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La définition de la vérité comme adéquation entre la raison et le réel est-elle satisfaisante ?

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Par   •  1 Décembre 2020  •  Cours  •  3 610 Mots (15 Pages)  •  846 Vues

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Leçon 2 : Les critères de la vérité

La définition de la vérité comme adéquation entre la raison et le réel  est-elle satisfaisante ?

(Notions : La vérité – La raison)

Etudes de cas

  • Un médecin sachant que son patient était gravement malade ne lui a pas dit la réalité de son état. Trouvez-vous cette attitude légitime ? (Cf. article R.4127-35 du code de la santé publique), (Cf. Constant vs Kant : Droit de mentir par humanité (exercice)).
  • Un jeune homme et une jeune femme sortent ensemble. La jeune femme accuse le jeune homme d'avoir eu une attitude violente à son égard. Le jeune homme affirme de son côté qu'il s'agit de la part de son amie d'une interprétation excessive. Peut-on dire que lorsqu'il y a un différend entre deux personnes que chacun à une interprétation légitime des faits ? (Cf. La domination masculine (Documentaire)).

Exercices

Exercice 1 : Texte 1 : Benjamin Constant, Des réactions politiques.

« Je prends pour exemple le principe moral que je viens de citer, que dire la vérité est un devoir. Ce principe isolé est inapplicable. Il détruirait la société. Mais, si vous le rejetez, la société n'en sera pas moins détruite, car toutes les bases de la morale seront renversées. Il faut donc chercher le moyen d'application, et pour cet effet, il faut, comme nous venons de le dire, définir le principe. Dire la vérité est un devoir. Qu'est-ce qu'un devoir? L'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre. Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui.

Voilà, ce me semble, le principe devenu applicable. En le définissant, nous avons découvert le lien qui l'unissait à un autre principe, et la réunion de ces deux principes nous a fourni la solution de la difficulté qui nous arrêtait.

Observez quelle différence il y a entre cette manière de procéder, et celle de rejeter le principe. Dans l'exemple que nous avons choisi, l'homme qui, frappé des inconvénients du principe qui porte que dire la vérité est un devoir, au lieu de le définir et de chercher son moyen d'application, se serait contenté de déclamer contre les abstractions, de dire qu'elles n'étaient pas faites pour le monde réel, aurait tout jeté dans l'arbitraire. Il aurait donné au système entier de la morale un ébranlement dont ce système se serait ressenti dans toutes ses branches. Au contraire, en définissant le principe, en découvrant son rapport avec un autre, et dans ce rapport le moyen d'application, nous avons trouvé la modification précise du principe de la vérité, qui exclut tout arbitraire et toute incertitude.  

C’est une idée peut-être neuve, mais qui me paraît infiniment importante, que tout principe renferme, soit en lui-même, soit dans son rapport avec un autre principe, son moyen d’application. »

 

Questions :  

  1. Pourquoi la société serait-elle détruite si tout le monde disait la vérité ? Faut-il pour autant mentir ?
  2. Qu’est-ce qu’un devoir ? Pourquoi la vérité n’est-elle un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité ? comment Constant a-t-il rendu le « principe » applicable ?
  3. Quel risque y a-t-il à donner des règles de morale abstraites ?  
  4. Dans quelle mesure un principe renferme-t-il en soi ou dans son rapport à un autre son moyen d’application ?
  5. Quelle différence existe-t-il, selon Constant, entre les droits et les devoirs. Pourquoi les uns ne peuvent-ils pas exister sans les autres ?

Exercice 2 : Texte 2 : Emmanuel Kant, D’un prétendu droit de mentir par humanité.

« Ainsi, Il suffit donc de définir le mensonge comme une déclaration volontairement fausse faite à un autre homme, et il n’y a pas besoin d’ajouter cette condition, exigée par la définition des juristes, que la déclaration soit nuisible à autrui.  Car il nuit toujours à autrui : même si ce n’est pas à un autre homme, c’est à l’humanité en général, puisqu’il disqualifie la source du droit.  Mais ce mensonge par bonté d’âme peut même, par accident, tomber sous le coup des lois civiles ; or ce qui n’échappe à la sanction que par accident, peut également être réputé injuste selon des lois extérieures. C’est ainsi que si tu as par un mensonge empêché quelqu’un d’agir alors qu’il s’apprêtait à commettre un meurtre, tu es juridiquement responsable de toutes les conséquences qui pourraient en découler. Mais si tu t’en es tenu à la stricte vérité, la justice publique ne peut s’en prendre à toi, quelles que puissent être les conséquences imprévues qui s’ensuivent. Il est cependant possible que, après que tu as loyalement répondu par l’affirmative au meurtrier qui te demandait si celui à qui il en voulait était dans ta maison, ce dernier en soit sorti sans qu’on le remarque et ait ainsi échappé au meurtrier, et qu’ainsi le forfait n’ait pas eu lieu ; mais si tu as menti et dit qu’il n’était pas à la maison, et que de fait il soit effectivement sorti (encore que tu ne le saches pas), supposé que le meurtrier le rencontre lors de sa sortie et perpètre son acte, c’est à bon droit qu’on peut t’accuser d’être à l’origine de sa mort. Car si tu avais dit la vérité exactement comme tu la savais, peut-être que le meurtrier cherchant son ennemi dans la maison aurait-il été arrêté par les voisins accourus et le crime aurait été ainsi empêché. Donc celui qui ment, si généreuse que soit son intention en mentant, doit répondre des conséquences de son mensonge, même devant les tribunaux civils, si imprévues qu’elles puissent être. C’est que la véracité est un devoir qui doit être considéré comme la base de tous les devoirs à fonder sur un contrat, devoirs dont la loi, si on y tolère la moindre exception, devient chancelante et vaine.

