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L'Afrique : les défis du développement

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Par   •  13 Mars 2017  •  Cours  •  10 944 Mots (44 Pages)  •  626 Vues

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L’AFRIQUE : LES DÉFIS DU DÉVELOPPEMENT

  1. Le continent africain face au développement et à la mondialisation

  1. Le Sahara : ressources et conflits

Le Sahara dont le nom arabe al-sahra signifie « désert » est un immense espace de 8,5 millions de km², soumis à de très fortes contraintes naturelles mais qui regorge de ressources qui en font un espace de plus en plus convoité.

Un espace à fortes contraintes

  • Le Sahara est le plus grand désert de la planète. Il s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge, et de la Méditerranée au sud du tropique du Cancer et il couvre 10 pays : l’Algérie, l’Égypte, la Lybie, le Mali, le Maroc (et le Sahara occidental), la Mauritanie, le Niger, le Soudan, le Tchad et la Tunisie. Les limites géographiques du Sahara sont assez floues : au nord, il atteint sa limite avec la mer en Lybie et en Égypte ; au sud, en revanche, la limite est très floue et, finalement, c’est la végétation (certaines plantes nécessitant des précipitations régulières) qui détermine la limite.
  • Le Sahara se caractérise par une très grande variété de zones climatiques. Les précipitations sont variables d’un endroit à un autre et surtout d’une année sur l’autre ; l’ensoleillement est maximum et les températures peuvent dépasser les 50°c.
  • Le Sahara offre des paysages très contrastés : à côté des vastes étendues de dunes de sable, existent des amas encore plus grands de cailloux et de pierre, d’immenses plateaux et des montagnes très élevées.
  • Le reg (serir en Lybie) est le type de désert le plus répandu, formé par des étendues de cailloux arrondis et de graviers, particulièrement inhospitalier. Les montagnes sahariennes sont pour la plupart volcaniques (Hoggar, Tibesti…). On trouve également de nombreux plateaux calcaires ou gréseux où s’écoulent les oueds, bordés de falaises.
  • Les oueds sont les lits presque toujours secs des fleuves et des torrents. Leur formation remonte au temps où le Sahara n’était pas encore un désert. Quelques rares pluies parviennent à les remplir occasionnellement pour quelques jours, voire quelques heures.
  • Quelques grands fleuves traversent le Sahara. Le Nil, le plus long fleuve du monde, issu de la région des grands lacs, est à l’origine de la civilisation égyptienne. On peut citer aussi le Sénégal ou le Niger. A défaut de fleuve, les nappes phréatiques, bien alimentées au pied des montagnes et jusqu’au cœur de certains bassins, sont exploitées depuis longtemps, donnant naissance à des oasis.

D’importantes ressources naturelles

  • Le Sahara connaît depuis les années 1950 des nouvelles formes d’exploitation de ses ressources, qui entraînent de profondes modifications des paysages. Grâce aux exploitations d’eau souterraine, une nouvelle agriculture est apparue dans maintes régions arides ou semi arides, sous forme de « nénuphars », vastes parcelles circulaires, irriguées par aspersion ou de périmètres irrigués par canalisation. La Lybie a mis l’accent sur les formes de développement utilisant les ressources des nappes profondes avec pour objectif de faire « reverdir » le désert et d’atteindre une relative autonomie céréalière. Toutes ces réalisations ont débouché sur des résultats spectaculaires, mais les aspects négatifs sont nombreux : coûts élevés pour des rentabilités incertaines, durée limitée des nappes fossiles, tensions géopolitiques dans le cas de prélèvements sur des fleuves allogènes et des nappes transfrontalières (entre la Lybie et l’Égypte ou entre la Lybie et l’Algérie par exemple).
  • Des carreaux d’extraction minière et des plateformes d’exploitation d’hydrocarbures constituent de nouveaux îlots dans le désert, voire même de véritables enclaves. L’exploitation du pétrole à Hassi Messaoud en Algérie, puis celle du fer à Zouérate en Mauritanie ont débuté dans les années 1950. Depuis, les sites d’extraction se sont multipliés pour exploiter les hydrocarbures, le fer, l’uranium, le charbon, le manganèse, les phosphates, l’or… La fin de l’exploitation de ces richesses (épuisement de la ressource ou mutation économique) laisse place à des friches industrielles, avec une crise sociale, voire écologique, à la clé.
  • La très grande variété de paysages fait du Sahara un espace propice à un tourisme d’aventure. Ce désert qui a toujours fasciné les Européens possède de sérieux atouts, notamment grâce aux vastes étendues dunaires comme le désert du Ténéré, parfois qualifié de « désert des déserts ». Ses villes (Agadez, Tombouctou, Tamanrasset, Atar, Ghât, etc.) contribuent aussi à son intérêt touristique, mais le tourisme dans cette zone est menacé sous l’effet de l’insécurité endémique.

