman, celui du « Grand Cyrus » ou même de « l'Astrée ».

Elvire (Don Garcia) est la jeune fille de roman héroïque dans sa perfection : goût pour l'analyse sentimentale, respect des bienséances dans l'aveu de son amour. conscience permanente de sa « gloire », foi dans la puissance de la raison sur les sens. Quant à Elise et à Ignès, elles interviennent trop peu pour avoir une personnalité marquée, mais ce qu'on peut imaginer de leur caractère les rapproche d'Elvire. Toutes trois ont adopté une psychologie et une façon de vivre strictement précisées et délimitées par le code des bienséances romanesques.

Avec Cathos et Magdelon (Précieuses Ridicules), on demeure, malgré les apparences, dans le même domaine. Certes ce sont des jeunes filles bourgeoises et provinciales, mais elles sont eu dehors de la vie courante, tout autant qu'Elvire et Elise, dont elles sont la caricature grotesque. Elles vivent dans un rêve de galanterie, dans un monde fictif, et leurs traits de caractère sont la conséquence de cela.

Avec ces rôles de jeune fille, cependant, la psychologie profonde, les nuances, ont envahi le théâtre de Molière : les jeunes filles sont enfin incarnées, elles ont pris chacune un visage. Vivantes et irréelles à la fois, elles entraînent le théâtre de Molière vers la comédie de moeurs et de caractère, mais sans qu'il pénètre encore dans la réalité authentique.

II. LES JEUNES FILLES DE LA VIE AGNÈS

1 - Célie (Sganarelle) relève encore du premier et du deuxième groupe, mais témoigne cependant d'une sensibilité vivante et réelle, qui s'exprime avec variété en fonction des événements : tristesse, sentiment très pur de la fidélité. douceur inquiète, indignation teintée de désespoir. Isabelle et Léonor (Ecole des maris) sont plus vivantes encore, et, l'on peut discerner en elles des qualités intellectuelles, des qualités de coeur, et des qualités morales.

2 - Avec Agnès enfin nous atteignons le point de perfection. C'est la plus célèbre des jeunes filles de Molière, la plus discutée aussi. Elle apporte à ce théâtre le miracle de la jeune fille et le miracle de l'amour. Le premier acte nous la présente comme un

point d'interrogation. : est‑ elle la jeune‑ fille « idiote » que nous annonce Arnolphe et qui se plaint des puces, ou la jeune fille au « je ne sais quoi de tendre » qui a charmé Horace ? Cette féminité virtuelle s'enrichira‑ t‑elle en se réalisant, ou non ?

L’acte II assure à Agnès une première conquête : celle de la sensibilité. Son récit des visites d’Horace révèle une ingénuité gracieuse, une sensibilité vive et spontanée : la jeune fille naît sous nos yeux.

Deuxième conquête : celle de l'intelligence (acte II ). Dans

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