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Grande Guerre, Guerre totale?

Dissertation : Grande Guerre, Guerre totale?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 084 Mots (9 Pages)  •  182 Vues

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Le 28 juin 1914, le prince héritier austro-hongrois est assassiné. Suspectant la Serbie d’avoir organisé le meurtre, l’Autriche-Hongrie l’attaque et déclenche, en raison d’un jeu d’alliances complexe, la première guerre mondiale. L’armistice est signé le 11 novembre 1918. Les pays de l’Entente remportent la Grande Guerre, mais elle a marqué tous les esprits. Ce fut en effet une véritable guerre totale, c'est-à-dire que toutes les forces de chaque nation y participant furent mobilisées.

En quoi la première guerre mondiale fut-elle une guerre totale ?

Nous verrons tout d’abord la mobilisation économique, sans précédent, puis les moyens militaires et scientifiques déployés pour finir avec l’aspect humain et psychologique.

Tout d’abord, sur un « autre front », la Grande Guerre fut une guerre industrielle et l'État français a organisé l'économie afin que tous les acteurs convergent vers un but unique : la victoire. En effet, la guerre dure et la nécessité de s'adapter oblige les industriels à se convertir à d'autres activités. Soit, l'Etat qui jusqu'à présent se tenait à l'écart de l'économie va financer de nombreuses entreprises de fabrication d'armes. La production des industries va radicalement changer. En France, par exemple, les usines Renault orientent leur production vers la fabrication d'armements notamment de chars, de moteurs d'avion, de camions... Cette usine qui ne fabriquait en 1914 ni chars d’assaut, ni moteurs d'avions et encore moins des obus mais 1484 voitures et 75 camions, produit en 1918 trois fois moins de voitures (553) mais dix fois plus de camions (1793), 750 chars, 5 000 moteurs d'avions et plus de 2 millions d'obus. Cette reconversion est due à la demande (un peu tardive) vers le 8 août 1914, du ministre de la Guerre et du général Mangin à Renault de produire des obus. La production industrielle est donc intensifiée pour contribuer à l'effort de guerre (tout comme la production agricole). L’Etat mobilise peu à peu tous les industriels, petits ou grands, au profit des fabrications de guerre. Certains vont continuer leurs productions habituelles (vivres, équipement…) mais en augmentant les cadences afin de ravitailler au plus vite la population, d’autres vont produire des versions militarisées de leur productions habituelles (avions, poids lourds…), enfin certains vont mettre leur outil de production au service de fabrication d’armes (Peugeot aussi se met à produire des obus) ou de munitions où l’on retrouve des femmes appelées « munitionnettes », en majorité, remplaçant les hommes sur le terrain. Ainsi plus de 15 000 entreprises vont travailler pour la Défense nationale durant le conflit. Pour accroître la productivité, la durée quotidienne du travail est également allongée. Elle passe, par exemple, de 12 à 14 heures en France. Le taylorisme, c’est-à-dire l’emploi d’une main-d’œuvre peu qualifiée effectuant des tâches simples et répétitives, se généralise dans les usines européennes. C’est un moyen de garantir la production dans les usines et donc l’effort de guerre.

En 1914, le gouvernement français pense que la guerre sera courte et ne prévoit pas le financement et la mobilisation économique nécessaires à une guerre qui dure. La Grande Guerre pose à la France un réel problème de financement, dès 1915, les premiers besoins d'argent apparaissent. Les commandes de matériels de guerre imposent un effort industriel sans précédent, mais la production française est concentrée dans les régions du nord et de l'est occupées par l'armée allemande. La guerre coûte tellement cher que l'Etat cherche à drainer l'épargne des Français puisqu’il est confronté à l'épuisement des finances publiques. Il a recours aux emprunts dits perpétuels, c'est-à-dire non remboursables. Pour convaincre les Français d'y souscrire, l'État et les banques qui placent ces titres dans le public créent de nombreuses affiches symboliques, patriotiques, expliquant que le Français resté à l'arrière doit «verser son or», pendant que le «poilu» verse son sang. En effet, les Français sont conviés à échanger leurs pièces d’or contre des billets ou des titres d’emprunt pour concourir à la Défense nationale. Le 2 juillet 1915, le ministre des Finances Alexandre Ribot lance un appel officiel accompagné d’une imposante campagne d’opinion. Il faut convaincre les Français d’apporter volontairement leurs louis, napoléons ou pièces de 20 francs « au coq » frappées sous la IIIe République. Des affiches où l’on voit une pièce d’or au coq écraser un soldat « boche » à genoux sous le slogan : « L’or combat pour la victoire » sont exposées, tout comme des affiches où on peut lire "L’or est indispensable pour acheter des munitions". De plus, pour inciter les Français à échanger l’or détenu, un certificat leur sera remis, constatant la somme d’or versée. Cette propagande fait appel au civisme des Français et à la confiance qu’ils portent en la République. L'État joue sur les sentiments des familles qui ont vu partir certains de leurs membres au front afin d’acquérir des ressources.

Ainsi, l’économie alors renforcée permet une mobilisation sans pareille des moyens militaires et scientifiques dans un seul but : anéantir l’ennemi.

Les puissances de la Grande Guerre emploient en effet des moyens militaires inédits. 73,8 millions d’hommes sont mobilisés, 25,6 millions pour les puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie et Bulgarie) et 48,2 millions pour les puissances alliées (Russie, France et ses colonies, Grande Bretagne et ses colonies, Italie, Serbie, Roumanie, Etats-Unis, Belgique, Grèce, Portugal, Monténégro, Japon). Jamais une guerre n’avait employé de moyens humains aussi importants. La France a renforcé la force de son armée en misant sur le culte de la force militaire et l’extension du service militaire obligatoire de 2 à 3 ans. En effet, les causes d’une telle mobilisation humaine ont été une guerre très longue et meurtrière qui durera près de 4 ans. Avec les progrès techniques, les batailles ne se réduisent plus au champ terrestre : les combats se déroulent aussi dans les airs et sous la mer. Ces nouveaux fronts aériens et sous-marins sont un enjeu décisif pour les puissances. Les objectifs militaires ne se limitent plus aux cibles armées (troupes ennemies, forteresses, navires) ; les Allemands par exemple torpilleront à outrance tous navires à partir du 4 février 1915, sans distinction entre les destroyers et les navires marchands et de loisirs, s’approchant de la Grande-Bretagne pour

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