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Foucault Discipline

Commentaire de texte : Foucault Discipline. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 139 Mots (9 Pages)  •  338 Vues

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Maria Elisabetta Remelli ———————————————————————————— Philosophie

Explication de texte : Michel Foucault, Surveiller et Punir, Gallimard, 1975, pages 251-252

«La « discipline » ne peut s'identifier ni avec une institution ni avec un appareil; elle est un type de pouvoir, une modalité pour l'exercer, comportant tout un ensemble d'instruments, de techniques, de procédés, de niveaux d'application, de cibles ; elle est une « physique » ou une « anatomie » du pouvoir, une technologie. Et elle peut être prise en charge soit par des institutions « spécialisées » (les pénitenciers, ou les maisons de correction du XIXe siècle), soit par des institutions qui s'en servent comme instrument essentiel pour une fin déterminée (les maisons d'éducation, les hôpitaux), soit par des instances préexistantes qui y trouvent le moyen de renforcer ou de réorganiser leurs mécanismes internes de pouvoir (il faudra un jour montrer comment les relations intra-familiales, essentiellement dans la cellule parents-enfants, se sont « disciplinées », absorbant depuis l'âge classique des schémas externes, scolaires, militaires, puis médicaux, psychiatriques, psychologiques, qui ont fait de la famille le lieu d'émergence privilégié pour la question disciplinaire du normal et de l'anormal); soit par des appareils qui ont fait de la discipline leur principe de fonctionnement intérieur (disciplinarisation de l'appareil administratif à partir de l'époque napoléonienne), soit enfin par des appareils étatiques qui ont pour fonction non pas exclusive mais majeure de faire régner la discipline à l'échelle d'une société (la police). On peut donc parler au total de la formation d'une société disciplinaire dans ce mouvement qui va des disciplines fermées, sorte de « quarantaine » sociale, jusqu'au mécanisme indéfiniment généralisable du « panoptisme ». Non pas que la modalité disciplinaire du pouvoir ait remplacé toutes les autres mais parce qu'elle s'est infiltrée parmi les autres, les disqualifiant parfois, mais leur servant d'intermédiaire, les reliant entre eux, les prolongeant, et surtout permettant de conduire les effets de pouvoir jusqu'aux éléments les plus ténus et les plus lointains. Elle assure une distribution infinitésimale des rapports de pouvoir. »

Dans cet extrait de l’ouvrage Surveiller et punir publié en 1975, Michel Foucault donne une définition de la notion de discipline dans laquelle il élabore les caractéristiques d’un concept complexe et explique dans quelle mesure il s’articule dans les instances sociales, institutionnelles, ainsi que dans l’ensemble des mécanismes de pouvoir. En outre, il utilise cette définition généraliste de la notion pour l’insérer dans son argumentaire à propos de la surveillance et la corréler avec la société disciplinaire. Comment la notion de discipline représente une ambivalence entre le fait qu’elle soit à la fois une condition nécessaire d’existence du pouvoir et un instrument d’exécution des rapports de pouvoir ? Nous analyserons cet extrait en expliquant dans un premier temps le premier mouvement du texte de : « La ‘discipline’» jusqu’à : « (…) l'échelle d'une société (la police).», qui constitue la définition de la notion de discipline et la prise en compte de ses moyens d’articulations ; puis nous commenterons le second mouvement du texte de «On peut donc parler (…)» jusqu’à la fin, qui exprime dans quel sens la discipline émane des rapports de pouvoir tant elle joue un rôle prépondérant dans ses mécanismes.

I. Définir la discipline et ses articulations : «La « discipline » à : «l'échelle d'une société (la police). »

La « discipline » ne peut s'identifier ni avec une institution ni avec un appareil.” La discipline est une notion abstraite. Ici, Michel Foucault utilise la négation pour procéder par élimination à ce que la discipline n’est pas. En outre, on doit dire que la définition n’est pas définissable uniquement sur un pan d’analyse. Ici, le terme d’appareil renvoie aux appareils de pouvoir et aux mécanismes sociaux. Ici la notion d’institution renvoie à une norme officielle et légale qui dépend d’un pouvoir organisationnel. “elle est un type de pouvoir, une modalité pour l'exercer, comportant tout un ensemble d'instruments, de techniques, de procédés, de niveaux d'application, de cibles ;” Foucault abandonne la négation pour laisser place à une définition détaillée de la notion de discipline notamment avec l’énumération d’un ensemble de concepts relatifs à cette dernière. La discipline constitue l’imposition de règles, et son existence dépend dans le fait qu’elle s’applique dans un “type de pouvoir”, d’où le terme de “modalité”. Pour ce faire, elle utilise un ensemble de lois. Ici Foucault utilise les termes “instruments”, “techniques”, “procédés” pour façonner les conditions systémiques d’existence de la notion. Elle dépend d’un certain nombre de normes données, d’un contexte dans lequel elle est appliquée, et en cela, elle est destinée à un public défini. Par exemple, dans l’école il y a une organisation structurée avec une hiérarchie, des enseignants qui déteignent des connaissances qu’ils peuvent transmettre par la discipline et dont les “cibles” sont les élèves, régulés par rapport à des horaires. “elle est une « physique » ou une « anatomie » du pouvoir, une technologie.” Foucault poursuit l’énumération en corrélant des termes scientifiques pour expliquer la notion de discipline. En effet, donner une scientificité à cette notion, notamment avec les termes “physique” et "anatomie", construit la discipline comme un concept structurel. D’autant plus que la notion d’anatomie fait écho à la science qui étudie la forme et la structure d’un corps, ainsi que de l’ensemble des attributs qui le constitue. La physique est elle-aussi une science qui s’appuie notamment sur l’élaboration de concepts par l’expérimentation. La notion de technologie renvoie également à un ensemble de techniques, de procédés et de moyens dans un domaine donné. Avec cette analogie à la science, la discipline apparaît donc comme un corps à la fois structuré et structurel relatif à une instance, en l'occurrence ici celle du “pouvoir”. Elle se suffit donc à elle-même seulement si elle est comprise dans une instance de pouvoir : c’est le fait qu’elle soit exercée qui justifie ses moyens d’existence. “Et elle peut être prise en charge soit par des institutions « spécialisées » (les pénitenciers, ou les maisons de correction du XIXe siècle),” : Ainsi, après avoir donné une définition au sens large de la notion de discipline, Michel Foucault évoque les modalités d’existence et de mise en place de celle-ci. En effet, il utilise ce procédé pour décrire l’ensemble des façons dont la notion se développe, et effectue des micro-analyses de l’ensemble des instances dans lesquelles elle est représentée. Il énumère en premier les “institutions spécialisées”. Ici le terme “spécialisé” renvoie à la singularité et la particularité d’une institution donnée, qui dépend uniquement de la discipline. Dans l’ouvrage Surveiller et Punir, Michel Foucault établit une historicité des sévices et des punitions. Les “pénitenciers” et les “maisons de correction du XIXè” sont des exemples de ces institutions particulières qu’il développe également dans le premier chapitre. 

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