Le Cinéma De Robert Bresson

Le Cinéma de Robert Bresson

Bresson, soldat inconnu du cinéma français, dont le nom même est obtenu par infixation de la lettre R sur Besson, par la grâce d'une ironique épenthèse, subtilement drôlatique , tant l'univers dépouillé et déchirant de l'un, s'oppose à l'univers pachydermique et boursouflé de l'autre... Pour citer Mauriac, on ne comprend rien à la civilisation moderne si on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure...

Le cinématographe est une écriture avec des images en mouvement et des sons. Merveilleuse définition d'un cinéma érigé en Art par un maître du Septième, retrouvée à la faveur de la lecture d'un ouvrage paru en 1975 aux Editions Gallimard, Notes sur le cinématographe. J'invite le spectateur blasé d'aujourd'hui à regarder certains films de Robert Bresson pour se nettoyer les yeux et le coeur des retombées sans fin de la vulgarité ambiante. Un geste, une voix, un regard, un sourire, une mélancolie diffuse, de l'ombre, de la lumière, une beauté, fulgurante, un cri, des chuchotements... La vie.

"Les liens qu'attendent les êtres et les choses pour vivre."

"Aux tactiques de vitesse, de bruit, opposer des tactiques de lenteur, de silence".

Comète cinématogrophique brillant dans la nuit de la Création pour paraphraser Le Clezio.

Oeuvre rigoureuse et désespérée, elle possède néanmoins une infinie richesse qui couve sous une carapace d'aridité glacée. Oeuvre mystique évidemment dans la mesure où se dévoile un sens caché des choses, supérieur à la raison. Il y a un contresens si l'on croit au caractère étroitement religieux des films de Bresson...

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