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Lecture analytique la peste excipit

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Par   •  9 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 757 Mots (8 Pages)  •  1 406 Vues

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Albert Camus, La Peste, 1947

LA4  -  La fin du roman, 5e partie, dernière section de « Du port obscur montèrent les premières fusées… » à « … et les enverrait mourir dans une cité heureuse ».

Introduction

Amorce (Voir les introductions précédentes) + situez le texte dans l’œuvre > La peste a desserré son étau avec l’hiver et Tarrou en est l’une des dernières victimes.  Début février, les portes de la ville se rouvrent : c’est la libération, marquée par des scènes d’allégresse.  Rieux, qui a appris la mort de sa femme, révèle qu’il est l’auteur de la chronique, écrite pour témoigner de ce qui a eu lieu.  Alors qu’il rend visite au vieil asthmatique, il retourne sur la terrasse où il avait reçu la confidence de Tarrou.  De là-haut, il perçoit les explosions de joie de la ville et tire les leçons de l’expérience qu’il vient de vivre.  

Problématique : Comment à travers un épilogue à portée symbolique, Camus révèle-t-il la figure de l’écrivain et sa réflexion humaniste ?

I/ Le paradoxe de l’épilogue

  1. Un dénouement

Le texte constitue un dénouement car il montre la résolution de l’action, la fin de l’épidémie de peste.  On repèrera donc le champ lexical de la fête « réjouissances », « fusées » « cris » « gerbes multicolores » qui suggère un feu d’artifice et le bonheur des Oranais est défini par les termes « allégresse » et « joie ».  L’amplification de ce sentiment suit la progression du feu d’artifice, comme le montrent les gradations « les premières », « sourde exclamation » ; « cris qui redoublaient de force et de durée », « à mesure que », « plus nombreuses », « cris d’allégresse qui montaient » : l’événement décrit est une célébration « officielle » de la « victoire ».  Le  passé sombre, celui de l’épidémie, semble rejeté (« étaient oubliés ») comme le confirme l’utilisation du plus-que-parfait « avaient été faites ».  Ainsi cette page évoque la célébration de la victoire, celle de la vie sur la maladie et la mort, l’épidémie ayant été vaincue.  Le dénouement est donc, apparemment, heureux.

  1. L’ambiguïté de ce dénouement

La structure du texte montre une progression : si le premier paragraphe évoque la liesse populaire, le deuxième débute par une opposition (« mais », « cependant ») qui introduit des tournures négatives et restrictives, insistant sur la relativité de cette victoire (« ne pouvait pas être celle de la victoire définitive »).  Le troisième paragraphe poursuit (« en effet », « car ») ce mouvement et insiste sur la permanence de la menace (« ne meurt ni ne disparaît jamais »).  La forme conditionnelle, à valeur de futur dans le passé (« devraient accomplir encore », « viendrait », « réveillerait ») accentue encore cette idée : le combat n’est pas terminé et devra se poursuivre.  C’est donc une victoire partielle, provisoire qui ne marque pas la fin de la lutte.

Transition : L’épilogue marque la fin d’une étape mais tourne aussi son regard vers un futur par rapport à l’histoire racontée.  Ce passage est à la fois fin et début, terme et continuité : le présent est synonyme d’allégresse, l’avenir est porteur d’espoir, mais peut devenir à nouveau douloureux.

II/ La portée symbolique de l’épilogue

  1. La présence de la peste

Champ lexical de la maladie « pestiférés » « fléaux » « bacille de la peste » « la peste » envahit progressivement le texte, à l’image de l’épidémie.  Mais le texte invite à rechercher un sens symbolique à la peste :

  • Un processus de généralisation – il ne s’agit pas  simplement d’évoquer la peste qui a sévi à Oran, l’utilisation du pluriel le montre « les fléaux »
  • Les termes renvoyant à l’action ou aux conséquences de la peste, mais qui sont empruntés à d’autres domaines que celui de la maladie, montrant ainsi le procédé de transposition, de décalage : « coupable », « injustice », « violence », « terreur », « arme inlassable ».  On note ainsi un glissement de sens, du sens dénoté au sens connoté.
  • La métaphore, voire la personnification de la peste (« endormi », « attend patiemment ») et la description de son action (« réveillerait ses rats », « les enverrait mourir »)
  • L’image des rats ; ils sont les vecteurs de la contagion de la peste, mais ils figurent aussi les soldats d’une armée, sous les ordres d’une autorité puissante, du Mal.
  • L’utilisation du présent de vérité générale (« la peste ne meurt ni ne disparait jamais »)

Le texte n’est donc pas simplement le récit d’un épisode particulier de l’épidémie à Oran.  Quel est le sens de cette allégorie ?

  1. Une allégorie

La date de publication permet de lier ce fléau humain, ce Mal, au nazisme, plus généralement à un  régime totalitaire, aux notions d’oppression et de destruction.  En outre, l’épidémie de peste à Oran se situe dans les années 1940, et la situation de la ville, mise en quarantaine, s’apparente à la fois à un état de siège et à un univers concentrationnaire.  La peste est alors allégorie historique du nazisme, et plus largement de l’oppression totalitaire et destructrice.  Le choix de cette maladie se justifie par son aspect contagieux, endémique, la difficulté que l’on rencontre à la maîtriser, à l’éliminer : la peste constitue donc un danger permanent, puisque toute victoire sur elle n’est que ponctuelle.  Enfin le détour par l’allégorie permet de donner une image concrète de cette menace,  c’est aussi un moyen de dire l’indicible et de dépasser la référence historique précise.  Ainsi cette page, conformément à la définition de l’épilogue, ouvre sur une nouvelle lecture du roman, elle en complète le sens, la portée.

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