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Schmitt The body art exhibition

Commentaire de texte : Schmitt The body art exhibition. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  2 310 Mots (10 Pages)  •  2 566 Vues

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Commentaire extrait 3 : « The body Art exhibition »

        D’abord « modèle agissant » au nom de l’honneur et de la gloire dans les romans de chevalerie, puis personnage torturé par ses états d’âme dans les romans précieux pour finalement être remis en question dans son statut même de personnage par le nouveau roman, force est de constater que le personnage de roman a vécu, à travers son histoire, de nombreuses fluctuations.

Dans son roman intitulé Lorsque j’étais une œuvre d’art, paru en 2002, Eric-Emmanuel Schmitt, auteur contemporain à succès, livre une nouvelle interrogation sur le protagoniste : peut-il renoncer à son humanité pour devenir l’objet artistique d’un créateur génial mais aussi manipulateur ? Dans l’extrait qui nous est proposé, Adam, l’homme devenu œuvre d’art, est présenté dans une exposition, à l’heure même où des doutes commencent à l’assaillir sur son identité d’œuvre d’art. Aussi pouvons-nous nous demander en quoi la double nature d’Adam, mi-œuvre mi-humain est-elle à la merci un dangereux manipulateur dans cet extrait. Pour ce faire, nous verrons tout d’abord comment le texte installe Adam comme une œuvre en tant que telle, puis nous examinerons les signes d’humanité qui le caractérisent. Enfin, nous montrerons en quoi Zeus Peter Lama  est un agent dont Adam aurait bien des raisons de se méfier.

Dans un premier temps, nous pouvons montrer de quelle manière Adam passe réellement pour une œuvre d’art.

Tout d’abord, l’œuvre est présentée dans un musée étranger. Le caractère exotique du cadre spatial s’exprime par le nom de la ville « Tokyo » qui commence cet extrait, et par une remarque humoristique du narrateur : « ne savais pas qu’il y avait autant de Japonais au Japon ». (l.4) Cette pensée absurde insiste sur la naïveté de notre personnage, qui voyage sans doute pour la première fois. C’est sûrement ce qui explique la répétition d’une incompréhension : « ne comprends rien » (l.7) ou « on ne comprend rien à ce que je dis » (l.21-22), marquant ainsi la barrière de la langue étrangère. De plus, Adam s’appuie sur le cliché lié au pays qui l’accueille : « Dessin animé. Je vis dans un dessin animé. » (l.5-6), témoin culturel des mangas. Ainsi, l’exotisme retranscrit dans cet extrait est-il le témoin d’une œuvre qui s’expatrie pour être admirée. On peut par ailleurs relever l’isotopie du lieu culturel : « exhibition » (l.1), « dans une salle » (l.3), « des conférenciers » (l.6),  « touristes » (l.17), « public » (l.19), « gardiens » (l.19), « musée » (l.25 et 28).

Ensuite, la célébrité de cette œuvre ne fait aucun doute, comme le signalent les phrases nominales juxtaposées « Flashes. Foules. Bruits » (l.1 et 2) ou plus loin « Emeutes. Foule. Flashes » (l.10-11). Le succès de l’œuvre est visible par l’engouement des spectateurs dans la salle : « Ils se pressent. Ils se poussent » (l.4) qui témoigne tout à la fois d’un comportement culturel asiatique, mais qui traduit également, comme le souligne le rythme binaire de ces deux phrases de trois syllabes chacune, mêlée à l’allitération en [s], une agitation inquiétante, proche du fanatisme. Par un superlatif « Ma salle la plus fréquentée » (l.11) et par une phrase nominale extrêmement courte « Grand succès » (l.11), Adam n’est plus seulement une œuvre d’art : c’est une œuvre qui déplace les foules, que chacun veut admirer et comprendre. Ainsi, comme Adam accède au statut de célébrité, il est alors fortement médiatisé. Le texte précise lignes 14-15 qu’il apparait dans la presse écrite, là encore dans un registre humoristique : « Mes photos dans les journaux japonais me donnent un petit air asiatique », comme si le pays avait un effet mimétique sur lui ; mais aussi dans la sphère télévisuelle comme le signalent les phrases indéfinies : « on veut faire des interviews de moi […] On veut m’inviter sur un plateau télévisé. » (l.15-16).

Enfin, l’aspect financier lié à l’art est lui aussi présent dans ce texte comme en témoignent les mots « catastrophe […] financière » (l.29) et « contrat » (l.30).

Nous l’avons vu, cet extrait montre combien l’œuvre de Zeus Peter Lama remplit son contrat : entrée dans les musées, expatriée dans les plus importantes expositions, sujet de toutes les curiosités, Adam bis est réellement devenu un objet d’art. Seulement, à l’intérieur de cette sculpture, vit un homme pour qui cette exposition est un calvaire.

Nous allons maintenant montrer comment, sous l’enveloppe corporelle créée par Zeus Peter Lama, Adam est resté un homme.

Dans un premier temps, nous pouvons être surpris dans le premier paragraphe, de l’absence de pronoms personnels dans les phrases, qui miment ainsi le fait qu’Adam est un objet : « Dors mal. Et pourtant veux tout le temps dormir » (l.12-13) en est un exemple significatif. Le style d’ailleurs très heurté, par des phrases nominales accumulées comme au tout début de l’extrait « Tokyo. « The Body art exhibition ». Flashes. Foules. Bruits. Couloirs d’hôtel. Décalage horaire. Somnolences. Flashes. Foule. Bruits » accentue l’idée d’une œuvre qui ne sait plus formuler de phrases, comme si Adam ne savait plus penser. Cependant, si le pronom n’apparaît qu’à deux reprises dans le premier paragraphe (lignes 2 et 5), il se multiplie dans les deux paragraphes suivants, comme si Adam revenait à la vie : on peut en relever onze occurrences.

En outre, l’humanité d’Adam est marquée dans le texte par un monologue intérieur continu. La focalisation interne permet au lecteur de suivre les pensées du personnage grâce à de nombreuses interrogations au discours indirect libre : « comment faire ? » (l.8-9) ou « A quoi cela tient-il ? » (l.15) ou encore « est-ce par reconnaissance ? Est-ce par fatigue ? » (l.26-27). On peut d’ailleurs remarquer qu’il indique son opinion en utilisant un verbe de volonté : « je ne veux pas qu’on me touche » (l.20) ou « je veux le lui arracher » (l.23).

De plus, Adam réagit comme un humain. Il en a tout d’abord les même besoins : dormir (on peut relever l’isotopie de la fatigue « somnolences » (l.2), « sommeil » (l.8), « m’effondre » (l.11), « dors mal » (l.12), à laquelle on peut associer l’expression « veux tout le temps dormir » (l.13)), boire et uriner : « Bois du thé vert pour tenir éveillé. Mais quand bois, pisse. »(l.8). La parataxe met en évidence la cause et la conséquence d la présence d’un liquide dans le corps humain en les rapprochant. En outre, Adam est doté de sentiments, comme en témoignent ses pensées nostalgiques et amoureuses tournées vers la France : « Pense à la plage. A Fiona » (l.12). Il est également capable d’estime de soi à la ligne 14 comme le suggère la métaphore « avoir la fierté d’être le clou de l’exposition » (l.14). Enfin, ses émotions l’envahissent à la fin du texte « je me mets à pleurer » (l.26). De la même manière, il sait exprimer son déplaisir face aux touristes français, en employant un registre familier « les gosses surtout. Les sales gosses » (l.18).

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