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Quand l’Europe improvise – Luuk Van Middelaar

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Par   •  17 Novembre 2022  •  Discours  •  1 476 Mots (6 Pages)  •  190 Vues

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Quand l’Europe improvise – Luuk Van Middelaar

                   Thèse : l’UE doit donner la priorité à une politique « de l’évènement » pour être capable de faire face à des défis géopolitiques contemporains qui exigent une réactivité toujours plus importante. Cette évolution doit à la fois s’opérer via  un changement d’acteurs en donnant plus de place aux gouvernements pour diminuer celle des administrations, et privilégier une action innovante sur une gestion routinière, incapable de s’adapter aux rapides évolutions du monde. La présence d’élus au sommet de l’Europe est également la clef de son succès car elle seule permettra une communication des projets aux européens, et surtout car ces élus auront la liberté d’action qui revient à ceux rendus légitimes par un suffrage.

 

1. Improviser. La crise de l’euro

Cette communication vise en fait deux publics : les européens qu’il convient d’impliquer dans le processus de construction, ainsi que les différents acteurs financiers dont dépend pour partie le sort de l’euro.

Les échanges de mai 2010 sont cruciaux car ils ont débloqué 500 milliards de fonds provenant des pays européens pour soutenir la Grèce. Alors que Berlin ainsi que l’ensemble du Bénélux préconisaient une politique de la règle, en accord avec la clause de non renflouement du traité de Maastricht, ces tractations ont sauvé la Grèce, et ont empêché une « contagion financière » à l’échelle de la zone euro.

Ceux menés en octobre sont, en revanche, moins concluants. Sarkozy entend montrer qu’il peut, avec l’aide de Merkel, tracter l’UE. Ils publient la déclaration de Deauville, où l’Allemagne fait savoir sa volonté de donner un cadre juridique au fond d’urgence européen, et la France s’oppose à des sanctions trop « automatiques ». Face à une opposition de Bruxelles ainsi que des diplomates allemands, l’initiative est avortée. Pour Van Middelaar, l’échec de ce projet est dû à un manque de décision commune, qui ne correspond pas historiquement au modèle européen.

Ce cycle d’improvisation destiné à sauver la zone euro s’est achevé en 2012 par un accord réunissant responsabilité et solidarité. Les mesures d'urgence et de sauvetage à l’égard des banques nationales sont facilitées et ces mêmes banques sont sous la surveillance d’un organisme de contrôle qui assure leur respect des politiques budgétaires.

2. Négocier. La crise ukrainienne

                Le soft power dont bénéficie l’UE trouve une application dans la stabilisation des Balkans. Les pays de cette région ont calmé leurs relations pour correspondre mieux aux critères de convergence[1] de l’UE. L’attraction exercée par les pays de l’UE sur leurs voisins est à l’origine de la « politique du voisinage » (2003), qui accorde une relation privilégiée aux pays proches. Elle s’incarne dans une proximité de valeurs et des partenariats commerciaux. Cette politique est le reflet d’une Europe au cœur de la « fin de l’histoire », détachée de toute considération géopolitique… que la crise en Ukraine secoue brutalement.

                Six ans plus tôt, la seconde guerre d’Ossétie du Sud suscite l’attention de Nicolas Sarkozy qui prend la tête des opérations en prenant l’avion pour négocier avec Poutine. C’est un succès : Tbilissi n’est finalement pas occupée par la Russie.

                Les incidents en Ukraine résultent d’un écartèlement d’une population dont la moitié est russophone et l’autre ukrainophone. Cette division reflète la divergence d’opinion quant à l’allié que le pays devait préférer (Russie où UE). L’UE et sa politique de voisinage ont alimenté des rêves d’intégration en Ukraine sans pour autant les concrétiser, laissant comme en Moldavie un sentiment de frustration.

                Une rencontre en vue d’un « partenariat oriental » entre l’UE et six pays d’Europe de l’Est met le feu aux poudres en novembre 2013. Or, depuis 2007 Moscou propose un autre accord à ces pays : Ianoukovytch doit choisir. Alors qu’en août 2013, l’Ukraine penche vers l’UE, les dernières closes de l’accord portant sur les droits de l’homme entravent son avancement, offrant à Medvedev le tempo suffisant pour passer à l’offensive et convaincre son homologue de l’Ouest. Des manifestations pro-UE éclatent sur la place du Maïdan. En novembre, Ianoukovitch propose à l’UE de compenser les pertes liées au commerce avec la Russie en cas d’accord avec les Européens, ou bien sa double adhésion aux partenariats des deux parties ; propositions refusées par Bruxelles.

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