Un espace politiquement fractionné et très convoité

  • Les frontières sahariennes, comme ailleurs en Afrique, sont nées du découpage colonial que les indépendances n’ont pas remis en cause. Chaque période de l’histoire saharienne se caractérise par ses propres circulations marchandes et humaines, les oasis et les villes en étant les points nodaux : l’ère précoloniale a été marquée par les caravanes de sel tandis que d’autres acheminaient des vivres (dattes, céréales…), du bétail et diverses marchandises. Enfin, les esclaves faisaient l’objet d’une traite intense entre les deux rives du Sahara qui constituait une aire de transit. La colonisation entraîna un changement géopolitique radical : malgré les révoltes touarègues, elle imposa des frontières dans un espace auparavant ouvert et le scinda en une série de territoires attribués que la conférence de Berlin (1884-1885) distribua principalement à la France et à la Grande-Bretagne. Ces puissances affaiblirent le commerce transsaharien au profit de flux côtiers et de voies qu’elles avaient ouvertes depuis les ports du golfe de Guinée. Parallèlement, elles tracèrent de nouvelles routes indispensables à leur contrôle politique et à la circulation de leurs camions militaires et de ravitaillement. Sous l’effet de besoins grandissants en source d’énergie, les campagnes de prospections pétrolières et minières européennes s’intensifièrent au cours dans années 1950, le Sahara étant convoité pour les richesses de son sous-sol (pétrole, uranium, fer, charbon, manganèse, etc.).
  • Au lendemain des indépendances des pays d’Afrique du Maghreb et du Sahel, la naissance d’États modernes ne modifia pas la nature des flux locaux et transsahariens qui demeurèrent modestes tant en valeur qu’en quantité. Certains d’entre eux furent interrompus sous l’effet des conflits régionaux ou intérieurs comme les rébellions touarègues.
  • Les années 1990, et plus encore 2000, ont marqué une nouvelle ère, marquée par de profondes transformations, celles de la mondialisation et de l’insécurité qui devient structurelle. Le commerce saharien s’est alors diversifié et internationalisé. Les acteurs peuvent jouer et se jouer des différences de politiques économiques suivies par les États, de leur appartenance à des zones monétaires distinctes, du prix et de la disponibilité des marchandises de part et d’autres des frontières. Une intégration réelle des économies interrégionales s’est opérée de fait, et en l’absence d’organisations supranationales.
  • Les cours élevés des matières premières ont modifié en profondeur la géographie des zones d’explorations dans le monde et en particulier dans la zone saharienne de l’Afrique. Les pays sahélo-sahariens (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Soudan) deviennent stratégiques dans la compétition à laquelle se livrent les sociétés nationales d’Afrique du Nord, des sociétés asiatiques, à commencer par la CNPC (China National Petroleum Corporation), et des multinationales, pour des raisons de contrôle géopolitique de leur arrière-pays. Ces sociétés mettent en place des stratégies élaborées pour s’accaparer la rente.
  • A ces flux marchands transsahariens se sont greffés, dans les années 1990, des mouvements migratoires de grande ampleur qui sont le fait de Subsahariens. Aux migrations « à destination du Sahara » se sont ajoutées des migrations entre les « deux rives du Sahara » puis des « migrations transsahariennes à destination de l’Europe ». le Sahara est ainsi en passe de devenir une frontière migratoire de l’Europe.
  • Depuis une dizaine d’années, on assiste à un retour du Sahara sur la scène politique internationale et médiatique. Cette immense étendue désertique traverse en effet une période agitée en raison de l’installation de groupes terroristes islamistes sur son sol, du développement de trafics en tous genres (cigarettes, drogues, armes, etc.), de l’immigration clandestine de Subsahariens qui fait craindre à l’Union Européenne l’arrivée massive d’Africains dans ses pays membres.
  • Au sud du Sahara, la conjoncture est aussi incertaine. On est ici face à des États faibles (Mauritanie, Mali, Niger et Tchad) dont la géographie est caractérisée par un fort contraste entre une zone agricole et une aire semi-désertique (zone pastorale) et désertique beaucoup plus étendue. Tous sont des PMA, confrontés à la persistance de la pauvreté et ayant pour priorité d’assurer l’autosuffisance alimentaire de leur population. La composition de leurs populations est identique : tous ces États sont peuplés, au sud, de populations noires sédentaires vivant de l’agriculture tandis que leur partie Nord est le berceau de pasteurs maures, touaregs et toubous, ainsi que d’oasiens.
  • Auparavant limitées à l’Algérie, les actions d’AQMI se sont étendues à l’espace saharo-sahélien occidental (Mauritanie, Mali et Niger) où l’organisation se livre aussi au trafic d’otages. L’AQMI utilise la frontière nigéro-malienne dans sa stratégie de prises d’otages. Ce groupe « s’approvisionne » en territoire nigérien, comme l’ont montré les enlèvements des employés des groupes Areva et Satom (septembre 2010), puis « stocke » ses otages dans la région montagneuse du Timétrine. AQMI a récemment (mars-avril 2012) soutenu la rébellion touarègue dans le Nord du Mali à la suite du putsch militaire qui a renversé le gouvernement en place. Mais ces évènements au Mali pourraient conduire à l’éclatement du pays en deux entités distinctes : le Nord, proclamé indépendant par les Touaregs soutenus par AQMI qui imposent déjà la charia, et le Sud.
  • Le Sahara apparaît donc comme un espace « pas si désert que cela » et intégré à la mondialisation ; il suscite bien des convoitises du fait de ses nombreuses richesses.

