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Mémoires de saint simon

Dissertation : Mémoires de saint simon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Novembre 2022  •  Dissertation  •  1 758 Mots (8 Pages)  •  267 Vues

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MOBAREK
Myriam
TG3

TRAVAIL DE RÉFLEXION À PARTIR DES MÉMOIRES DE SAINT-SIMON


  1. Mais la charité́ peut-elle s’accommoder du récit de tant de passions et de vices, de la révélation de tant de ressorts criminels, de tant de vues honteuses, et du démasquement de tant de personnes, pour qui sans cela on aurait conservé de l’estime, ou dont on aurait ignoré́ les vices et les défauts ?


La charité (l’amour des autres), une des trois vertus théologales du christianisme, peut-elle s’adapter au récit qui dévoile les vices et passions des personnages ? Car sans ce récit dévoilant, on ne connaîtrait pas les vices du personnage et on leur accorderait de l’estime.

  Une des valeurs fondamentales dans le christianisme est la charité. En effet, le chrétien est appelé à aimer son prochain, qui est comme lui, une créature de Dieu. Saint-Simon, lui-même chrétien, s’interroge sur la valeur morale de l’entreprise autobiographique. Et dans cet avant-propos de ses
Mémoires, il pose notamment la question du jugement de ses contemporains.
  Une opposition se fait dans son esprit. D’un côté, il juge utile de toujours dire la vérité dans les récits d’histoire. Car pour lui, une lecture non approfondie, de faits « crus », « nus », n’est que « pesant » et « inintelligible ». L’histoire doit pour lui se faire curieuse, intéressante. Pour atteindre ce but, il est nécessaire d’exposer les vertus et les vices des personnages, leurs liaisons entre eux. Il ne faut donc pas juste raconter les actions dans leur globalité et simplicité, mais creuser le pourquoi du comment, les causalités, les répercussions, les passions.
  De plus, il commence son discours en expliquant que le Saint Esprit lui-même écrivait des histoires profanes, c’est-à-dire des récits non religieux, bien que cette activité ne soit pas mentionnée comme telle dans le monde chrétien. L’écriture profane est bien sûre liée à l’entreprise des hommes, mais Saint-Simon démontre que le Saint-Esprit lui-même avait recourt à l’écriture de récits non corrélée à la religion. Donc si le Saint-Esprit lui-même entreprenait ce genre de récit, il est tout à fait justifié que les humains puissent le faire de même. Néanmoins, Saint-Simon décide de laisser de côté cette démonstration, et va essayer de chercher d’autres arguments pour résoudre son « problème ».

