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Sujet d'Invention : Lettre sur "La Flûte Enchantée"

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Par   •  14 Octobre 2018  •  Lettre type  •  1 124 Mots (5 Pages)  •  494 Vues

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Lettre à Castellucci

Cher Monsieur Castellucci,

      Après avoir assisté à votre représentation de « La Flûte Enchantée », j’ai senti la nécessité de faire part de mes impressions. Vous, le plus interpellant des dramaturges, êtes réputé pour vos mises en scène fascinantes et vos productions d’avant-garde dont on sort rarement indemne. « La Flûte Enchantée », votre plus récente adaptation, n’a pas échoué d’accomplir cela.

       Ce monument européen, dernière œuvre de Mozart, supprime tous les récitatifs. Lla musique universelle du grand compositeur dont les airs sublimes sont portés par une double distribution remarquable ne se trouve pas pénaliser, au contraire, elle se situe au centre du spectacle. 

 Le retour à la source, grâce à votre mis en état d’amnésie, rend votre réécriture inattendue. Le changement de la perspective du regard et de l’écoute réalisé m’a ainsi provoqué un intérêt profond, que je n’aurais senti à aucune représentation traditionnelle et classique. Il s’agit, en effet, d’un opéra qui nous incite à l’interrogation. L’Acte I nous expose, tout d’abord, à une scène noire, dotée d’une barre de néon qu’un personnage essaie de briser. Le néon ensuite s’éteint, la lumière apparaît : le rôle de la nuit et du jour est ainsi mis en question.

          Le décor stylisé à l’extrême qui se mue en vaste palais baroque, avec le blanc pour unique couleur, m’a évoqué une explosion, faisant référence à la mode de l’époque du XVIIIe siècle. L’esthétique séduisante, le monochrome ouaté et le brouillard lacté où évoluent chanteurs et danseurs en plumes d’autruche n’a pas réussi à nous émouvoir, mais plutôt à nous surprendre. Je crois avoir compris que l’objectif de ces scènes réside dans le contraste entre le réel et la fiction. L’atmosphère onirique donne l’impression d’être ébloui et m’a évoquée une certaine légèreté, qui conduit au vide. Cette sensation du vide est créée par la surcharge du décor, évoquant un monde fonctionnant comme une machine, une perfection irréelle et invraisemblable. Le royaume de Sarastro représente le mensonge de sa promesse pour un futur plein de succès, symbolisé par l’excès de lumière. Consiste-t-il à poser un regard critique sur le siècle libertin de la fête dans la Cour du XVIIIe siècle ? Quelle que soit votre interprétation, vous avez atteint, selon moi, ce qu’un grand nombre de metteurs en scène ne pourrait atteindre : une rupture avec l’interprétation traditionnelle, connue par tous.

           L’Acte II prolonge la rupture à l’image de la dualité du monde et du propos. Les murs beiges avec quelques chaises, représentent, à l’inverse de l’acte précédent, la simplicité, mais aussi la réalité. Ce n’est plus un décor, mais une punition : cette fois, c’est de la vraie vie dont on parle, à travers ceux qu’elle a meurtris. Cinq femmes aveugles ainsi que cinq hommes grands brûlés se situent sur la scène : il ne s’agit plus de figurants, mais d’êtres de chair et, surtout, de sang. Ils racontent en quelques mots bouleversants l’épreuve qui est la leur : celle du feu, symbolique, qui est l’une des clés initiatrices de l’être nouveau dans le parcours maçonnique de la « Flûte Enchantée ». Il est essentiel de comprendre votre approche, qui élève la Reine en incarnation de la Mère absolue, alors que, prenant le contre-pied de l’interprétation naturelle de l’œuvre, vous ne voyez pas en Sarastro celle des Lumières, mais un personnage malfaisant dispensateur d’une lumière qui brûle, aveugle et détruit. Le choc émotionnel que j’ai senti, garanti, en plus, une réflexion de fond sur la condition humaine. En effet, comme tout est symbole chez Mozart, tout est réel chez vous, Monsieur Castellucci.

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