  1. Défis démographiques et mondialisation en Afrique

Croissance, urbanisation et emploi

  • Depuis les années 1950, l’Afrique, qui ne représentait que 7% de la population, est entrée dans une phase de rattrapage et, en 2010, elle compte près de 15% de la population mondiale, effaçant ainsi un long déclin.
  • La démographie de l’Afrique offre une image très contrastée puisque le Maghreb est beaucoup plus avancé dans la transition démographique que l’Afrique tropicale (l’indice de fécondité est de 2 pour la Tunisie contre 5,5 pour l’Afrique noire). Cependant, partout la baisse de fécondité s’est amorcée, très nette en Afrique australe et plus lente ailleurs mais elle s’accélère avec l’urbanisation. Toutefois, l’inertie démographique et surtout la forte proportion des classes d’âge les plus fécondes ainsi que la baisse de la mortalité du fait de l’amélioration des conditions de vie expliquent que la population africaine va augmenter encore (près de 2 milliards d’habitants prévus en 2050).
  • La mortalité infantile reste la plus forte au monde sur le continent africain même si elle régresse fortement, notamment grâce aux progrès dans la lutte contre les grandes endémies comme le paludisme, à ceux de l’hygiène et au recul du SIDA (même si l’Afrique australe est la région la plus touchée au monde).
  • En 1900, l’Afrique était le continent le moins urbanisé : 3% de la population y vivait en ville contre 9% pour l’ensemble des pays en développement.  Cependant, l’explosion démographique de la seconde moitié du XX° siècle s’est accompagnée d’une explosion urbaine. L’Afrique a affiché une croissance urbaine record avec un taux de 4,4% pour la période de 1950 à 2000, ce qui équivaut à multiplier le nombre de citadins par 11, avec toutes les conséquences que l’on imagine pour les aménagements urbains. La population urbaine représentait en 2008 44% de la population du continent. La même année, le monde entier passait le cap de 50% d’urbains, une première dans l’histoire de l’humanité.
  • L’Afrique rejoint le reste du monde dans le mouvement de mégalopolisation : 16 milliards d’habitants au Caire, 12 à Lagos, 10 à Kinshasa et Johannesburg. Même si ville rime avec bidonville en Afrique, l’urbanisation matérialise l’entrée dans une société mondialisée avec son urbanité, sa violence, sa pollution, ses foules rassemblées par les évènements sportifs ou révoltées contre la vie chère ou l’oppression politique.
  • L’industrie reste partout, sauf en Afrique du Sud, embryonnaire et crée peu d’emplois si bien que l’urbanisation de l’Afrique est une urbanisation sans industrialisation. Cela s’explique par la colonisation avec la mise en place, pour la plupart des territoires, d’une économie de plantations soutenant des exportations de produits agricoles d’une part, et d’autre part, par la concurrence des produits asiatiques et la difficile émergence d’un esprit entrepreneurial.
  • Seule l’Afrique du Sud a connu un décollage industriel. Dans le contexte d’une mondialisation peu favorable à l’industrie manufacturière africaine, le secteur informel s’est fortement développé mais il ne permet pas à la masse des citadins pauvres de sortir de la misère ou de la précarité.
  • L’emploi des jeunes est une question cruciale et potentiellement explosive. Les chômeurs diplômés n’ont-ils pas été le déclencheur de la révolution tunisienne…
  • Dans 20 ans, l’Afrique comptera la plus forte proportion de population active au monde. Pour certains, elle pourrait même remplacer la Chine vieillissante, comme « atelier du monde ». Mais la mondialisation ne se réduit pas à la seule économie et au seul problème de l’emploi. Elle est indissociable de représentations qui valorisent les modèles de sociétés occidentales et qui donnent aux jeunes Africains le désir de venir en Europe au risque de leur vie.

