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Faut-il mettre des bornes à l'échange ? dissertation de philosophie à partir de l'étude des "Politiques" d'Aristote

Dissertation : Faut-il mettre des bornes à l'échange ? dissertation de philosophie à partir de l'étude des "Politiques" d'Aristote. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  12 Décembre 2017  •  Dissertation  •  2 097 Mots (9 Pages)  •  1 059 Vues

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Faut-il mettre des bornes à l’échange ?

Aujourd’hui, le libéralisme économique est très souvent au cœur des sociétés. C’est-à-dire que l’on considère que le marché s’autorégule et qu’il ne faut surtout pas mettre de bornes à l’échange : ne pas interférer, ne pas le réguler au moyen de lois, de taxes incitatives… En effet échanger est primordial comme le dit Aristote dans Les Politiques : « il y a échange de tout : il a son origine première dans ce fait conforme à la nature que les hommes ont parfois plus, parfois moins des choses qu’il leur faut » ainsi les hommes s’échangent les biens de façon à ce que tout le monde puisse répondre à ses besoins sans pour autant être autarcique. La monnaie régule cet échange. L’échange apparaît donc comme naturel ainsi doit-on interférer dans quelque chose de naturel ? Il est vrai que d’un autre côté le marché a ses limites dans le sens où il n’est pas toujours moral d’échanger, et donc de monétiser certaines choses. Par ailleurs certains peuvent aisément tirer profit de l’échange au détriment des autres, par exemple en spéculant. On pourrait alors se demander qui est légitime à mettre des bornes à l’échange si toutefois elles ont lieux d’être. Car l’échange doit servir l’intérêt de la société et non des intérêts particuliers, mais étant donné que la société est composée d’une pluralité de communautés hétérogènes défendant des intérêts différents. On peut se demander à quelles échelles de la société, la régulation, si elle a lieux d’être, doit s’opérer. Le libéralisme total est-il bon pour notre société, et si non, qui, de droit, doit mettre des bornes à cet échange ?

L’échange est naturel, nécessaire et légitime, on ne doit pas interférer et y mettre des bornes. Aristote dans les Politiques nous parle de « chrématistique », ce qui dans un premier temps signifie l’acquisition en général, il l’appelle ainsi du fait « qu’il ne semble n'y avoir nulle borne à la richesse et à la propriété » car tout peut être échangé, chaque objet a son utilité propre mais également une visée marchande, Aristote prend l’exemple d’une chaussure, elle sert à se chausser, mais c’est également un bien commerçable, échangeable, il y a deux utilités à chaque bien. Il parait donc naturel qu’un fabricant de chaussures puisse se chausser mais aussi manger en vendant sa production, ou en faisant du troc. La société est justement présente pour éviter que les individus soient isolés et ne vivent en autarcie. L’échange leurs permet non pas de survivre, mais de vivre, et d’avoir dans leurs vies d’autres préoccupations que celui de répondre à leurs besoins primaires. Le marché permet de confronter l’offre et la demande et de garantir un échange « juste » qui prend en compte la disponibilité des biens, évitant ainsi l’épuisement des ressources, et la demande, et adapte un prix en fonction des deux agrégats, le marché semble donc s’autoréguler. Le but de la société est d’échanger, l’échange apparaît donc légitime, naturel et nécessaire, le limiter serait donc contre nature.

Par ailleurs, le marché est le seul moyen de mettre d’accord des sociétés hétérogènes. En effet, le marché est un terrain d’entente entre divers intérêts, que ce soit à l’échelle locale mais également à l’échelle internationale. Comment concilier les intérêts des Etats sans le marché ? Les sociétés n’ayant pas les mêmes valeurs, les mêmes normes, il est très difficile de légiférer à l’échelle internationale et de réguler l’échange qui s’y fait, d’y mettre des bornes. Il est impossible de surveiller les échanges de l’ensemble de la planète. Mettre des bornes à l’échange est un luxe local, mais à l’internationale des intérêts trop divers sont confrontés, à moins d’une réglementation qui convainc tout le monde, mettre des bornes à l’échange apparaît comme très difficile. L’échange est donc légitime, naturel, nécessaire au fonctionnement de toute société, c’est même ce qui la définit, mais nous n’avons également pas d’autre choix, à moins d’une homogénéisation des Etats, que de le laisser plus ou moins libre du moins à l’échelle internationale.

Cependant, un marché trop libre sans règles, et valeurs morales, peut aisément être détourné de son sens premier et altérer également le bon fonctionnement de la société.

Un marché totalement libre dégénère, les individus de nature cupide spéculent et le marché perd sa légitimité. De plus, peut-on réellement tout échanger et donc tout monétiser, l’échange n’est pas toujours juste, trop de libéralisme économique conduit au creusement des inégalités.

Il faut mettre des bornes à l’échange car comme le dit Aristote, la « chrématistique » (cette fois la perversion de l’art d’acquérir non nécessaire à des fins spéculatives) n’a d’elle-même ni limites ni bornes, tous les moyens sont bon même ceux contraires à la nature pour s’enrichir, et tirer profit de l’échange au détriment des autres. Aristote laisse apparaître des métiers légitimes et d’autres non. Par exemple, l’agriculteur produit de la nourriture en exploitant ce que la nature lui donne, et en fait commerce, son métier apporte à la société, en revanche «il est tout à fait normal d’haïr le métier d’usurier du fait que son patrimoine lui vient de l’argent lui-même et que celui-ci n’a pas été inventé pour cela ». Déjà Aristote remettait en cause l’utilité des métiers financiers, même si aujourd’hui les banques ont toute leur place dans la société en finançant l’économie réelle, on peut transposer ce reproche au marché financier d’aujourd’hui où la spéculation devient déconnectée de la réalité économique. Spéculer, déplacer des fonds, revient finalement à détourner de l’argent à son profit et ce n’est pas naturel. Sans bornes au marché ce genre de pratique deviendrait courante. L’individu désire, et pour assouvir ses désirs il faut bien souvent de l’argent, le marché, le travail, prend alors une autre dimension, celui de faire le plus d’argent possible, le profit passe alors avant tout. Ainsi si la spéculation devenait pratique courante, la société s’effondrerait également, car la richesse numéraire passerait avant les besoins essentiels de la société et l’argent perdrait toute sa valeur, car comme le montre la fable de Midas l’argent n’est pas comestible. Ainsi le marché doit-être régulé, la spéculation punie, de façon à ce qu’il ne s’éloigne pas de son but premier qui n’est pas de créer de la monnaie mais de garantir à tous

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