LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Peut-on faire l'éloge de l'oisiveté?

Dissertation : Peut-on faire l'éloge de l'oisiveté?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2022  •  Dissertation  •  3 063 Mots (13 Pages)  •  296 Vues

Page 1 sur 13

Peut-on faire l'éloge de l'oisiveté ?

        « Métro, boulot, dodo », cette expression courante démontre l'importance de la culture obsessionnelle du travail et de sa place dominante dans notre société. Le capitalisme pousse à considérer que « le temps c'est de l'argent » et donc à faire l'éloge, c'est à dire la louange de ce qui nous amène à donner une valeur et une estimation à de la productivité. En effet, le travail, la production et la consommation régissent nos vies, et rejettent par conséquent l'oisiveté. Ce terme, entendu comme activité consciente de production, vient du grec otium. Il représente le temps libre de l'étude et la contemplation, il est l'équivalent de la scholè grecque. Il apparaît que l'homme ne peut survivre sans travailler. C'est une contrainte naturelle, car il est l'un des animaux les moins bien dotés de la nature.  

Cependant, notre société, par le biais des producteurs et les publicitaires, nous incite à nous détendre et à ralentir le rythme comme le prouve le slogan « Netflix and chill ». Certains philosophes décident aussi de se retirer de la vie active, tel Descartes lorsqu'il décide de se confiner afin de rechercher la vérité en trouvant un principe indubitable capable de fonder la science ; « je pense donc je suis ». En faisant preuve d'oisiveté, ils partent pour mieux préparer leur retour.

Mais l'instant oisif a une fin, ce qui nous amène à nous demander si notre société est viable sans travail? L'oisiveté peut-elle devenir la norme ? Et surtout, à quelle échelle pouvons nous faire l'éloge de l'oisiveté ? Individuelle ou collective ? D'ailleurs, cela ne risque-t-il pas d'entraîner l'effrondrement de notre système économique?

Nous verrons dans un premier temps que notre société blâme l'oisiveté, à travers la consommation, la condamnation et la culpabilisation. Ensuite,  l'oisiveté est source de bénéfice sur la santé et sur le travail : partir pour mieux revenir. Enfin, nous analyserons le fait que l'oisiveté peut être utilisé comme une arme politique.

L'enjeu est donc politique, économique et éthique puisqu'il nous pousse à remettre en question notre structure de la société, et plus largement de choisir un art de vivre.

        Tout d'abord, la société fait le blâme, c'est à dire qu'elle porte un jugement de désapprobation de l'oisiveté. Elle le condamne et met plutôt en avant le travail, permettant de trouver un sens à nos vies. De ce fait, nous faisons face à une culpabilisation de l'oisiveté, qui est alors associé à de la fainéantise et à de la paresse. Une question émerge : notre société est viable sans travail ?

Pour commencer, dans notre société capitaliste, l'oisiveté représente un véritable danger pour nos vies. En effet, si nous ne travaillons pas, nous nous mettons en péril et nous ne pouvons subvenir à nos besoins. Dans la célèbre fable de Jean de La Fontaine, La Cigale et la fourmi, la cigale a fait preuve d'oisiveté tout l'été en chantant et en dansant. Tandis que la fourmi récolte le fruit de son labeur estival durant l'hiver, la cigale est démunie et elle paie sa non prévoyance. Par conséquent, comme la fourmi refuse de partager ses vivres, la cigale se retrouve seule sans ressources : elle ne peut pas survivre à l'hiver. Le schéma se reproduit dans notre société : si nous faisons l'éloge de l'oisiveté, nous ne travaillons pas, donc il n'y a plus de production et par conséquent, plus de consommation. Nous n'aurions donc pas à manger, pas de quoi nous vêtir ni nous loger sans le travail. De ce fait, c'est l'effondrement de notre modèle économique et social. La société rejette donc l'oisiveté et même, parfois, en fait le blâme. C'est le cas en Corée du Sud, où le nombre maximal d'heures de travail par semaine est de 52 heures, bien que ce nombre soit rarement respecté. En comparaison, en France, le nombre d'heures maximal est de 35 heures. En Corée du Sud, il y a un culte obsesionnel du travail très ancré, ainsi qu'une culture d'entreprise militaire avec un dévouement total des employés. Beaucoup de coréens dorment sur leur lieux de travail et délaissent leurs familles et amis. C'est alors que ce crée une routine, « Métro, boulot, dodo », et plus largement un monde du travail. Le maréchal Pétain, à la tête du gouvernement de Vichy, place le travail au cœur de sa devise « Travail, famille, patrie ». Ainsi, la société condamne l'oisiveté au profit du travail, acteur nécessaire de nos vies. C'est d'ailleurs pour cela que le travail est une activité proprement humaine qui vise à répondre à nos besoins, elle semble donc naturelle.

Ensuite, le travail peut parfois être considéré comme le sens, le but de la vie. Il s'associe à une vocation, un rêve d'enfant et peut réunir loisirs et travail. En Allemagne, pour désigner le travail qui signifie aussi œuvrer, les allemands parlent de « werken ». Dans son autobiographie, Mémoire d'une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir justifie sa vie à travers son livre, « Je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce vœu. (…). En écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence ». Ainsi, l'écriture, qui été d'abord un loisir pour elle, est devenue une œuvre qui lui permet non seulement de gagner sa vie, mais aussi d'y trouver un sens. En effet, de nos jours, la société des loisirs côtoie la société du travail. Hannah Arendt, dans son ouvrage La condition de l'homme moderne, étudie le concept de la vita activa qu'elle souhaite mettre en avant, indépendamment du concept de la philosophie antique de la vita comtemplativa. La vita activa représente trois activités humaines fondamentales : le travail, l’œuvre et l’action. Elle émet l'hypothèse que ces activités doivent être mises en avant sur le même plan dans toutes les activités humaines. Elles sont donc autant essentielles les unes que les autres. En effet, par exemple, les artistes travaillent des œuvres. Mais leur métier est parfois considéré comme un loisir, surtout que l'essence du travail d'un comédien et d'un musicien est le « jeu ». Néanmoins, un musicien travaille ses gammes, passe par l'apprentissage du solfège et développe sa technique, ce qui représente de nombreuses heures de répétitions. De plus, son travail devient un objet de consommation à travers les concerts et les disques. Ainsi, il met en avant le principe de vita activa.

...

Télécharger au format  txt (18.6 Kb)   pdf (110.8 Kb)   docx (13.9 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com