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Ce qui est naturel peut-il être mauvais ?

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Par   •  11 Février 2021  •  Dissertation  •  1 946 Mots (8 Pages)  •  2 976 Vues

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                              Ce qui est naturel peut-il être mauvais ?

Les campagnes publicitaires sont de plus en plus orientées vers la notion de naturel. On nous vend les produits naturels comme étant sains et bénéfiques pour nous consommateurs. Au-delà de l’argument marketing, cela signifierait que le naturel serait gage de qualité et donc obligatoirement bon. Cette opinion courante dans l’imaginaire commun est confortée par la montée en puissance des mouvements en faveur de l’écologie.

Explicitons la notion de « nature », celle-ci est polysémique car si elle désigne la totalité du réel, elle peut aussi être le contraire de ce qui artificiel. Aussi on recense un ultime sens, celui où la nature est le contraire de la culture. De ce fait, elle désignerait alors ce qui est inné par opposition à ce qui est acquis socialement. 

La tendance actuelle qui nous induit à penser que Dame Nature nous veut du bien, nous empêche de prendre du recul et de remettre en question cette affirmation qui peut s’avérer être un a priori. Or, c’est le propre d’un philosophe que de remettre en question ce qui semble aller de soi. Est-il envisageable que ce qui soit naturel puisse être mauvais ? Pour répondre à cette problématique, nous verrons que ce qui est naturel est bon mais qu’il peut aussi être mauvais. Enfin, la dernière partie permettra d’expliquer en quoi la nature est plus mauvaise que bonne…

        Dans un premier temps, on peut affirmer que ce qui est naturel peut être bon c’est-à-dire empli de bonté. En effet, on peut considérer que la nature est un modèle moral. D’après de nombreux philosophes antiques, vivre heureux c’est respecter la morale c’est-à-dire vivre de façon éthique en prônant et en incarnant le bien. Ils estiment que la base de cette vie heureuse se trouve en nous, là où la Nature l’a placée. Cette dernière nous fait don de ses ressources pour que l’on puisse se développer. Néanmoins, s’inspirer de la Nature pour s’élever moralement n’est pas suffisant : il faut utiliser ce qu’elle nous a donné, nos capacités sont nos modèles. Théodore Rosnak nomme cette exploration introspective "le droit souverain qu'a chacun de nous à se découvrir soi-même », une citation qui encourage les individus à s’intéresser à eux-mêmes. On peut d’ailleurs faire le lien avec ce qu’Aristote dit dans son « Traité sur les parties des animaux » : « En toutes les parties de la Nature, il y a des merveilles », ainsi il serait condamnable de ne pas exploiter ces merveilles présentes en nous tels que l’intelligence humaine, notre langage, autant de facultés que l’on se doit de développer. Ce mode de pensée qui consiste à dire que l’être humain possède des capacités naturelles qu’il doit exploiter davantage a d’ailleurs inspiré Luc Besson, réalisateur du film « Lucy ». Dans son scénario, il part du postulat que l’Homme n’utilise que 10% de ses capacités, des expériences sont alors menées sur Lucy interprétée par Scarlett Johansson.

        Ensuite, la nature peut être source d’innovation lorsqu’elle stimule la créativité des individus. Effectivement, la nature suscite l’émerveillement de tous. Des Chutes du Niagara aux Whitsundays en passant par le Mont Blanc, ce qu’elle nous offre est grandiose. Sa beauté nous pousse à traverser des continents pour la visiter. Elle intrigue par sa complexité et aussi étrange que cela puisse paraitre, cet émerveillement et cette curiosité qu’elle suscite sont à l’origine d’innovations techniques qui sont le résultat de l’observation minutieuse de ses mécanismes. Cette idée a été théorisée par Janine Benyus en 1998 dans l’ouvrage « Biomimicry: Innovation Inspired by Nature ». Cette scientifique nomme « biomimétisme » l’imitation technique des processus mis en œuvre par la nature. Ce concept serait à l’origine de grandes inventions et innovations. De plus, il remet totalement en question le second sens attribué au terme « Nature » en introduction puisqu’ici elle ne s’oppose pas à l’artificiel mais le provoque. Pour illustrer, Eiji Nakatsu, un ingénieur ferroviaire japonais a eu recours au biomimétisme pour solutionner le « bruit du Shinkansen », qui était une forte nuisance sonore émise par le train à grande vitesse japonais lorsqu’il roulait à vive allure. Il lui a suffit de repenser le design de l’engin en s’inspirant du bec du martin-pêcheur. La nature lui a véritablement tendu la main. Finalement, s’inspirer du vivant pour mettre au point des systèmes performants semble être une approche d’avenir, mais cette dernière n’est pas seulement technique. Elle est aussi philosophique puisque ici, la nature est une sorte d’ingénieur qui puise sa créativité dans les contraintes s’adaptant toujours à son environnement. Ainsi, il faut observer pour progresser et surtout survivre.

Au terme de cette partie, nous avons vu que la nature présentait des aspects positifs notamment lorsqu’elle est prise comme modèle ou bien quand elle stimule le progrès. Néanmoins, il existe toujours divers points de vue à une problématique et il est important de considérer tous les aspects du sujet pour construire une argumentation complète car ici, la nature est loin d’être parfaite.

        Effectivement, si on se dégage de cette opinion publique, évoquée précédemment, qui tendrait à dire que la nature est synonyme de bonté, on remarque que ce qui est naturel peut aussi être mauvais c’est-à-dire toxique, pleins de défauts. Il suffit de considérer la nature dans sa forme brute lorsqu’elle nous frappe soudainement, parce que oui la nature n’intellectualise pas, c’est une force qui agit unilatéralement sans se préoccuper du bien-être de l’Homme qui, lui, a tendance a être auto-centré dans sa manière d’appréhender son environnement. On peut citer de nombreuses productions du septième art qui mettent en exergue le pouvoir suprême de la Nature. Parmi eux, le film « Impossible » sorti en 2012 qui raconte l’histoire d’une famille séparée par le violent tsunami thaïlandais de 2004 ou encore « Contagion » (2011), une heure et quarante six minutes de guerre sanitaire suite à une pandémie, un scénario qui fait malheureusement écho à notre l’actualité. De façon évidente, ces films ne sont pas que des fictions, ils illustrent les capacités incroyables, parfois surprenantes de la Nature. Ainsi, d’après Freud dans « l’Avenir d’une illusion » (1927), l’Homme aurait crée la culture pour créer une vie commune et défendre ses intérêts. Néanmoins, la Nature ne cesserait de rappeler constamment à l’être-humain sa faiblesse à laquelle il pense se « soustraire grâce au travail culturel ».

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