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Les enfants de l'Eldorado

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Par   •  18 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 481 Mots (6 Pages)  •  678 Vues

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Universität Stuttgart                                                                 Nevroz Akseven

Institut für Literaturwissenschaft                                                         02.07.2019

Romanische Literaturen I – Galloromanistik

Seminar: Le conte et l’économie (XVIIe – XVIIIe siècles)

Dr. Élodie Ripoll

Sommersemester 2019

Analyse linéaire

Voltaire, Candide (Les enfants de l’Eldorado)

Introduction

  • [contexte] Candide a été publié en janvier 1759 à Genève et est un conte philosophique de Voltaire. « [Il] raconte les aventures d’un jeune homme qui découvre le monde et la vie[1]. »
  • Selon Cédric Laval, « la présence de l’Eldorado [est le] cœur du roman » et  

« constitue une pause dans le récit, un suspens dans le voyage sans terme de Candide, ce que soulignent encore les deux chapitres qui lui sont consacrés, [. . .] (‘ce qu’ils y virent’, ‘ce qu’ils virent dans le pays d’Eldorado’) : tout se passe comme si Voltaire s’était lui-même surpris, [. . . ] [2]. »

  • [situation de passage] Le passage se situe au début du XVIIe chapitre et au milieu du conte qui forme le premier chapitre sur l’Eldorado.
  • [lecture du texte]
  • On distingue trois moments dans l’extrait :
  1. Description de l’utopie : le luxe et la richesse (l. 1-11)
  2. Analyse de l’attitude des personnages (l. 11-23)
  3. Critique de l’utopie, du rêve et de la richesse (l. 24-28)
  • [particularité du passage] L’extrait présente une partie des deux longs chapitres sur l’Eldorado, l’arrivée de Candide et Cacambo dans cet univers et montre une situation exceptionnelle dans le conte. Il permet d’entrer dans ce monde et montre qu’on est dans l’univers du conte et du merveilleux qui n’est pas réel.
  •  [problématique] Comment est-ce que l’utopie d’Eldorado est présentée dans cet extrait ?

  1. Description de l’utopie : le luxe et la richesse (l. 1-11)

Définition de l‘utopie au XVIIIe siècle : « Selon le Dictionnaire de Trévoux, publié en 1771, l’utopie est une ‘région qui n’existe nulle part ; un pays imaginaire. Le mot utopie (titre d’un ouvrage) se dit quelque fois figurément du plan d’un gouvernement imaginaire, à l’exemple de La République de Platon’[3]. »

Dans Candide, Eldorado : « un pays d’abondance et d’équilibre où l’argent est sans valeur           [. . .][4] ».

Candide considère cet endroit comme le paradis sur terre. La première image du pays est :

  • « les enfants sont vêtus de brocarts d’or tout déchirés » (l. 3-4)
  • les enfants sont bien vêtus
  • les vêtements indiquent la richesse et le luxe du peuple 
  • Antithèse « de brocarts d’or tout déchirés » (l. 3-4) 
  • Il s’agit d’une utopie dans laquelle l’auteur emploie l’ironie pour bien montrer que ce pays est irréel et n’a aucun sens.
  • l’impression d’évoluer dans un rêve

🡪 pierres précieuses = cailloux

  • La présence d’hyperboles : « d’assez large pièces rondes » (l. 6-7) « un éclat singulier » (l. 7-8) « le plus grand ornement du trône du Mogol » (l. 10-11)
  • entraîne Eldorado en monde de perfection
  • le thème de merveilleux : tout est grand dans ce nouveau monde
  • Gradation « c’était de l’or, c’était des émeraudes, des rubis » (l. 9-10)
  • ils ont si riche que les enfants jouent avec des émeraudes, des rubis et de l’or
  • grande richesse ; luxe de la ville
  • en Eldorado : l’or est partout 🡪 il équivaut à la profusion (gleichbedeutend mit dem Überfluss)
  • Eldorado : « le pays doré, le pays de l’or[5] ».
  • Abondance de richesse sous la forme de matières premières mais aucune exploitation de ces richesses
  • évite toutes les conséquences néfastes sur l’homme (jalousie, vol, inégalité sociales,…)
  • Eldorado = idéal économique et un monde harmonieux : « jouaient au palet » (l. 4) « s’amusèrent à les regarder » (l. 5-6) « en souriant » (l. 21)

