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Montaigne "De l'art de conférer"

Commentaire de texte : Montaigne "De l'art de conférer". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 303 Mots (6 Pages)  •  1 317 Vues

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Michel de Montaigne, « De l’art de conférer »

« L’humanisme est une éthique de confiance en la nature humaine. Orienté à la fois vers l’étude et la vie, il prescrit pour but et pour règle, à l’individu comme à la société, de tendre sans cesse vers une existence plus haute. » (Dictionnaire des lettres françaises – XVIe siècle)

Michel de Montaigne est le plus moderne des penseurs de ce mouvement culturel. Son œuvre littéraire préfigure non seulement les concepts fondateurs du siècle des Lumières mais également ceux de notre société contemporaine. Comme tous les humanistes de la Renaissance, Montaigne est passionné par la culture gréco-latine ; la « librairie », la bibliothèque, est la pièce qu’il préfère dans son château. Aristocrate, magistrat pendant quinze ans, élu deux fois maire de Bordeaux, ambassadeur du futur Henri IV auprès du roi Henri III, grand voyageur, ami intime de La Boétie (autre illustre représentant de l’humanisme), Montaigne a grande expérience de la société et se questionne sur ses lois, ses déchirements, sur la véritable nature de l’être humain.

Œuvre majeure, Les Essaies est le seul livre écrit par Montaigne auquel il consacre vingt ans de sa vie. Le but principal de cet ouvrage est la connaissance de soi, selon le précepte socratique « Connais-toi toi-même ». « Je suis moi-même la matière de mon livre » explique l’auteur dès les premières pages. Les sujets qui font l’objet de sa réflexion sont de toutes natures : médecine, amour, livres, éducation, politique, affaires domestiques, histoire… Ainsi, le chapitre 8 du livre III est consacré à « l’art de conférer ».

De l’art de conférer pourrait être perçu comme un regard didactique sur la conference (le mot conference désignait au XVIème siècle une conversation), comme un élément de l’idéal pédagogique humaniste de Montaigne. « Le plus fructueux et naturel exercice de nostre esprit, c’est à mon gré la conference. (…) L’estude des livres, c’est un mouvement languissant et foible qui n’eschauffe poinct : là où la conference apprend et exerce en un coup. »

Pour Montaigne la conference est donc un exercice de l’esprit, nécessaire au développement intellectuel car elle permet d’accéder à un savoir tout en stimulant la réflexion. En l’opposant à « l’estude des livres » l’auteur en fait l’un des éléments de l’instruction. La lecture est passive, la conversation s’inscrit dans le relationnel et engendre un échange de points de vu, une confrontation, un « conflit socio-cognitif ». (« La jalousie, la gloire, la contention, me poussent et rehaussent au-dessus de moy-mesmes. », « Quand on me contrarie, on esveille mon attention, non pas ma cholere ; je m’avance vers celuy qui me contredit, qui m’instruit. »).

Selon Montaigne la conference n’est pas une simple conversation, elle n’est pas la disputa scholastique (« cette excellence artificielle), ni l’exercice de rhétorique (« J’aymeroy mieux que mon fils apprint aux tavernes à parler, qu’aux escholes de la parlerie »). Il s’agit de parler pour se confronter à un autre « esprit rigoureux » l’important étant de « se former le jugement » et non pas la quête de la vérité car la vérité est difficilement accessible (Car nous sommes nais à quester la verité ; il appartient de la posseder à une plus grande puissance.)

L’écriture de Montaigne se caractérise par sa simplicité, son naturel. Néanmoins, le choix des mots est important. Pour illustrer son propos l’auteur a recours à quelques figures de style qui lui permettent de nuancer son discours. Ainsi, il utilise souvent la métaphore. La conference est décrite comme une balance qui pèse et soupèse (« Où l'un plat est vuide du tout en la balance, je laisse vaciller l'autre), comme un « torride » combat amoureux (« comme l'amour, és morsures et esgratigneures sanglantes. »), la recherche de la vérité est comme un chasse au gibier. L’antithèse lui permet de mettre en valeur le contraste entre deux idées (« Il en peut estre

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