Migrations et argent de la diaspora

  • Les populations africaines ont toujours été très mobiles. On connaît les migrations traditionnelles des commerçants (Dioulas, Haoussas en Afrique de l’Ouest) et celles qui ont attiré vers les pays au décollage économique important comme la Côte d’Ivoire ou l’Afrique du Sud. Selon l’ONU, l’Afrique subsaharienne comptait 16 millions de migrants en 2010, chiffre largement sous-estimé.
  • Ces flux migratoires peuvent avoir des conséquences politiques très importantes, comme en Côte d’Ivoire par exemple, qui compte 25% d’étrangers. Ces flux d’étrangers, cumulé à la croissance démographique, accentue la pression foncière et les rivalités entre populations autochtones et allochtones.
  • Dans le même temps, les guerres civiles ont entraîné un nombre considérables de déplacements forcés, qu’il s’agisse de réfugiés ou de déplacés internes. Le nombre de réfugiés s’est stabilisé autour de deux millions mais le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) dénombrait encore en 2010 quelques 10 millions de déplacés.
  • Les horizons migratoires se sont élargis au-delà du continent et le nombre de migrants d’origine africaine dans les pays de l’OCDE est évalué entre 4 et 6 millions, beaucoup moins que le nombre des migrants intra-africains.
  • La migration hors d’Afrique s’effectue d’abord à destination de l’Europe. En général, les filières migratoires privilégient les anciennes métropoles coloniales : Nigérians et Ghanéens en Grande-Bretagne, Maghrébins, Sénégalais, Maliens en France, Congolais (RDC) en Belgique. En France, le nombre actuel d’émigrés d’origine subsaharienne pourrait atteindre le million, du fait des migrations clandestines sujettes à polémique.
  • Les flux migratoires ont placé la Méditerranée comme trait d’union entre ensembles géoéconomiques complémentaires. Mais elle est tout autant un espace tampon face à la pression migratoire africaine au cœur de l’Eurafrique. La Méditerranée est le dernier obstacle à franchir après le Sahara.
  • Aujourd’hui, les migrations s’émancipent de plus en plus du fuseau euro-africain. L’Égypte fournit depuis longtemps de travailleurs aux pays pétroliers du Moyen-Orient. Les États-Unis et le Canada s’affirment comme pays d’accueil. Les États-Unis tablent sur une immigration sélective en faveur d’étudiants ou de chercheurs. On parle alors de brain drain. La Chine elle-même s’ouvre à la migration africaine, à Canton notamment, où la population africaine atteindrait 200000 personnes.
  • Les migrations exercent sur les économies des pays émetteurs des effets considérables. Les transferts d’argent venant des diasporas dépassent désormais le montant de l’aide publique au développement. En 2010, les envois de fonds se sont élevés à 18milliards de dollars vers l’Afrique du Nord et à 21,5 milliards vers l’Afrique subsaharienne.
  • En revanche, cette émigration prive les pays émetteurs des « forces vives » et des compétences dont ils ont cruellement besoin. Il y a par exemple autant de médecins béninois en France qu’au Bénin ! Ces diasporas sont des acteurs économiques et politiques actifs dans la vie des États.
  • L’impact de ces migrations n’est pas seulement économique puisqu’elles sont responsables de l’évolution des mentalités dans les pays émetteurs et puisque les retours aux pays sont l’occasion de véhiculer les nouvelles expériences faites dans le pays d’émigration.