   Maintenant, Saint-Simon se demande si cette entreprise de dépeindre ses contemporains comme ils le sont, c’est-à-dire avec et sans leurs vices, correspond bien aux valeurs du christianisme, et notamment la charité. La charité, c’est aimer son prochain, nous l’avons déjà défini. Mais évidemment, on ne peut pas aimer tout le monde. Nous n’avons pas tous les mêmes valeurs, les actions des uns peuvent nous déranger, ou bien simplement, leur personnalité peut ne pas nous séduire. Ainsi, décrire quelqu’un et ses actions de manière péjorative viendrait à nuire à sa réputation. Cette personne pourrait être blessée, pourrait nous en vouloir, être offensée. Mais mentir sur cette personne, en dire des bonnes choses sans les penser, ce serait ne pas dire la vérité ! Alors dans quelles limites pouvons-nous être réellement charitable ? Est-ce que la charité a des bornes ? Il semblerait que oui. Admettons qu’une personne soit mauvaise. Qu’elle ait fait du mal, qu’elle ait causé du tort à ses pairs. Doit-on la dépeindre de manière vertueuse ? Non, car tout d’abord, ce serait mentir. De plus, dire la vérité sur cette personne permettrait aux bonnes personnes d’être prévenues sur le comportement de cette personne. Ainsi, le mal et les mauvaises surprises seront le plus possible évitées. Dire seulement du bien d’un personnage et omettre ses vices, et le tout seulement au nom de la charité, paraît trompeur.
Par exemple : un personnage est dépeint de manière vertueuse, de sorte à ce que le lecteur lui porte une estime favorable. Mais l’auteur omet de décrire ses vices et le mal qu’il a pu faire à ses pairs. L’auteur connaît ses vices, mais il a fait exprès de ne pas les mentionner. Il donne ainsi une fausse image de ce personnage en connaissance de cause. Les victimes de ce personnage et les violences commises par le personnage ne sont pas reconnues. Les lecteurs assimileront une image illusoire du personnage, ne sauront jamais que cette personne ait pu faire du mal. Et tout ça au nom de la charité. Mais est-ce charitable envers les victimes du personnage ? La charité doit alors être un outil de « protection » pour les « bonnes personnes ». Elle doit pouvoir prévenir des vices des entourages de chacun, et éloigner le mal le plus possible.
Il faut évidemment ajouter que personne n’est totalement « bon » ou « mauvais », ce qui rend ce dilemme bien particulier et difficile. Tous les personnages sont indivisibles, ils présentent tous des qualités et des défauts. Alors il pourrait s’agir de les dépeindre dans toute la vérité, décrire le personnage le plus fidèlement possible, et essayer de porter le moins de jugement possible. Il est effectivement plus facile d’avoir une vision plus objective et reculée sur un personnage mort il y a plusieurs générations auparavant plutôt qu’un personnage contemporain. Là est toute la difficulté.

  1. Une innocente ignorance n’est-elle pas préférable à une instruction si éloignée de la charité́ ?

   Comme dit précédemment, donner une fausse image d’un personnage qui a par exemple commis des violences sur quelqu’un serait injuste pour les victimes de ce personnage, et ce ne serait alors pas charitable. Nous avons donc vu que la charité devait être un outil de protection et de prévention.

  Maintenant, on peut d’abord s’interroger sur « l’innocente ignorance ». Est-ce que l’ignorance est forcément innocente ? Nous pouvons aborder l’ignorance des enfants. L’enfant ne connaît rien du monde qui l’entoure, il grandit et assimile de plus en plus son environnement. Il commence à apprendre, à se cultiver. Cette ignorance est innocente, car ses facultés ne lui permettent pas de tout connaître sur le champ.
Mais dans le cas des adultes : l’adulte possède toutes les capacités pour apprendre. Être ignorant ne semble pas être innocent. L’ignorance ne sert qu’à se voiler la face. Elle sert à ne pas bousculer la vie des individus, à les chérir dans leur illusion. Ce n’est en fait qu’un faux semblant. Les personnes ignorantes se consolent dans cette ignorance pour continuer à vivre une vie tranquille. Si l’on ne sait rien, alors on ne rencontre pas de problèmes. Il est donc nécessaire d’être instruit, même si cette instruction semble se situer aux antipodes de la charité prescrite par la religion de Saint-Simon. Comme dit plus tôt, n’est-il pas plus nécessaire d’être charitable envers les bonnes personnes, plutôt que de se mentir à soi-même et se convaincre que les mauvaises personnes n’en sont pas ? La charité n’est pas une vertu qui permet aux mauvaises personnes d’être dépeinte comme de bonnes personnes. La charité peut même très bien découler de l’instruction ! Elle qui semble « si éloignée de la charité » ! En effet, si nous sommes instruits, nous sommes emplis de connaissances. On apprend à être critique, on apprend d’autres valeurs. Alors savoir les vices des uns et des autres ne relève pas forcément de la non-charité ! Les personnes instruites savent que le monde n’est pas manichéen, c’est-à-dire le mal d’un côté, le bien de l’autre. Ces personnes instruites ne seront donc pas systématiquement dans le jugement. En fait, le savoir permet la charité, ce que l’ignorance ne permet pas. Si nous ignorons les vices des autres, comment pouvons-nous être véritablement charitable ? Si on ment, alors nous ne sommes pas véritablement charitables. Ce n’est qu’un mensonge pour prétendre atteindre la charité.

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