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Les Formes Du Plaisir

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Par   •  27 Mars 2013  •  7 791 Mots (32 Pages)  •  1 157 Vues

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Iil est exact que nous vivons dans une société ou l’identification du plaisir à la sexualité est plus qu’une association d’idées, c’est carrément une forme de conditionnement. Exactement de la même manière, la notion de valeur est mécaniquement tirée vers l’argent. Pourtant, il suffit d’un peu de réflexion, ou d’une once observation pour voir que de même qu’il existe d’autres valeurs en dehors des valeurs matérielles, il existe aussi d’autres formes de plaisirs en dehors de la seule sexualité. Ce sont deux effets du matérialisme ambiant.

On dit que notre société se caractérise par son hédonisme, mais, si nous y regardons de près, nous verrons que ce n’est même pas vrai. Ce n’est vrai qu’en surface, en apparence, et surtout dans le discours publicitaire. En fait nous survalorisons le plaisir sexuel, mais par compensation, parce que nous sommes devenus tellement insensibles que la plupart de nos existences sont ternes et insipides. Nos plaisirs les plus communs ne sont souvent que des fuites momentanées pour échapper à un malaise constant qui est la vraie caractéristique de cette société ; pas du tout hédoniste, mais très anxiogène. L’hédonisme implique une philosophie du plaisir, mais la société de consommation ne sait pas ce qu’est le plaisir, elle n’a pas de philosophie et encore moins d’art de vivre. Mais, comme nous l’avons vu, le système du marketing voudrait pourtant nous persuader que le bonheur, c’est de consommer et même qu’il n’est pas de plus grand plaisir que le shopping !

D’ailleurs, si on en reste à des considérations à ras de terre, existe-il autre chose ? A part le sexe et le shopping qu’est-ce qu’il y a ? Allons-y tous en cœur : ... La bouffe ! L’homme-vital « profite » d’abord dans ces trois registres. Sexe, bouffe et shopping !! C’est un peu court, très limité. Et de toute manière, l’énumération n’est pas une classification. Il faut aller plus avant dans l’examen pour entrer dans la compréhension du plaisir. Ce qui suppose nécessairement quelques subtilités philosophiques qui ne sont rien d’autres que les subtilités de la vie. Donc, Comment distinguer les formes du plaisir ?

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A. La triple orientation de la vie et le plaisir

Revenons sur une leçon précédente. Nous avons combien il était important de concevoir la nature humaine, non de manière duelle, (texte) comme corps/esprit, mais tripartite, c’est-à-dire composée essentiellement du corps, de l’âme et de l’esprit. Pour reprendre le texte, entre l’avidité du vital, la curiosité du mental et la ferveur de l’âme, il y a tout de même des différences. Nos plaisirs nous ressemblent, ils sont un reflet très sûr de l’orientation que nous donnons à notre vie. De là suit, qu’il ne faudrait pas confondre les besoins du corps, les intérêts de l’esprit et les aspirations de l’âme. Nous aurons beau tenter de vouer un culte exclusif au corps et ne vivre que par lui, nous aurons beau laisser l’esprit en jachère, ou ne pas écouter en nous la voix subtile de l’âme, il n’en restera pas moins que nous demeurons en tant qu’être humain une entité tripartite. (texte) Commençons donc par là. Tout est bien sûr question d’équilibre, mais il est utile pour notre question de suivre la polarisation dans ce que S. Aurobindo distingue sous les formes de l’homme vital, de l’homme mental et l’homme spirituel. Prenons pour commencer des exemples simples et dans l’air du temps.

1) Chez l’homme vital, l’ego est très investi dans le corps qui occupe une place centrale dans son identité ; par conséquent les désirs de l’ego ramènent invariablement vers le corps, non pas dans le sens de l’incarnation de la conscience, mais dans le sens d’une adhésion aux valeurs corporelles, (texte) ce qui, nous l’avons vu, est très différent. Dans la considération du plaisir vital nous pouvons dégager trois aspects :

- Une survalorisation de la sensualité. L’homme vital a par exemple tendance à privilégier le plaisir sexuel, les plaisirs de la table, les plaisirs de l’alcool à quoi on peut ajouter sans hésitation tout ce qui donne un coup de fouet au corps, les plaisirs des stimulants biochimiques dans le même registre.

« L’homme charnel », dans le langage de Saint Paul, affectionne tout particulièrement ce qu’il croit être lui-même, son corps, donc les plaisirs de la chair, ce que les grecs appelaient les plaisirs du ventre. Un net déséquilibre dans cette direction lui vaudra de n’éprouver aucun attrait pour ce qui relèverait de l’esprit et moins encore pour ce qui serait susceptible de lui parler de l’âme. Les critiques des mœurs à Rome, méchantes, mais erronées, disaient : « ce pourceau d’Épicure » exactement dans le même sens. De même que le cochon se vautre dans la fange, l’homme charnel (texte) sa vautre dans l’ordure et le vice, oubliant la vertu et le souci d’une vie tempérante et ordonnée. On trouvera de même dans Les Pensées de Pascal (textes) des mots assez durs sur « la concupiscence » de la chair et les égarements des libertins.

- Une survalorisation de l’apparence. L’homme vital étant identifié au corps, est aussi très identifié à ce qui relève du faire-voir et du faire-valoir sous le regard d’autrui. Il est donc tout désigné pour l’idolâtrie des plaisirs de la mode, du faste, des attributs du luxe, du décorum, de l’étiquette. Les outrances du mauvais goût ne le choquent pas, il adore ce qui en jette, ce qui scandalise, mais permet de se montrer, le déhanchement des stars, les paillettes, le glamour, le côté bad boy ou bad girl des people etc. Le matérialisme ambiant et la survalorisation de l’apparence vont main dans la main. Mais plus on décore l’extérieur et plus il semble que l’intérieur se vide.

- Une survalorisation de l’émotionnel. L’homme vital cherche ce que Raymond Ruyer nommait « les nourritures psychiques ». Naguère les combats de gladiateurs et les jeux du cirque à Rome, aujourd’hui mettons, de la corrida, des courses de voiture, du sport extrême, des matchs de foot etc. Tout ce qui délivre des plaisirs de l’excitation émotionnelle le ravit. Et cela tombe bien, comme par hasard, la télévision mise à fond dans ce registre. Le cinéma lui est aussi entièrement dévoué quand il est tourné vers la nourriture de ce qu’Eckhart Tolle appelle the pain body, (texte) le corps émotionnel. Du suspens, de l’action, du sexe, de la violence, des hordes de zombies, de la musique qui hurle et déchire les tympans, des images chocs et de préférence

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