  1. L’Afrique dans la mondialisation

L’Afrique dans l’économie mondiale

  • L’économie africaine présente de nombreuses fragilités. Elle repose sur l’agriculture, qui emploie toujours plus de la moitié de la population (sans assurer l’autosuffisance alimentaire) et sur l’exportation de matières premières minière sou agricoles. La productivité sur le continent est infirme et le fossé se creuse entre l’Afrique subsaharienne – la seule région du monde dont le PNB par tête d’habitant en dollar constant ait diminué depuis 1980 – et le reste du monde.
  • Si on ne considère que la valeur des exportations, l’Afrique pèse peu dans l’économie mondiale : à peine 3,3% en 2009 contre 2% en 2000. Le progrès en dis ans est significatif d’une inversion de tendance qui s’opère. Le continent africain a donc une place marginale dans les échanges mondiaux. En effet, les économies africaines restent marquées par une asymétrie des échanges Nord/Sud et par la faiblesse des échanges intra-africains qui ne comptent que pour 12% de son commerce extérieur. Seuls le Nigéria et surtout l’Afrique du Sud ont la capacité d’exporter en quantité suffisante des produits manufacturés dans les autres pays du continent. Les positions de monopoles protégés dans le cadre de la colonisation n’ont pas résisté aux offensives d’acteurs commerciaux très offensifs venus d’Asie notamment. Les productions locales se sont même retrouvées reléguées au rayon de l’’artisanat destiné aux touristes. Les importations asiatiques ont souvent porté un coup fatal aux industries locales, entraînant des fermetures d’usines.
  • Selon l’historien britannique John Iliffe, la part de l’Afrique dans l’économie monde est arrivée, à la fin du XX° siècle, « vraisemblablement à son point le plus bas depuis un millénaire ». En effet, jusqu’au début du XX° siècle, la mondialisation s’est traduite  par une marginalisation de l’Afrique subsaharienne. Son décrochage, après 1960, s’observe dans la diminution relative de ses exportations, qui passent de 3,1% du total mondial en 1970 à 1% à la fin du siècle. La structure des exportations est toujours dominée par les matières premières. Le pétrole représente à lui seul 40% de leur valeur ; de plus, les pays producteurs  sont très fortement dépendants des cours mondiaux, ce qui fragilise leurs économies. La tendance actuelle favorise les économies exportatrices mais pas forcément le développement humain des pays producteurs et tous les pays ne sont pas touchés de la même façon.
  • Ainsi, on observe deux pôles de développement en Afrique : l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud qui assuraient, chacune en 2007, 40% de la richesse produite à l’échelle du continent.
