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Philo sujet Pierre bak

Dissertation : Philo sujet Pierre bak. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Avril 2020  •  Dissertation  •  4 652 Mots (19 Pages)  •  501 Vues

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De prime abord, la présence des autres, d’autrui, peut considérablement influencer la vie de l’Homme. "Autrui" est nom commun, utilisé comme un nom propre, sans article et toujours au singulier, à la manière d'un pronom. En disant autrui la langue distingue, parmi tous les êtres différents de nous, un être défini exclusivement par la propriété de ne pas être celui qui le désigne, tout en étant identique à lui. Ainsi, "autrui" désigne quiconque, il est un autre moi comme moi, un alter ego. Cet alter ego peut se présenter comme infernal en m’imposant de nombreuses contrariétés, notamment à travers son regard. Le regard des autres est une pression dont il est difficile de s’affranchir totalement. Même lorsque nous le prétendons, il laisse rarement indifférent. Le besoin de plaire, d’être reconnu crée des attentes et nous rend très sensibles à la manière dont les autres nous perçoivent. Nous avons peur que l'autre nous renvoie une image dévalorisante de nous, image qui ne correspondrait pas à celle que nous nous faisons de nous. Cette peur fait évidemment référence à une fragilité de l'estime de soi, d'un manque de confiance en soi. La peur est alors plus forte quand l'autre est flou, insaisissable, donc dans les situations de rencontres, de contacts avec des personnes peu ou mal connues. Ainsi, il semblerait normal d’envisager la présence d’autrui comme un enfer pour l’Homme, car il redoute son jugement, et vit donc dans la peur, ce qui est infernal.

Pourtant, cette vision négative de la présence d’autrui n’est-elle pas dépassable ? La présence d’autrui ne serait-elle pas bénéfique ? Ne serait-ce pas plutôt l’absence d’autrui qui serait un enfer ? Autrement dit, autrui n’est-il pas essentiel dans notre vie ?

Autrui est mon alter ego, un autre moi qui n’est pas moi. Grâce à autrui je peux me saisir de manière indirecte, car étant un sujet conscient je souffre d’un manque d’identité, de totalité. En se présentant comme un autre moi extérieur de moi, autrui peut de manière indirecte m’aider à me saisir de manière objective. Autrui pourrait ainsi m’aider à gagner en objectivité pour acquérir des connaissances justes sur moi. Si autrui était absent je ne pourrais pas me connaître de manière objective et j’aurais une vision erronée et complaisante de moi-même. De plus, si autrui était absent je devrais vivre dans la solitude. La solitude peut être un sentiment pesant et difficile à assumer. Elle peut faire sombrer un homme dans une mélancolie profonde qui pourrait se rapprocher de l’enfer. Il semblerait ainsi que l’absence des autres pourrait être l’enfer.

En revanche, si la présence et l’absence d’autrui peuvent être un enfer pour l’homme, l’homme n’est-il pas responsable de l’enfer qui l’entoure ?

Tout d’abord, il semblerait plausible de qualifier la présence des autres comme « l’enfer ». C’est ainsi que Jean-Paul Sartre écrira dans Huis clos « l’enfer c’est les Autres ». Cette phrase est la conclusion de la pièce de théâtre Huis clos. Cette pièce a été présentée pour la première fois en 1944. Jean-Paul Sartre était un romancier, dramaturge, journaliste français engagé mais surtout l'un des plus grands philosophes du XXème siècle. Aujourd'hui, cette phrase est entrée dans la culture populaire française.

L'enfer quant à lui, est le lieu de supplice des damnés après la mort. Mais l'enfer peut être aussi une situation extrêmement pénible. Dans la phrase "l'enfer c'est les Autres", Jean-Paul Sartre joue justement sur le double sens de ce mot. Cela a d'ailleurs créé la confusion générale lors des premières représentations car les spectateurs de la pièce pensaient que Jean-Paul Sartre laissait entendre que les rapports avec les autres étaient toujours infernaux. Or, Sartre souhaitait faire passer un tout autre message : lorsque les autres deviennent une source de contrariété et d’angoisse, ils représentent alors un enfer pour nous.

C’est ainsi que d’après le philosophe, l’enfer, c’est la situation dans laquelle les autres nous imposent des contrariétés par leur présence. En effet, à travers l’exemple du regard d’autrui je vis une expérience particulière, qui est source d’angoisse. C’est ainsi que Sartre nous propose une explication philosophique, et nous rappelle tout d’abord que le solipsisme, à savoir la position qui doute de l’existence d’autrui comme sujet, est un écueil qui grandit par la façon dont je rencontre autrui. Autrui est tout d’abord un objet, même s’il est probable que cette voix, ou cette silhouette, soient des sujets. Il reste de prime abord un objet de mon monde. Pourtant Sartre décide de pousser plus loin cette apparition banale d’autrui dans mon champ de perception. Il prend l’exemple suivant: « Je suis dans un jardin public. Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette pelouse, des chaises. Un homme passe près des chaises ». La relation de cet homme à cette pelouse m’échappe. En effet, la distance entre la pelouse et cet homme est différente de celle que j’établis en tant que sujet entre ces deux objets. Lorsque je considère la relation de ces deux objets du point de vue d’autrui, en y projetant une subjectivité, il apparaît comme un élément désintégrateur de mon univers, ce dernier est comme en fuite vers une nouvelle centralité qui m’échappe. Pourtant, autrui est toujours objet et je ne fais que projeter une perception en postulant son statut de sujet. Cette expérience m’enseigne un élément central : si je veux rencontrer autrui comme sujet, celui-ci représentera alors un élément de décentralisation de mon monde, et de ce fait me transformera en objet.

C’est donc dans la révélation de mon être-objet pour autrui que je dois pouvoir saisir la présence de son être-sujet. En d’autres termes, si je veux rencontrer autrui non plus comme un objet mais comme un sujet, il faut que je me présente à lui comme un objet. Pour Sartre, le regard est objectivant par nature ; or seul un sujet peut se positionner par rapport à des objets. Le regard d’autrui me fait dès lors exister comme un dehors, me réduit à une facticité perçue. En ce sens le regard d’autrui est spatialisant et temporalisant, il m’inscrit dans un monde précis, celui de sa subjectivité. Le regard d’autrui me chosifie. On voit alors que la rencontre avec autrui par le regard destitue ma conscience de sa prétention à se faire centre du monde. Ainsi mon « être pour-autrui » n’est autre que mon moi-objet saisi par autrui dans le regard. Le regard des autres, qui est objectivant peut être vécu comme un enfer.

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