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Explication du basculement du vote ouvrier de la gauche vers la droite

Dissertation : Explication du basculement du vote ouvrier de la gauche vers la droite. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 401 Mots (6 Pages)  •  1 090 Vues

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« Nous devons parler plus fort aux travailleurs, Lionel, il faut que tu adresses un message à la France qui travaille. Le mot ouvrier n’est pas un gros mot. », conseillait Pierre Mauroy en 2002 à Lionel Jospin, candidat PS à la présidence de la République. Alors que le parti socialiste, grand parti de la gauche française, a longtemps convaincu le vote ouvrier, les années 1990 marquent un tournant dans l’évolution de cet électorat.

Après la seconde guerre mondiale, le vote ouvrier se tourne vers la gauche : aux élections législatives de 1956, 70% votent pour le parti communiste. On peut noter que les Trente Glorieuses, de 1945 aux années 1970 se caractérisent par une stabilité économique en France, et qu’historiquement, le vote ouvrier correspond à un vote socialiste. En 1881, François Mitterand, candidat du parti socialiste est élu à la présidence de la République. C’est la première fois que la gauche accède au pouvoir depuis la création de la Vème République (1958). Les électeurs de gauche, dont le monde ouvrier, attend beaucoup de ce mandat, mais nombreux d’entre eux seront déçus par les mesures prises. L’électorat répond en 1993 lors des législatives où la gauche connait une défaite écrasante. Depuis, le vote ouvrier est un enjeu stratégique pour qui souhaite gagner des élections, car bien que les classes sociales tendent à s’estomper, 6 millions d’actifs sont toujours aujourd’hui ouvriers en France, soit 22% de la population active.

On constate qu’il existe plusieurs facteurs à l’évolution du vote d’une classe sociale : D’abord la structure de la société et la conjoncture économique, puis également le sentiment d’appartenance à la classe (ici ouvrière) et le lieu de résidence et enfin les résultats des mandats précédents une élection.

Une des variables les plus explicatives du vote est la conjoncture économique. D’une manière simple, un électeur choisira un candidat différent selon l’état de l’économie de son pays et donc s’il arrive à subvenir correctement à ses besoins ou non. Ainsi, les crises qui traverse la France depuis le premier choc pétrolier en 1973 ont largement influencées les électeurs français, et davantage encore ceux qui sont le plus frappés par ces crises : les ouvriers. En effet, la désindustrialisation, fruit de délocalisations et du progrès technique, a engendré un recul de la gauche au sein des milieux ouvriers.

Ainsi, depuis plusieurs années, l’extrême droite gagne des points en France et notamment chez les ouvriers. Cependant, il faut d’abord noté qu’une partie du vote ouvrier est historiquement tourné vers la droite. En effet, on peut scindé l’électorat en deux : d’un côté les « révolutionnaires » qui votent davantage pour le parti communiste et les « réformistes » plutôt tournés vers le socialisme, et de l’autre côté des ouvriers plus «conservateurs » qui sont attachés à la culture catholique et à la droite. Ainsi, la montée en puissance de l’extrême droite et surtout du Front National s’expliquerait en partie par la radicalisation d’électeurs déjà à droite. Néanmoins, la percée du FN s’expliquerait aussi et surtout par la désindustrialisation que l’on montrait ci dessus. Effectivement, c’est dans les régions les plus touchées par la désindustrialisation que le vote pour le Front National atteint ses plus hauts niveaux aux premiers tours des présidentielles de 2007 et 2012. Les ouvriers voteraient pour un parti nationaliste puisqu’ils auraient le sentiment d’être menacés par la mondialisation.

De plus, le déclin de l’industrie a entraîné la baisse du nombre d’ouvriers d’autant qu’avec le développement des ouvriers de service, la classe ouvrière a perdu de sa visibilité sociale. Auparavant, le monde ouvrier était caractérisé par ses collectifs au travail, avec ses syndicats et ses idées réformistes. Aujourd’hui, les entreprises sont contrôlées par des grands groupes internationaux, elles pratiquent la productivité à outrance et sont insérées dans une économie mondialisée. On peut donc dire que l’environnement économique des ouvriers a beaucoup changé ce qui ne favorise pas les solidarités ouvrières, ni donc un vote tourné vers la gauche.

Ainsi, le glissement progressif vers la droite et l’extrême droite du vote ouvrier est bien réel. Cependant, il ne s’agit pas du vote protestataire incarné par Jean-Marie Le Pen lors de élections présidentielles de 2002, mais bien d’un vote « pour » les idées du FN. Le vote ouvrier n’a pas transféré ses voix de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, il s’est réellement radicalisé à droite.

En outre, le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière a conditionné le vote ouvrier vers la gauche pendant des années, autour des organisations et de différentes idées. Ce sentiment tend à diminuer voir à disparaître,

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