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Docteur Folamour et la parole (Stanley Kubrick 1964)

Commentaire d'oeuvre : Docteur Folamour et la parole (Stanley Kubrick 1964). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 530 Mots (7 Pages)  •  1 023 Vues

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Docteur Folamour et la parole (Stanley Kubrick 1964)

Synopsis :

 Au début des années 60, en pleine guerre froide, le colonel américain Ripper, profondément anti-communiste et dépressif, déclenche le plan R (sans l’accord de l’Etat major américain), consistant à bombarder de bombes atomiques des points stratégiques Russes, à l’aide des bombardiers stratégiques : des B-52. Le président Muffley réunit alors un conseil de crise pour stopper le plan R. Durant cette réunion, le président va essayer de tout faire pour stopper les bombardiers même si le colonel Turgidson, lui aussi anticommuniste, veut essayer de convaincre le président que c’est l’occasion d’éradiquer les soviétiques. Le président ne cède pas et rentre en contact avec l’ambassadeur Russe. Cependant, l’ambassadeur Russe leur révèle que si une des bombes touche le sol, une arme russe capable d’éradiquer toute la Terre, « la machine infernale », s’activera. Le président décide alors d’attaquer la base militaire où se trouve le général Ripper car lui seul a une combinaison capable de rappeler les avions. Or il se suicide mais le colonel Mandrake qui se trouvait avec le général Ripper, arrive à trouver la combinaison et la transmet au président. Le monde semble sauvé. Hélas, non ! Un des B-52, touché par un missile soviétique (qui a endommagé les systèmes de communications), poursuit la mission. Il semble ne plus avoir aucun espoir pour empêcher le déclenchement de la machine infernale. Un homme, d’origine allemande, le docteur Folamour propose alors au président un moyen de sauver l’espèce humaine en enterrant une partie de la population sous terre, pendant au moins un siècle. Finalement, après de nombreuses difficultés techniques, le B-52 arrive à l’objectif et une bombe est largué. « La machine infernale » s’enclenche et le monde est alors ravagé par une série d’explosions atomiques…

Contexte historique :

 L’œuvre de Stanley Kubrick fait référence à la guerre froide et plus particulièrement, juste après le premier essai atomique soviétique en 1949. Un an après cet essai, le gouvernement d’Henry Truman publie un livre : Survival under atomic attack. Enonçant les nombreuses règles à suivre pour se protéger des attaques nucléaires, on comprend bien que la guerre prend un tournant : la bombe atomique russe devient une peur pour les citoyens américains et afin de protéger la population, le gouvernement américain doit donner toutes les recommandations nécessaires aux citoyens américains. On comprend alors que l’angoisse d’un potentiel largage de bombes atomiques sur le sol américain ne cesse de croître. Stanley Kubrick met en scène cette peur de la bombe, d’une part avec la métaphore de la machine infernale mais aussi par le caractère délirant du personnage de Lionel Mandrake qui refuse de croire à cette frappe atomique au début du film. Il décrit le climat de peur qui règne sur le sol américain.

I/ La parole masculine et du corps dans Dr Folamour (lien avec le thème de Culture Générale de HEC : La parole)

Dans ce film, la quasi totalité des personnages sont masculins à l’exception de la secrétaire du général Turgidson. D'ailleurs, on peut remarquer que le terme « turgid » fait autant référence en anglais au style d’expression ampoulé du personnage qu’à une forme à connotation sexuelle. Les hommes dans ce film ne font que chercher à montrer leur supériorité en voulant affirmer leur puissance et montrer sa puissance à l'autre. C'est un immature concours de virilité. Turgidson l'illustre bien, il accepte puérilement d’engendrer un holocauste juste pour « écraser les ruskoffs ». Son discours se résume à de bêtes préjugées sur les nationalités comme le montre son ton sarcastique lorsqu'il s’adresse à l'ambassadeur russe. Les discours politiques et militaires graves, sont constamment parasités par les enfantillages des personnages. Kubrick cherche à montrer l'absurdité de la pensée masculine qui réfléchit d'avantage par le sexe qu'avec la raison. L'exemple le plus frappant est le personnage Ripper qui, ne supportant pas d'avoir eu un moment d'impuissance sexuelle, accable les communistes. C'est le début de sa folie, de sa paranoïa, qui finalement nous offrira à tous « un orgasme, un orgasme nucléaire à la fin du film ». C'est également dans les dernières minutes du film que le Dr Folamour lui-même va avoir un regain d'énergie. Celui-ci est en proie à une gigantesque excitation. Il explique que l’on pourrait préserver une partie de l’humanité en l’enfermant dans des puits souterrains et qu’une sélection faite selon une logique eugéniste (et assurée par un ordinateur…) sera faite. Il ne peut alors plus contrôler ni ses paroles, ni ses gestes. Et durant l’explosion finale, Dr Folamour, réussissant enfin à se lever alors qu’il était privé de l’usage de ses jambes, crie, en faisant un salut nazi : « Mein Führer, I can walk », à l’adresse d’un président américain totalement stupéfait. On a alors un exemple particulièrement saisissant de parole performative. Par ailleurs, le docteur Folamour est un ancien savant nazi exilé aux Etats-Unis. Son personnage rappelle ainsi que le bon fonctionnement de la dictature nazie reposait sur une maîtrise et un contrôle du langage et que des procédures avaient été mises en place pour communiquer avec les autorités dont ce « Mein Führer » que chacun se devait prononcer lorsqu’il s’adressait à Hitler. Toutefois, dans ce cas précis, le « Mein Führer », hurlé par le docteur Folamour n’est pas vraiment un exemple d’une procédure qui contraint le langage. Ainsi la parole et l’expression corporelle se confondent pour exprimer un même sentiment de plaisir, de jouissance et de plénitude. Bien que l’on ait un nouvel exemple de propos non maîtrisé et plein d’une véritable émotion, cela rappelle, de manière certes un peu particulière, que pour permettre une véritable communication, la meilleure ressource reste probablement, pour Stanley Kubrick, le corps – qu’on ne peut que très difficilement contrôler et qui dispose de son langage propre.

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