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Est-ce dans le travail ou dans le loisir que l'humain réalise sa nature humaine ?

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Par   •  1 Mai 2022  •  Dissertation  •  3 146 Mots (13 Pages)  •  322 Vues

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Dissertation de philosophie

Est-ce dans le travail, ou dans le loisir, que l’humain réalise sa nature humaine ?

« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Tel est l’impératif prononcé par Dieu dans la Genèse afin de punir l’homme pour le péché originel qu’il a commis. Le travail prend ici la forme d’un châtiment, d’une malédiction qui éloigne l’humain du divin, Adam et Ève étant par la suite contraints à quitter le Jardin d’Eden. D’une manière plus générale, il semblerait que les individus cherchent très souvent à échapper au travail, qui est perçu comme une souffrance. En effet, nous attendons avec impatience les moments de temps libre tels que les week-ends ou les vacances pour enfin être libérés du travail. Cependant, lorsque l’on souhaite punir un individu en prison pour mauvaise conduite, on lui retire systématiquement le droit de travailler et d’occuper une fonction importante au sein de la vie en détention. La châtiment ne serait alors pas le travail mais au contraire son absence ; et ce serait donc le fait de vivre en effectuant uniquement les loisirs autorisés, tels que la lecture ou le sport, qui représenterait une vraie prison pour les détenus. Nous pouvons donc nous demander si c’est dans le travail, ou dans le loisir, que l’humain réalise sa nature humaine.

Tout d’abord, le terme « travail » possède plusieurs sens. En effet, il peut désigner la transformation de la nature en vue de la fabrication des moyens de son existence, mais également l’activité socialement organisée par laquelle les humains assurent la base matérielle de leur existence via le salaire. Le terme « loisir », quant à lui, désigne l’activité non rémunérée que l'on effectue durant le temps libre dont on peut disposer. Le sujet nous invite à nous interroger sur les atouts que possèdent ces deux types d'activités pour permettre à l’humain, à un être vivant membre de l’espèce humaine, de réaliser, d’accomplir, d’exécuter le projet de sa « nature humaine », qui est ici prise au sens d’« essence ». Cette dernière désigne ce qu’est une chose profondément et durablement, ce qui ne peut être retiré à une chose sans la détruire, et donc les caractéristiques qui définissent l’humain en général. Le sujet donné possède deux présupposés. Il présuppose dans un premier temps que l’humain ne peut réaliser sa nature humaine que dans le travail ou le loisir. Il admet pour vrai a priori que c’est soit dans l’un, soit dans l’autre que cette action peut être accomplie, d’une manière assez manichéenne. Nous pourrions néanmoins penser que l'accomplissement de la nature d’un humain peut se faire au-delà de ces deux entités, qu’il y a une autre solution, voire plusieurs, pour parvenir à la réaliser. En outre, le sujet admet également pour vrai a priori dans un second temps qu’il existe bel et bien un nature humaine, et par conséquent des caractéristiques qui définissent l’humain en général. Il présuppose alors que tous les humains sans exception possèdent une essence commune malgré les différences de chaque individus, et ce de manière naturelle, c’est-à-dire de manière non artificielle, ce qui est également contestable. Le problème posé par la question peut donc se formuler ainsi : si nous sommes tentés de répondre que c’est en travaillant que l’humain réalise son essence, est-il réellement judicieux de dire que cette activité, qui peut parfois se montrer contraignante physiquement et psychologiquement, soit un mode universel de réalisation de la nature humaine ? Mais si, à l’inverse, nous sommes tentés de répondre que le loisir est plus approprié pour y parvenir, est-il réellement possible d’accomplir sa nature en effectuant une activité non rémunérée qui ne nous permet pas d’assurer notre survie d’un point de vue matériel ? Est-il vraiment souhaitable de vivre une existence uniquement constituée de temps libre ? Enfin, on peut noter que le sujet présente des enjeux cruciaux. En effet, si nous étions amenés à choisir le loisir comme mode privilégié de réalisation de son essence, cela remettrait en cause l’utilité et la légitimité du système laborieux de nos sociétés, c’est-à-dire du système qui fonde son fonctionnement autour d’une activité rémunérée que chacun doit effectuer pour survivre. Au contraire, si nous étions amenés à conclure que c’est uniquement par le travail que l’humain peut parvenir à réaliser sa nature, cela remettrait en cause l’utilité et la légitimité d’avoir du temps libre, après une journée de travail ou pendant les week-ends. Car si le travail est le mode privilégié de réalisation de soi, pourquoi ne travaillerions-nous pas pendant tout le temps dont nous disposons ?

Il s’agira dans un premier temps de montrer pourquoi nous aurions des raisons de dire que le travail permet à l’humain de réaliser sa nature. Puis nous verrons dans un second temps que ces raisons sont contestables et nous défendrons plutôt que c’est par le loisir qu’il parvient à accomplir cette action. Nous nous attacherons enfin à démontrer dans un dernier temps que le mode privilégié de réalisation de soi pour l’humain est d’effectuer un travail certes, mais qui est vécu comme un loisir.

Dans cette première partie, nous nous attacherons à défendre l’idée selon laquelle le travail peut permettre à l’humain d’accomplir sa nature humaine.

Tout d’abord, l’humain doit travailler en vue des ses caractéristiques biologique. En effet, nous sommes des êtres de besoin et devons donc impérativement mettre notre corps en mouvement pour trouver hors de nous les moyens de notre subsistance. Ceci ne peut s’effectuer que dans un environnement, auquel nous dépendons, et qui contient des ressources vitales pour notre survie. Cette nécessité ne peut être assouvie que par le travail, ce dernier étant pris ici dans son sens premier de transformation de la nature en vue de la fabrication des moyens de son existence. Un humain, pour être considéré comme tel, doit survivre en se nourrissant, ce qui passe forcément par l’action de travailler car aucune nourriture ne peut arriver à nous sans effort. Le travail permet donc de satisfaire les caractéristiques biologiques humaines qui nous sont essentielles.

Ensuite, nous pouvons considérer que le travail permet à l’humain de réaliser sa nature d’homme social. Dans un premier temps, on peut dire que l’homme est avant tout un être qui est, par nature, voué à la vie en société, c’est-à-dire voué à la vie au sein d’un ensemble d’individus qui entretiennent des relations d’interdépendance, ces

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