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Lecture Analytique Mme Bovary de Flaubert

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Par   •  30 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  1 120 Mots (5 Pages)  •  2 801 Vues

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Lecture Analytique, texte 2 :

Madame Bovary, Flaubert, 1857

Comment est ridiculisée la cour que fait Rodolphe à Emma ?

Introduction :

Madame Bovary, roman réaliste écrit par Flaubert en 1857, raconte la vie d’une femme, Emma, qui, enivrée par les romans à l’eau de rose, passera sa vie à attendre le grand amour dont elle rêve. Nous nous situons dans cet extrait au moment où Rodolphe lui fait un discours amoureux pour la convaincre de rester avec lui. Cette scène se déroule au cours des Comices, une célébration agricole où se réunissent les agriculteurs et les paysans. Nous allons voir en quoi cette déclaration d’amour est-t-elle mensongère puis comment dans ce texte deux discours sont récités en parallèle en provoquant une ridiculisation de la scène.

  1. Un monologue amoureux mensonger
  • Rodolphe harcèle de questions rhétoriques dramatiques Emma Bovary, comme nous pouvons le voir aux lignes 15 et 16 : « pourquoi nous sommes-nous connus ? quel hasard l’a voulu ? » et plus loin, ligne 20 : « Savais-je que je vous accompagnerais ? ». Cet assaut de questions rhétoriques montre  qu'il ne laisse pas une chance à Emma de répondre, de réfléchir, comme s'il l'enivrait de ses paroles.
  • De plus, Rodolphe fait d’innombrables promesses (sous forme de gradations hyperboliques) alors qu’il va dans le futur trahir Emma (lignes 22 : « Cent fois même j’ai voulu partir. » 24 : « Comme je resterais ce soir, demain, les autres jours, toute ma vie ! »).
  • Cela est d’autant plus souligné par l’expression « causait rêves, pressentiments, magnétisme », ligne 7, où le verbe « causait » fait penser à une conversation légère. => discours narrativisé qui souligne le fait que Rodolphe fait de fausses promesses qui manquent de sincérité car il s’agit d’une énumération de clichés
  • Rodolphe exagère par sa façon de parler qui est très hyperbolique et fait penser à un homme désespéré qui ne peut plus se passer d’elle comme nous pouvons le voir ligne 31 : « je serai quelque chose dans votre pensée, dans votre vie ? ». En effet, nous avons une répétition du mot « vie » aux lignes 24 et 31, comme si sa vie dépendait d’Emma à présent. Aussi, l’emploi de la ponctuation expressive rend encore plus ridicule la scène car Rodolphe se dévoue complètement en exagérant à Emma qui elle reste muette sous cet assaut verbal.
  • Rodolphe emploie tous les clichés et les stéréotypes pour convaincre Emma, ce qui rend banal son discours (que d’innombrables hommes ont déjà fait) et en enlève la crédibilité. 
  • Rodolphe fait donc son discours qui se fait sans la participation d’Emma, ce qui rend ridicule la scène également car  il n’obtient aucune réponse sur le moment à sa déclaration et donc continue à essayer de la convaincre par son assaut verbal. De plus, nous pouvons voir aussi qu’il en vient à lui prendre la main  (ligne 17 : « il saisit sa main » ; ligne 33 : « Rodolphe lui serrait la main ».Cette idée d’assaut physique est d’autant plus corroborée par la comparaison à la « tourterelle » (ligne 33), qui fait penser que Rodolphe et un prédateur et Emma la proie.
  • De plus, les deux ne se connaissent que très peu encore et Rodolphe fait penser par son  discours qu’ils se connaissent depuis très longtemps (ligne 22 : « Cent fois même j’ai voulu partir, et je vous ai suivie, je suis resté »). Cela aussi rend ridicule son discours amoureux car ces exagérations sont complètement stéréotypées.
  • Enfin, le cadre de cette déclaration d’amour n’est pas très propice, étant donné que les comices ne sont pas très romantiques. C’est donc aussi ce choix de lieu par Rodolphe qui rend son discours ridicule.

  1. Un entremêlement de discours
  • Dans cet extrait, ce qui rendra le plus ridicule la scène est bien l’entremêlement de deux discours : la déclaration amoureuse de Rodolphe et celui de Derozeray, le Président des Comices.
  • Dans un premier temps, de la ligne 1 à la ligne 20, les deux discours s’entremêlent sans être cités réellement. En effet, le lecteur passe d’un discours à l’autre sans transition, ce qui le confond (ligne 11 : « M. Derozerays se posait ce problème. Du magnétisme, peu à peu, Rodolphe en était venu aux affinités. »). De plus, ces deux discours ont le point commun d’être une énumération de clichés et de réflexions pédantes qui marquent son inefficacité, comme pour Rodolphe avec Emma.

 

  • Ainsi, les deux discours, dans ce premier paragraphe, sont déjà entrelacés et s’opposent jusqu’au moment où le président s’exclame « Ensemble de bonne cultures ! », ligne 18. En effet, cette exclamation peut se référer tantôt au discours de Derozerays ou à celui de Rodolphe, la femme aimée devenant métaphoriquement la terre qui peut être cultivée grâce à la semence masculine, ce qui est une image assez douteuse.

  • Cet effet d’entrecroisement est accentué très fortement dans la deuxième moitié de l’extrait car les discours à présent sont cités de manière directe et s’entremêlent à chaque réplique. Cet entrelacement donne un effet comique au texte (ligne 24 : « Fumiers », ligne 28 : « pour un bélier mérinos ») car l’amour et la ferme ne sont pas conciliables. Nous avons l’impression qu’à chaque réplique de Rodolphe, le discours de Derozerays vient compléter sa phrase comme pour dire la vérité.  Ainsi, ces effets de coupures dans le discours de Rodolphe sont prémonitoires. Par exemple, ligne 28 : « Aussi, moi, j’emporterai vote souvenir. Pour un bélier mérinos. » nous fait penser que Rodolphe est en pleine exagération et fait de fausses promesses à Emma (comme c’est bien le cas). De ce fait, le discours de Rodolphe est sans cesse interrompu par celui de Derozerays qui lui vante les mérites de l’agriculture et décerne des prix, ce qui rend cette scène de déclaration d’amour ridicule. Les intrusions du discours de Derozerays dans celui de Rodolphe annulent ainsi la crédibilité et le sens du discours de celui-ci, à cause des équivoques provoqués par ces coupures.

Conclusion :

La cour que fait Rodolphe à Emma est ridiculisée sous plusieurs formes. Tout d’abord, le discours de Rodolphe est ridicule en lui-même du fait de l’exagération de l’emploi de clichés, de stéréotypes et de généralités pour convaincre Emma de rester avec lui. Deuxièmement, l’entrelacement des discours donne lieu à de nombreuses équivoques comiques qui cassent la déclaration de Rodolphe. Enfin, le cadre de cette déclaration, dans les comices, n’est pas très bien choisi par Rodolphe et ainsi, rompt l’atmosphère censée être romantique car le sujet de son discours est souvent dévié vers les déclarations de Derozerays. La déclaration romantique est pour ainsi dire complètement ridicule.

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