C’est donc un commandement sacré de la raison, absolument impératif, et qu’aucun inconvénient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’être véridiques (loyaux) dans toutes nos déclarations. »

 

Questions :  

  1. Pourquoi le mensonge nuit-il toujours à autrui ? Qu’est-ce qu’un mensonge par bonté d’âme ? Donnez des exemples. Pourquoi le mensonge peut-il être une injustice « selon des lois extérieures » ?
  2. Pourquoi le menteur est-il responsable des conséquences de son mensonge, même pour des actes qu’il ne commet pas lui-même ? Pourquoi n’est-ce pas le cas de celui qui dit la vérité ?
  3. Pourquoi un seul mensonge remet-il en cause le fondement même de la loi ? Pourquoi dire la vérité est-il un « commandement de la raison » ?
  4. Quelle différence Kant fait-il entre « un homme » et « l’humanité » ? Pourquoi cette différence est-elle centrale pour sa critique du droit de mentir ?

Exercice 3 : Sujet de réflexion : Faut-il toujours préférer la vérité au mensonge ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

  • L’ambition du philosophe serait bien d’embrasser le réel par la pensée :
  • étant bien entendu que « réel », compris ici au sens restreint, signifie, conformément à l’étymologie latine « res » (« la chose »), ce qui existe effectivement, et non pas seulement à titre de possibilité logique ou de production de l’imagination, et ce qui existe concrètement, et non pas simplement en idée, ou comme une pure abstraction. (Cf. Abstrait/concret).
  • Peut-on raisonnablement attendre de la « raison » (« faculté de penser ») qu’elle rende intégralement compte de tout ce qui existe effectivement ? (Cf. Idéal/réel).
  • Peut-on réduire le réel à ce que la raison peut en connaître objectivement ? (Cf.

Objectif/subjectif/intersubjectif).

  • On définit classiquement la vérité comme la conformité (l’adéquation) entre un jugement, ou plus généralement une pensée affirmant quelque chose à propos de quelque chose, et l’état de chose auquel il renvoie.
  • Cf. Définition scolastique : « Adaequatio intellectus et rei ».
  • L’étymologie  de « vérité », le latin « veritas », comprend une double dimension puisqu’il signifie à la fois exactitude du jugement porté et droiture morale.
  • Dans le latin et contrairement au grec, le terme de veritas ne connote pas l’idée de manifestation, de sortie hors de l’« oubli » (« léthé »), d’entrée dans la clarté de l’apparaître, de dévoilement, qui caractérise son équivalent en grec ancien « alethéia ».
  1. Le réel est-il rationnel ?  
  • On pourrait être tenté de considérer que la raison doit se détourner du « réel » sensible, perpétuellement changeant et corruptible, et se mettre en quête de réalités vraies, entités qui seraient d’un autre ordre, supérieur au sensible. (Cf. Platon : Les « Idées »).
  • Toutefois, la raison se résigne difficilement à admettre que le monde des apparences sensibles ne soit pas vraiment « réel ».
  • On appelle rationalisme l’attitude d’une raison qui prétend étendre à l’ensemble de la réalité la possibilité d’une connaissance objective, voire modeler la pratique conformément aux idéaux de la raison.
  • Le propre de la science moderne est de postuler que la réalité naturelle dans son ensemble est dotée d’une structure mathématique, connaissable par la raison.

- Ce n’est pas dans le monde des Idées, mais au cœur même des phénomènes, que s’inscrirait l’intelligibilité mathématique du réel.

  • Le rationalisme n’en reste pas là : il va chercher à découvrir du rationnel dans tous les ordres de réalité, y compris les faits humains, en particulier dans le champ éthique et politique.
  1. La raison peut-elle vraiment dévoiler le réel ?  
  • Kant s’est efforcé de montrer que la raison humaine se heurte, dans son effort de connaissance, à des limites indépassables.
  • C’est que la raison n’est pas seule : la sensibilité constitue l’autre source principale de la connaissance.
  • Le réel connaissable, ce sont les apparences sensibles dont l’enchainement est réglé par les lois que leur prescrit la raison : les « phénomènes ».
  • Ce que pourrait être le réel indépendamment des conditions de sa perception par nos, la raison n’en peut rien savoir. Les « choses en soi » (« noumènes ») sont inconnaissables.  Cf. Physique quantique…  

 

 

 

  1. La raison fait-elle violence au réel ?
  • Il semble que l’alliance proprement moderne du savoir (scientifique) et de la puissance (technique) tende de plus en plus à soumettre le réel au pouvoir de la raison.
  • Dès les premiers pas de la science moderne, la raison s’est dotée d’un caractère opératoire qui lui a donné une prise effective sur le réel.
  • La réflexion philosophique sur le lien entre « raison » et « réel » doit avant toute chose rendre compte de l’objectivation du réel par la rationalité scientifique.
  • Il faut pour cela partir à la rencontre des sciences de la nature et de leur approche expérimentale de la matière.
  • Mais aussi établir les titres des « sciences de l’homme » au rang de connaissance objective des faits proprement humains.
  • Or, appliqué aux divers champs de l’expérience, le savoir peut sembler moins rigoureux que s’il se déployait a priori, de manière purement formelle. (Cf. Analyse/synthèse).
  • Est-ce à dire que l’écart entre la raison et le réel ne puisse être surmonté ? Ou que les savoirs doivent prétendre à des méthodes différentes, chacune ayant sa rigueur propre ?
  • Il faut en tous cas distinguer la certitude mathématique des autres modes de savoir.  

 

  1. L’opinion et la vérité

4.1 Pourquoi tient-on ses opinions pour vraies ?

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