  • Dans les années 1980-1990, la plupart des États subsahariens sont tombés dans le cycle infernal de l’endettement et ont été obligés d’en passer par les PAS (plans d’ajustement structurels). En 2000, la dette extérieure de l’Afrique s’élevait à 200 milliards de dollars, ce qui représentait 60% de la richesse annuelle produite par les États africains. En 2005, sans accéder à l’appel de l’annulation totale de la dette africaine, les pays du G8 ont effacé les créances de 14 pays du continent. Car l’impasse économique et les risques politiques d’une telle situation ont convaincu les États créanciers du Nord d’agir. Ainsi, l’endettement est revenu à un niveau acceptable et il ne compromettrait pas les politiques de développement.
  • Les investissements étrangers restent en revanche relativement modestes. Selon la CNUCED, le total des IDE (investissement direct à l’étranger) dirigés vers l’Afrique en 2009 s’élevait à 59 milliards de dollars. Cependant, l’essentiel de ces IDE (80%) vont au secteur pétrolier et minier. Ces IDE ne représentent que 5% des IDE mondiaux en 2009. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France restent les principaux investisseurs bien que la part des pays émergents soit de plus en plus importante : 38% en 2010. Les IDE ne représentent qu’une partie des flux de capitaux se dirigeant vers l’Afrique puisqu’il faut y ajouter l’aide publique au développement (APD) (44 milliards de dollars en 2008) et les remises de flux visibles de capitaux de migrants qui s’élevaient à plus de 40 milliards de dollars.
  • La mondialisation libérale maintient l’Afrique dans le rôle de pourvoyeur de matières premières mais ce rôle est amené à changer et la révolution technologique de l’information et de la communication accélère son ouverture au monde. C’est en Afrique que le taux d’achat de téléphones mobiles augmente le plus rapidement. D’ici 2013, la moitié des Africains devraient posséder un mobile. L’équipement informatique des ménages est encore faible par rapport à l’Europe mais l’utilisation d’internet progresse très rapidement via les cyber-cafés qui explosent dans les villes.
  • L’Afrique s’intègre aussi dans le système monde par les réseaux criminels. Le continent est devenu l’une des plaques tournantes du trafic de drogue. La culture du cannabis s’est largement développée dans les années 1980-1990 et n’est pas l’apanage du seul Maroc. La déliquescence des pouvoirs de l’État, la corruption, la recherche de profit par les factions en guerre pour se procurer des armes, constituent autant d’éléments favorables à cette insertion. L’Afrique noire est devenue la plaque tournante pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et pour l’héroïne en provenance d’Asie et à destination de l’Europe ou de l’Amérique du Nord. La Guinée Bissau, qualifiée de « narco État » par l’ONU est devenue l’un des hubs du narcotrafic africain. L’économie criminelle a également prospéré à la faveur des guerres. La mythique Kalachnikov s’est échangée contre les « diamants de sang » (lors des conflits en Angola, en Sierra Leone ou en RDC). La piraterie, aux larges des côtes du Mozambique ou de Somalie, constitue enfin un autre volet de la criminalisation de l’économie du fait de la fragilité des États.

L’Afrique : un continent convoité

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