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Toutes les inégalités sont-elles des injustices ?

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Par   •  13 Novembre 2021  •  Dissertation  •  2 400 Mots (10 Pages)  •  1 349 Vues

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Les inégalités, quelques soit la raison, l’environnement, sont génératrices d’injustices que l’on a généralement tous expérimenté. Face à une inégalité, le sens commun lie consciemment ou inconsciemment celle-ci à un manque de justice, car si le rapport entre deux individus ne se trouve pas équitable, cela s’apparente vraisemblablement à une dérogation morale, une atteinte directe au juste auquel bon nombre d’entre nous aspirons dans la vie quotidienne. En effet, nous avons tendance à associer l’inégalité comme l’injuste et le mal, et l’égalité comme le juste et le bien. On peut juger injuste qu’une femme gagne moins qu’un homme avec le même poste et la même efficacité au travail, en nous offusquant qu’une telle chose est possible, criant à l’injustice. Également, la notion d’égalité semble équivoque : on peut donner la même chose quantitativement ou la même chose qualitativement. En donnant plus d’argent à une personne pauvre qu’à une personne riche, la majorité populaire n’y verrait ici aucune forme d’injustice. Seulement, les inégalités semblent être une conséquence d’un rapport de force car sans ce rapport, les inégalités n’existeraient pas. Aussi, en imposant des inégalités par la force, que ça soit de la part d’un supérieur hiérarchique ou d’un père, il semblerait que nous tendions à mieux les accepter et leur donner une apparence justifiée. On y voit donc ici une double injustice : celle de l’imposition des inégalités par la force et l’injustice par elle-même. Pourtant, des exemples d’inégalités qui semblent être justifiées existent. Le dosage des médicaments par exemple : l’enfant doit-il prendre les mêmes dosages que l’adulte ? Il semblerait ici que les besoins des uns et des autres soient rarement identiques. L’imposition par la force de l’égalité est non seulement injuste, car les besoins de tous sont différents, mais possède aussi un côté tyrannique. Pour créer ce type d’égalité, en vue de satisfaire la justice, il faudrait supprimer toutes les différences qui font de nous des individus, nous uniformiser pour gommer les inégalités inhérentes à l’homme, pour éviter les injustices. Il se trouve qu’en réalité, il se produise la plus grande injustice possible.

Nous avons ici à faire à un paradoxe, car si pour le sens commun l’inégalité parait être l’essence même de l’injustice, la suppression des inégalités par la force semble accomplir une des plus grandes formes de tyrannie, c’est-à-dire l’injustice.

Afin de résoudre cette difficulté, nous verrons en premier lieu en quoi l’inégalité est intrinsèquement liée à l’injustice, puis nous verrons les raisons qui font de l’injustice l’essence même de la vie des hommes. Nous finirons par découvrir en quoi la notion d’inégalité est une nécessité plutôt qu’une contrainte.

        Le sentiment d’injustice vient bien souvent de rapports inégaux que nous expérimentons dans la vie de tous les jours. Il se caractérise par du mécontentement, l’injustice que nous percevons peut nous amener à nous mettre en colère, que l’on justifiera avec des arguments logiques pour prouver la rationalité de celle-ci.

 Nous pouvons également ressentir une certaine impuissance face à une situation qui nous semble profondément injuste. En soit, c’est comme une force qui nous empêche d’avoir les idées claires : une incapacité pure d’être rationnel, dépassé par la situation que nous jugeons inégal, et a priori injuste. L’inégalité s’applique en la présence de deux forces qui se font opposition. Une force qui n’a pas d’adversaire, qui s’oppose au néant, ne produirais en aucun cas une inégalité. Seulement, il est question ici de savoir pourquoi l’inégalité cause intrinsèquement l’injustice pure.

La première raison, le sens commun vit avec : deux rapports de force inégaux. Les différences salariales hommes et femmes sont un exemple parfait : au nom de quoi deux personnes de sexe différents et produisant des résultats équivalents perçoivent des salaires eux aussi différents ? Cette question est à la limite d’être rhétorique : en apprenant que ce genre d’inégalité existe – qui aujourd’hui a été très médiatisé et une majorité de nos contemporains sont au courant de celle-ci – notre sens de la justice entre en éveil. Nous détectons toute suite le problème, presque naturellement. Il est foncièrement abject et injuste qu’une femme parce qu’elle est une femme perçoive un salaire moins élevé qu’un homme. Dans une démocratie comme la nôtre, qui prône sans cesse l’égalité, ce genre d’inégalité – d’injustice – ne devrait pas exister. Et de surcroît, il y a aussi l’inégalité des chances à l’embauche – bien trop souvent à cause de la couleur de peau -, l’inégalité des chances à l’école – pour ceux qui viennent des milieux défavorisés, en partie à cause de leur situation – et cette liste s’étend encore en cherchant bien. En clair, les inégalités favorisent une force plutôt qu’une autre : une des forces se trouve donc défavorisée, ce qui crée inévitablement une injustice.

Et ce qui cause ce genre d’injustice dans le monde, quand les rapports de forces sont différents, c’est bien à cause de l’existence même de choses inégales. Ce sentiment d’injustice que nous pouvons expérimenter est trop souvent lié au fait que nous soyons témoin de différences. Si l’inégalité est l’essence même de l’injustice, c’est par définition parce qu’elles existent. En partant de ce principe, sans inégalité, en gommant toute trace d’inégalité dans le monde, on supprimera l’injustice de celui-ci. Un monde totalement équitable, avec une population totalement uniformisée, sans différences biologiques, sans différences de sexe, d’âge, il n’y aurait plus de raisons valables de commettre des injustices. Nous ne penserions même plus à discerner, discriminer le monde qui nous entoure s’il était uniforme en tout point.

Les inégalités sont comme nous l'avons vu précédemment génératrices d’injustices dans le monde. Elles contribuent à rendre le monde toujours plus injuste en créant des rapports de force qui tendent à déterminer un gagnant et un perdant, un favorisé et un défavorisé. Seulement, si on se penche un peu plus en détail sur comment nous avons la faculté de détecter que tel ou tel chose est injuste, bien souvent cela vient instinctivement. Nous analysons une situation injuste quasiment instantanément, comme si la notion d’injustice était ancrée en nous, déterminée naturellement. La nature, ce que l’homme s’efforce tant bien que mal à plier sous sa volonté, applique une forme de déterminisme auquel nous ne pouvons échapper. Donc, si la détection d’injustice est naturelle, si nous pouvons instinctivement dire ce qui est juste ou injuste – même sans pouvoir en donner des raisons précises –, l’inégalité serait-elle non pas l’essence de l’injustice, mais l’essence de la vie ?

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