  1. Analyse de l’attitude des personnages (l. 11-23)

  • Candide et Cacambo transposent le code de leur univers d’origine[6]
  • aboutissent à des conclusions erronées
  • les écoliers = « les fils du roi du pays » (l. 12)
  • le magister = « le précepteur de la famille royale » (l. 14-15)
  • « en laissant à terre leurs palets » (l. 16-17)
  • les habitants d’Eldorado ne prennent pas soin de ce qu’ils ont
  • l’or et les pierres précieuses n’ont en réalité aucune valeur dans ce pays
  •  « Candide les ramasse » (l. 18)
  • Candide est surpris ; il ne comprend pas l’attitude face à l’argent/l’or : comment les enfants laissent à terre les pierres
  • « lui faisant entendre par signes que leurs altesses royales avaient oublié leur or »

(l. 19-21)

  • Candide pense que les enfants ont oublié les pierres de l’or, des émeraudes, des rubis
  • Voltaire présente avec humour la naïveté de Cacambo

🡪 c’est une position qu’il a durant tout le livre

🡪 une position pour découvrir le monde

  • « en souriant » (l. 21)
  • le magister jette les pierres par terre et son sourire montre qu’il se moque de la réaction de Candide
  • utilisation du 3e personne : Candide n’est pas le narrateur[7] 
  • distance : il ne fait pas partie de ce monde
  • son point de vue est propre, limité, subjectif et souvent erroné[8]
  • Candide est en Eldorado un voyageur-témoin faiblement impliqué, pas un personnage engagé dans un action[9] ; il n’est plus qu’un touriste  

  1. Critique de l’utopie, de rêve et de la richesse (l. 24-28)

  • « Où sommes-nous ? » (l. 25) « Cacambo était aussi surpris que Candide » (l. 28)
  • rien n’est semblable au monde connu de Candide
  • critique cachée de l’utopie : Voltaire caricature ce monde pour bien montrer qu’il n’existe pas, tout est trop parfait
  • « Il faut que les enfants des rois de ce pays soient bien élevés, puisqu’on leur apprend à mépriser l’or et les pierreries. » (l. 26-28)
  • ils se montrent incapables de préciser la nature
  • Candide dit qu’ils sont mal élevés car il y a un mépris de l’argent
  • une critique de la société d’ancien régime avec la noblesse et la royauté
  • où les rois, les nobles ont tellement d’argent qu’ils le dépensent inutilement, le gâchent et n’ont pas la valeur de la richesse face au peuple qui n’a rien ou presque
  • « Cacambo était aussi surpris que Candide » (l. 28)
  • le contenu de l’Eldorado ne renvoie pas au monde de Candide et Cacambo
  • répétition « surprise » (l. 23 et 28) 
  • les deux côtés (le magister et Candide) sont surprenants 🡪 ils ne comprennent pas les réactions et les mondes de l’un à l'autre

Conclusion 

Au niveau du récit, ce passage constitue une étape déterminante dans l’itinéraire initiatique de Candide puisqu’il découvre le « meilleur des mondes », un univers plus parfait encore que celui du château de Thunder-ten-tronck en Vestphalie. L’Eldorado est une utopie est un univers de prospérité matérielle, attesté par l’élégance des vêtements, la richesse, la beauté, l’harmonie et la perfection. De plus, en faisant de l’Eldorado un monde à la fois idéal et inversé, Voltaire définit ses propres conceptions politiques et sociales. Candide se retrouve dans la véritable utopie dont la fonction est comme d’habitude de permettre à Candide de jeter un regard critique sur la société européenne du XVIIIe siècle.

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