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Hôtel Europe, Lévy

Commentaire d'oeuvre : Hôtel Europe, Lévy. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Septembre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 797 Mots (8 Pages)  •  440 Vues

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Bernard-Henry Lévy

Né en Novembre 1948, est un philosophe, écrivain, cinéaste, intellectuel français. Il est initiateur du mouvement des nouveaux philosophes dans les années ’70. Lecteur de Sartre, Malraux et Husserl, il est auteur des ouvrages sur la judaïté, l’identité, le sionisme, l’art et l’antisémitisme. Il a été engagé aussi dans la géopolitique, à propos des Etats-Unis, de la guerre en Libye, tout comme lors de guerres de Yougoslavie et l’intervention russe en Ukraine.

HÔTEL EUROPE

Premier acte

Hôtel Europa est une pièce de théâtre, un monologue où il y a un seul homme en scène qui doit préparer son discours à l’occasion du centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale (14 Juin 2014), à Sarajevo, lieu le plus important de la résistance de la Bosnie pendant la guerre des Balkans (1992-1995).  La pièce est composée de cinq actes.

La choix du titre renvoie à un endroit où on peut faire vivre ensemble des personnes qui partout : il est à faveur d’une Europe démocratique et inclusive, si bien qu’il définit soi-même comme « européen d’origine et de langue française » (p.78).

Le bruit du temps : on peut tout de suite remarquer le paradoxe initial lié à la temporalité de la scène : on est en train de réfléchir, penser, écrire sur l’Europe à coup de ‘clings’ de sms et de sonneries de notification de mail. De ce présent électronique, l’homme seul en scène se sert de ‘Google mon ami’ pour se connecter à des photographies, couvertures d’ouvrages, citations, montages. Donc, face à la commémoration des cent ans de l’assassinat de François Ferdinand, le narrateur doit balancer frénétiquement entre le passé et un présent électronique.

Il alterne la Grande Histoire et plusieurs anecdotes : l’auteur multiplie ses allusions à des innombrables personnages fictifs et réels, parmi lesquels on y trouve Sarkozy ; Pamela Harriman (ancienne ambassadrice américaine), le vieux président bosnien Izetbegovic, Mitterand, Claude Lanzmann (écrivain français) ; Beppe Grillo, le banquier Gherard, peut-être fictif ; MLP, Henry Kissinger (politologue et diplomate américain) ; écrivains et intellectuels célèbres tels que Aristote, Hugo, Byron, Baudelaire etc.

La tirade contre l’Europe 🡪 Le paradoxe de l’Europe actuel est explicité à travers la contradiction de la conférence même : « Ça veut dire quoi de célébrer le début d’une guerre ? d’habitude c’est la fin de guerres qu’on célèbre […] mais surtout : est-ce qu’il n’y a pas aussi quelque chose d’un peu gênant à venir ici, à Sarajevo, faire une conférence sur cette Europe qui a, il y a vingt ans, laissé mourir 10.000 Sarajeviens ? » (p.18). On ne célèbre pas l’armistice, mais le début. En outre, face à une politique considérée comme « la plus dure des drogues dures, la seule dont on ne guérit jamais […], il soutient que L’Europe, elle meurt à Sarajevo » (p.20).

Les accords de Dayton en 1995, qui ont mis fin aux combats interethniques qui ont eu lieu en Bosnie-Herzégovine, « c’est-à-dire la partition de la Bosnie, le but de guerre des Serbes » constituent la « hallucinante lâcheté de l’Europe reniant non seulement ses promesses, mais aussi ses principes et ses valeurs » (p.26). C’est la témoignage, selon l’auteur, que « l’Europe ne commence pas, elle meurt à Sarajevo ».

Il s’interroge aussi sur les horreurs du passé, en particulier sur l’héritage de la Shoah, qui devraient constituer un avertissement pour le présent : « à quoi ça sert de se souvenir de la Shoah si ce n’est pas pour empêcher Srebrenica ? » (p.30)

La fin du premier acte est traversée d’indignation vers une Europe morte, actuellement caractérisée seulement par « des images de honte et de tristesse – l’Europe morte en 14, en Espagne, à Auschwitz, à Sarajevo et dans tous le Sarajevo d’aujourd’hui […] est-ce que c’est possible de mourir autant et si souvent ? […] » (p.32).

Deuxième acte

Dans le deuxième acte, Lévy passe en revue « l’état réel des lieux d’Europe » : Espagne, Italie, Allemagne, tous caractérisés par l’avancée des populismes, de l’extrême droit, de l’antisémitisme (« qu’on s’étonne […] de ce sale parfum d’année trente qui est, partout, le fond de l’air européen », p.42). C’est aussi l’Europe des banques et des marchés, à traction allemande, qui ont maltraité la Grèce coupable de maquillage de ses comptes pour entrer dans « l’eldorado » de l’euro. Et puis la France, qui balance entre la présidente du FN Marine Le Pen, clairement antisémite et partisane de l’identité nationale, surnommée « la peste blonde » qui « tire son chapeau à Poutine », et les gauchistes contemporaines, défenseurs de la culture et des traditions identitaires plutôt que de l’internationalisme et des soucis du monde. Le résultat c’est une France qui se désintéresse de l’Europe, qui flotte et qui survive, qui « pour avoir du pétrole et du gaz est prêt au pires compromis avec les pires fauteurs de guerres, genre Poutine ». On est donc dans une « léthargie » courante où Lévy n’oubli même pas les peuples, coupables autant que leurs chefs : « c’est trop facile de toujours incriminer les chefs. Les peuples ont les chefs qu’ils méritent ».

Au contraire, l’auteur véhicule des idées forts, l’Europe a besoin de visages : « l’Europe, c’est des corps et des visages ». Il lui faut des images pour sa conférence, « mais, bizarrement, il n’a pas d’images. Ne me viennent, à la place, que des ruines ». Aujourd’hui c’est, en effet, l’Europe des ruines qui est en train de s’autodétruire : « l’Europe succombe à une overdose de médiocrité, d’aigreur, de lâcheté ».

Troisième acte

En attendant la conférence, l’homme seul en scène hésite, pris par l’incertitude : « […] pour les amis bosniens, est-ce qu’il y a un truc à essayer ? » (p. 70). ; d’où peut-il commencer ?

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