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Faut-il se méfier de sa conscience ?

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Par   •  19 Juin 2022  •  Dissertation  •  2 075 Mots (9 Pages)  •  725 Vues

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Faut-il se méfier de sa conscience ?

Avant le cours de philosophie de terminale, peu d’entre nous avaient réfléchi au fait que chacun possède une conscience, sans doute car l’usage de cette dernière est si habituel depuis l’enfance qu’elle passe de fait inaperçue. Mais en même temps nous faisons tous des erreurs, ce qui signifie que notre conscience se trompe. On pourrait alors se demander : « Faut-il se méfier de notre conscience ? » Autrement dit est-il possible et nécessaire de suspendre la confiance que l’on accorde spontanément à sa conscience ?

La conscience est la représentation de soi et du monde extérieur, elle est une présence à soi dans chacune de nos représentations. Il semble que chacun de nous se fie spontanément à ses représentations et intuitions conscientes, c’est à dire les considère comme valables voire certaines. Cela semble même une condition vitale chez l’homme. La question peut donc surprendre, et l’étonnement s’accroit lorsqu’on réfléchît au verbe « se méfier ». En effet on peut penser que la conscience soit capable de se corriger au contact du réel sans que cela génère du soupçon à son égard. Mais si on pense à tout ce qui trompe notre conscience, des erreurs peuvent passer inaperçues dans la vie quotidienne : les illusions, les fausses-évidences ou les préjugés. Comment alors les corriger si notre conscience les ignore ? De plus cette action (la méfiance envers sa propre conscience) soulève un problème logique. Comment en effet remettre en cause la faculté qui nous permet la remise en question ? Est-il possible qu’une conscience se méfie d’elle même tout en continuant à exercer son rôle essentiel lorsque nous sommes éveillés ? Il semble donc tout d’abord nécessaire de comprendre qu’il est difficile voire risqué de remettre radicalement en question sa conscience dans la vie quotidienne. Mais en même temps on doit se demander si celui qui dans son existence ne s’est jamais méfié de ses représentations habituelles ne se prive pas de la possibilité intellectuelle et psychologique de démasquer en lui les préjugés, les illusions ou les dogmes qu’il suit sans que sa conscience ne s’en rende compte. Comment concilier alors la confiance nécessaire dans sa conscience avec le besoin de se remettre en cause pour rechercher la vérité ? Et comment choisir parmi nos certitudes celles qu’il faut remettre en doute?

Il semble impossible de ne pas faire confiance à sa conscience pour vivre au quotidien. Pour survivre, il est nécessaire en effet de se fier à ses représentations ; la plupart de nos actions se fondent sur une confiance implicite dans ce que l’on perçoit spontanément du monde extérieur mais aussi de nous-mêmes. Le simple fait de se vêtir manifeste que nous adhérons sans distance critique à la manière dont notre conscience interprète ses perceptions : le mouvement des branches de l’arbre le matin, la couleur de la lumière, la période de l’année…et nous mettons une veste pour sortir, la plupart du temps à juste titre. Cette décision s’est faite avec une impression de facilité, il ne nous a pas été nécessaire de réfléchir au fait qu’il existe des vents froids mais aussi des vents chauds, qu’il peut aussi faire doux en automne, que la lumière peut être faible le matin. Non, spontanément nous nous fions à nos impressions conscientes car habituellement elles s’avèrent bonnes. De plus un questionnement trop prolongé sur la tenue adéquate nous aurait sans doute mis en retard au lycée.  Il semble de fait que la confiance rapide qu’on accorde à sa conscience aille de pair avec le besoin de s’intégrer aux multitudes exigences de la réalité quotidienne. Cette absence de doute quotidien est même gage d’efficacité et signe de maturité. La fiabilité des représentations de sa conscience semble confortée par ce que nous a appris l’expérience mais aussi par des comportements ou pensées identiques chez les autres adultes. Nos représentations conscientes nous semblent d’autant plus fiables que nous sommes très nombreux à adopter les mêmes. Et le fait de partager généralement les mêmes perceptions du monde avec nos semblables semble garantir son objectivité et permettre donc de vivre avec des certitudes multiples, habituelles et indispensables à notre intégration effective dans le monde réel. Cependant l’histoire des sciences nous apprend que les sens et la majorité peuvent se tromper notamment pour comprendre les phénomènes. Mais d’ordinaire, s’il arrive qu’on doute, le questionnement ne peut se prolonger longtemps car les impératifs du quotidien nous pousseront à prendre une décision, même si celle si cette dernière ne se fonde plus sur une certitude absolue mais sur ce qui nous semble le plus vraisemblable ou le plus utile à ce moment précis. C’est ce qu’analyse Descartes dans le Discours de la méthode, au début de la quatrième partie : « J’avais dès longtemps remarqué que, pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu’on sait être fort incertaines ». Lorsque Descartes décide de remettre en doute toutes ses représentations conscientes, il se livre à un exercice intellectuel inhabituel et délibéré dans un contexte qui lui permet de se détacher des urgences du quotidien.

Doit-on conclure alors que ceux qui sont pris par le doute prolongé sur eux-mêmes ne puissent mener une vie normale ? Doit-on aussi conclure que seuls quelques penseurs peuvent se consacrer à la recherche de la véritéen remettant en question les données immédiates de la conscience?

Cela reviendrait à admettre que la majorité des hommes, pris par les nécessités, devraient se contenter d’opinions communes et se fier aux résultats intellectuels d’une élite. Cela reviendrait aussi à ne pas comprendre comment un penseur comme Descartes a pu élaborer des connaissances alors même qu’il s’est méfié de tout ce que lui apprenait sa conscience.

Il importe donc à présent de se demander s’il ne serait pas utile pour chacun d’entre nous de savoir remettre en question ses certitudes pour prendre conscience de ses erreurs, de préjugés ou d’illusions. Mais il faudra pour cela au préalable se demander comment une conscience peut être à la fois le sujet de la remise en cause et l’objet du doute prolongé.

Il est intéressant pour cela de comprendre comment Descartes peut être le philosophe du doute radical sans devenir un sceptique, c’est à dire sans conclure que l’homme ne peut atteindre aucune vérité. Au terme de l’exercice où il révoque en doute le vraisemblable pour atteindre le vrai, la seule certitude indubitable à laquelle il aboutit est le cogito, c’est à dire la certitude d’être une conscience chaque fois qu’il pense.

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