LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Histoire mémoire de la guerre d'Algérie

Cours : Histoire mémoire de la guerre d'Algérie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2019  •  Cours  •  3 222 Mots (13 Pages)  •  529 Vues

Page 1 sur 13

Cours mémoire guerre d’Algérie

Introduction

En France : Le cinquantenaire de la signature des Accords d'Evian conduisant à la fin de la Guerre d'Algérie a été célébré dans une très grande discrétion en France. L’Etat n’a organisé aucune commémoration, évoquant le fait que « Si le 19 mars évoque la joie du retour des militaires français dans leur famille, il marque également l'amorce d'un drame pour les rapatriés, contraints au déracinement, et le début d'une tragédie pour les harkis, massacrés dans les semaines qui suivirent, au mépris des accords d'Evian ».  Du côté algérien, on assiste une « hyper commémoration », puisque les commémorations vont durer plus d’un an, qui met en avant, dans un contexte politique difficile (printemps arabe, élections), la lutte du peuple algérien. La date retenue comme date du souvenir fait toujours polémique, ce qui est révélateur des tensions encore vives entre les deux pays et des mémoires multiples du conflit dont les différents groupes porteurs de mémoires cherchent tous une reconnaissance.  

PBL : En quoi peut-on parler de guerre des mémoires concernant la guerre d’Algérie ? Quel rôle peuvent jouer les historiens dans cette guerre des mémoires ?

1/ la Mémoire

Qu’est-ce qu’un lieu de mémoire ?  Un lieu de mémoire (voir déf. p.404) est un lieu, objet ou symbole important pour la construction de la mémoire nationale. Les lieux de mémoire de la guerre d’A. montrent que le conflit a touché les deux pays et opposent deux visions de la guerre. Le rapport au passé, et à l’histoire est donc ambivalent, il revêt ne double dimension : à la fois affective (ex : attachement à la nation, symboles) ou douloureuse (ex : reconnaissance d’un passé colonial).  

Qu’est-ce que la mémoire ?  C’est l’opération mentale qui tente de se souvenir d’un fait passé. Mais la mémoire est aussi à l’épreuve du temps, elle est donc sélective, partielle. « La mémoire collective, comme la mémoire individuelle, ne conserve pas précisément le passé ; elle le retrouve ou le reconstruit sans cesse, en partant du présent »2 altérant alors la vérité. Elle est une construction subjective. Le problème de la mémoire, c’est que les regards sur le passé ne sont pas toujours les mêmes : 1) La mémoire officielle : Expression d'un pouvoir politique qui s'exprime au fil des commémorations, elle est souvent influencée par le présent, et suspecte de vouloir être récupératrice. 2) La mémoire transmise par les acteurs et les témoins : Mémoires individuelles, mémoires particulières, mémoires familiales, mémoires de groupe, mémoires locales, mémoires culturelles, sont toutes des mémoires respectables, mais partielles, fragmentaires, déformées, parce que souvent le résultat de reconstructions identitaires légitimes, mais forcément réductrices. 3) La mémoire nationale : Elle est l'expression patriotique et héroïque d'une mémoire officielle qui entend souligner sa singularité, et d'une mémoire collective dominante qui est parvenue à s'élever au niveau d'un mythe.

Qu’est-ce que le devoir de mémoire ? L’expression « devoir de mémoire » est apparue ces dernières années (à l’issue des travaux de la 2nde Guerre mondiale) et est invoquée régulièrement par plusieurs acteurs de la société :  -par les associations d'anciens combattants, résistants, déportés, minorités persécutées ou victimes civiles des deux guerres mondiales et de la guerre d'Algérie, tout récemment par les descendants des esclaves noirs, qui entendent faire reconnaître et transmettre des mémoires douloureuses, traumatisées, soucieuses de préserver leur spécificité, - par les plus hautes autorités de l'État, président de la République, Premier ministre, autres ministres à l'occasion de commémorations et de journées du souvenir, dont le nombre se multiplie pour satisfaire les différentes mémoires blessées, - dans le cadre de lois mémorielles destinées à apaiser et à réunir ex. 2005 Rôle positif de la France pendant la colonisation.

Cinquante ans après, la mémoire et l’écriture de l’histoire de la guerre restent très sensibles. Pour reprendre l’expression de Benjamin Stora, c’est « une guerre qui n’en finit pas » (auteur de la Gangrène et l’oubli, publication issue de sa thèse de doctorat) avec des lectures très opposées du conflit. Alors qu’en Algérie, la guerre est perçue comme une guerre révolutionnaire d’indépendance et que ce pays multiple les demandes de repentance unilatérale, la France ne reconnait pas sa responsabilité dans les massacres qui ont eu lieu. D’où des relations entre les deux états qui restent encore tendues (cf. le discours de François Hollande devant le Parlement algérien en décembre 2012, document 3).  En outre, l’histoire et la mémoire = entretiennent des relations complexes car même si les mémoires sont orientées, elles demeurent importantes pour éviter l’oubli ou le déni (ex. associations des Français d’Algérie).  Si la mémoire est depuis plusieurs années devenue un objet d’histoire à part entière, et que le travail mené par les historiens apparait comme essentiel, puisqu’il permet de rétablir des faits passés, ces derniers doivent pouvoir écrire librement sans dissimuler ou réécrire l’histoire. Les historiens doivent pour cela s’affranchir d’une histoire officielle et des pressions silencieuses qui se rattachent au devoir de mémoire (Exemples de remous : Affaire Pétré-Grenouilleau ; loi de 2005 sur les « effets positifs de la colonisation »,). Aussi, les mémoires peuvent être antagonistes lorsqu’elles ne s’accordent pas, c’est le cas avec les mémoires de la guerre d’Algérie et la date du 19 mars qui divise plutôt que ne rassemble.

  Une histoire officielle se met en place autour du FLN se met en place et légitime les acteurs au pouvoir. Il n’y a pas de mémoire divergente car l’Etat algérien contrôle les manuels scolaires et par conséquent l’histoire, mais aussi la télévision, et l’édition. Les élèves algériens commencent par étudier l’histoire en démarrant d’abord par la guerre de libération (à 8-9ans). Les premiers manuels présentent le peuple algérien comme un peuple uni combattif et résistant face à l’oppression (colonisation).  

En Algérie, la guerre d’indépendance a opposé adversaires et partisans de la présence française. Elle a été le moment d’un déchirement entre différents groupes d’Algériens, entre ceux qui combattaient aux côtés de l’armée française (comme les harkis, qui étaient un peu plus de 100 000) et ceux qui étaient prêts à tout pour mettre fin au système colonial, comme les membres du Front de Libération Nationale (FLN).  Dans les rangs des indépendantistes eux-mêmes, la guerre intérieure a également éclaté entre les militants restés fidèles à Messali Hadj, fondateur en 1954 du Mouvement national algérien (MNA), et les partisans de son concurrent, le FLN. Les « règlements de comptes », en 1955-1956, entre messalistes et frontistes ont fait des milliers de morts algériens et plongé le pays dans une guerre civile. Le récit héroïque de la guerre d’indépendance dans laquelle tous les Algériens se seraient soulevés contre l’occupant français a servi à légitimer le nouvel état issu de la décolonisation et à fabriquer un consensus national dans lequel le peuple apparait comme le seul héros.  

...

Télécharger au format  txt (20.6 Kb)   pdf (100.7 Kb)   docx (15 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com