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Peut-on parler pour ne rien dire ?

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Par   •  8 Septembre 2018  •  Dissertation  •  3 953 Mots (16 Pages)  •  5 398 Vues

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SUJET : PEUT-ON PARLER POUR NE RIEN DIRE ?

Ménandre, dramaturge grec du IVème siècle avant JC a dit : « Mieux vaut se taire que parler pour ne rien dire ». Il n’est pas rare d’entendre cette expression mais est-ce réellement possible de « parler pour ne rien dire »? Cette question possède en fait un double sens car le verbe « pouvoir » signifie à la fois la capacité ou la possibilité mais aussi la permission et le droit. La question peut donc être « Sommes-nous capable de parler pour ne rien dire? » et : « Avons-nous le droit de parler pour ne rien dire ? ». Ici, il s’agit plutôt de traiter la première question car la liberté d’expression et de pensée nous permet de dire ce que l’on veut et de cette façon il nous est permis de parler pour ne rien dire si on le souhaite.

Mais que signifie « ne rien dire » ? Est-ce une question de pertinence, d’importance ou seulement dire quelque chose qui n’a pas de signification, qui ne contient aucune information ? La parole étant l’utilisation personnelle d’une langue, parler revient donc à s’exprimer dans une langue, à « émettre les sons articulés d'une langue naturelle » selon la définition la plus basique du dictionnaire. Il nous parait donc impossible de nous exprimer pour ne rien dire, pour ne pas dire quelque chose qui ai une signification. En effet, nous devrions parler toujours dans le but de dire quelque chose. Quant au langage, c’est « un élément permettant de traduire la pensée », cela signifierait qu’il est possible de penser quelque chose qui ne signifie rien ?

Nous pouvons aussi nous demander si le langage n’a qu’une seule fonction qui est de communiquer des informations ? Quelqu’un qui parle pour ne rien dire, ne nous renseigne-t-il pas, tout de même ? A l’inverse, ne parlons-nous pas plutôt pour « dire quelque chose » ?

En prenant ce sujet au sens métaphorique nous pouvons essayer de voir tout d’abord dans quel cas il est possible de parler pour ne rien dire, expression que nous définirons comme « parler pour ne rien signifier qui soit pertinent, utile ou pourvu de sens ».

Il peut arriver à tout un chacun de parler pour ne rien dire. En effet, prendre la parole pour ne rien dire qui soit important ou utile n’est pas rare et force est de constater que le bavardage quotidien fait partie des moments où nous parlons pour dire des choses insignifiantes. Bavarder, c’est « parler familièrement avec quelqu’un » dans un premier sens mais aussi « parler avec indiscrétion, raconter ce que l’on est censé taire » . Ainsi, il va de soi que quelqu’un qui bavarde, c’est quelqu’un qui se livre à des commérages mais, dans tous les cas, qui parle. Seulement, nous pouvons souligner le caractère superficiel du bavardage. Parler, dans son sens commun c’est se servir de la parole afin de retranscrire nos pensées dans un but précis. En effet, la plupart du temps nous parlons pour informer ou communiquer quelque chose qui se veut sérieux et un minimum utile. A l’inverse, bavarder c’est échanger sans but précis un flot de parole qui se révèle souvent être inutile. Quand on bavarde on ne dit rien qui soit important. En effet, quand je dis «il fait beau aujourd’hui » simplement dans le but de combler le silence, je ne dis rien qui soit important ou utile car la personne à qui je m’adresse peut, tout comme moi, se rendre compte par elle-même qu’il y a du soleil. Il s’agit, au bout du compte, de paroles gaspillées à ne rien dire. Aujourd’hui et de plus en plus, on peut voir sur les réseaux sociaux que la vie des célébrités est racontée, expliquée, étudiée. On fait de leur vie des événements importants, mais qu’est ce qui permet de dire que leurs vies sont plus importantes que celle d’une personne qui n’est pas connue. Ainsi, cela alimente les commérages. Par exemple, lors de la mort de Johnny Hallyday, les journaux n’ont pas arrêté de parler de lui et de sa famille pendant plusieurs semaines. Cependant, des hommes meurent tous les jours sans cette reconnaissance de la part du monde entier. Ainsi, les médias se sont focalisés sur cette affaire qui peut tout de même être considérée moins importante que la famine qui a lieu en ce moment même à Madagascar. Dans ce cadre, on pourrait dire que les médias parlent pour ne rien dire d’important. On remarque aussi que quand on bavarde on passe rapidement d’un sujet à l’autre, ce qui souligne le fait que tous ces sujets sont sans grande importance De la même façon, lorsqu’une personne parle, elle affirme quelque chose qui ne laisse pas place au doute. Pourtant, les rumeurs se révèlent souvent fausses ou inexactes. A nouveau, on s’exprime pour ne rien dire qui soit sûr ou vérifié. Les rumeurs, au même titre que le bavardage, sont impersonnelles. On parle pour ne rien dire d’intime, on parle au nom du « on » en supprimant le plus souvent le « tu » et le « je » de la conversation, comme le montre le « on dit que » souvent prononcé lors de commérage.

Etant donné ce caractère superficiel et inutile, pourquoi parler pour ne rien dire d’important ? Le bavardage, le commérage n’ayant aucune fin particulière quel en serait la cause et le but ? Mais dans un premier temps comment est-ce possible de pouvoir s’exprimer ainsi ? La communication chez les hommes n’est pas seulement destinée à répondre aux besoins primaires contrairement aux animaux. Ces derniers vont en effet échanger entre eux par différentes façons telles que les cris et les aboiements, simplement dans le but de subvenir à leurs besoins. En effet, leurs communications se réduit à des fins instinctives. L’homme, quant à lui, a la capacité de produire une infinité de discours possibles. C’est ce qui fait dire à Descartes que le langage est le propre de l’homme et que la parole ne convient qu’à l’homme seul. Il a ainsi l’aptitude à parler pour ne rien dire car « l’objet de la communication n’est pas déterminé à l’avance comme c’est le cas par exemple des abeilles » . Pour Descartes, parler, c’est savoir répondre « avec à-propos », être capable de varier et adapter ses réponses à toute les situations et questions possibles. De cette manière, l’homme s’exprime souvent pour des choses insignifiantes. Le plus souvent pour « casser » le silence, ce qu’on appelle la « peur ou l’angoisse du silence ». En effet, pour éviter d’être confronté au silence, l’homme va le combler par des petites phrases inutiles. Pourtant, le calme étant synonyme de paix et de quiétude, il voudrait mieux parfois se taire. L’ennui, la solitude, la peur d’être confronté à un sujet indiscret ou malvenu sont tout autant de raisons qui invitent aussi à

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