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Le théâtre peut-il exister sans représentation?

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Par   •  17 Mai 2019  •  Dissertation  •  2 138 Mots (9 Pages)  •  499 Vues

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Le théâtre est l’association d’un texte et d’une représentation. On examine souvent le théâtre en tant qu’objet littéraire qui a la particularité de mettre en dialogue le texte. Or, le théâtre fut, par sa nature, créé pour être représenté. En effet, l’apparition du mot théâtre remonte à la Grèce antique et a pour étymologie « lieu où l’on regarde ». De plus, c’est un art scénique (relatif à la scène). Effectivement, durant l’Antiquité, on jouait dans plusieurs grandes villes grecques (Athènes, Delphes ,etc) des pièces de théâtre en l’honneur du dieu Dionysos (dieu de la fête et du spectacle). Le but des premières pièces de théâtre à cette époque était la diffusion d’idées philosophiques, politiques ou religieuses. Ces dernières devaient être accessibles aux citoyens de toutes classes, et l’étaient en pratique grâce à des représentations. À cette époque les personnes appartenant aux classes les plus pauvres ne savaient pas lire et sans représentation les pièces ne les auraient pas touchées. On peut donc se demander si le théâtre peut exister sans représentation. Pour répondre à cette question, nous verrons tout d’abord, en quoi le théâtre peut exister sans représentation. Puis nous nuancerons notre avis en montrant qu’il doit être accompagné d’une représentation. Enfin, nous exposerons différents types de représentations.

On peut dire qu’il existe certaines pièces pouvant exister sans représentation. Cette absence de représentation pour un texte théâtral peut ainsi s’expliquer par plusieurs raisons. Tout d’abord, l’une des premières raisons peut être le fait que les pièces écrites par l’auteur sont très difficilement jouables. C’est la raison pour laquelle la pièce intitulée Cromwell, œuvre écrite par l’auteur français Victor Hugo, ne fut jamais portée sur les planches d’un théâtre. Cette pièce, qui rompt les conventions classiques dictées par Aristote, est effectivement très compliquée à jouer, et cela pour de multiples raisons. Tout d’abord, c’est à la fois une fresque historique de l’Angleterre du XVIIème siècle et le portrait de Lord Cromwell ; son histoire est donc particulièrement complexe à retranscrire sur scène. De plus, elle est extrêmement longue, elle est en effet, composée de 6920 vers. Ensuite, la fresque historique relatée dans cette œuvre en rend la mise en scène particulièrement compliquée, car cela nécessite de très nombreux changements de décors. Pour finir, le nombre de personnages apparaissant durant cette pièce est trop important pour que cette œuvre, dans sa version initiale puisse être portée sur scène. Dans un autre registre, une autre pièce dite « injouable » est l’œuvre écrite par Alfred de Musset et intitulée Spectacle dans un fauteuil, et cela de la volonté même de son auteur. En effet, ce texte est un recueil de pièces qui ont été écrites non pas pour être jouées sur scène, mais uniquement pour être lues. Ce choix de l’auteur était une conséquence de son expérience malheureuse lors de l’unique représentation de sa pièce précédente La Nuit vénitienne. Il ne désirait plus en effet être de nouveau confronté à la critique ou au public. Enfin, une autre pièce qui fut elle aussi très rarement jouée en son temps est Théâtre en liberté de Victor Hugo. Ce texte est aussi un recueil de plusieurs pièces. Ce sont des drames et des comédies écrites en vers ou en prose. Sa difficulté de mise en scène pourrait donc être facilement compréhensible car les textes composant cette œuvre sont très divers. Mais c’est la censure de l’époque qui a finalement interdit toutes possibilités de représentations. Toutes ces pièces sont, comme d’autres, particulières, mais restent cependant des œuvres théâtrales.

Cependant, il existe également certaines pièces qui n’ont jamais été représentées ou très rarement. Nous pouvons en premier lieu citer la pièce Lorenzaccio d’Alfred de Musset. Cette œuvre n’a jamais été représentée et cela suite à une demande de l’auteur. En effet, Musset a écrit cette pièce en 1834 en interdisant par avance toute représentation. Mais, contrairement à Spectacle dans un fauteuil, Lorenzaccio aurait pu être représenté si Alfred de Musset avait donné son accord. Ce choix de la part de l’auteur lui a permis d’éviter toutes les contraintes scénographiques de son époque car il aurait forcément dû les intégrer à son œuvre s’il en avait autorisé la mise en scène. En se faisant il préserve d’une certaine manière sa liberté totale de créateur d’histoire. Une autre œuvre appartenant à cette catégorie de pièce vivant sans représentation, est le Soulier de satin de Paul Claudel. Cette œuvre a cependant été représenté mais en de très rares occasions. Tout d’abord, cette œuvre dure environ onze heures. De plus, elle nécessite de nombreux effets de mise en scène à cause de la multiplicité et de la diversité des lieux évoqués, de la multitude de personnages y apparaissant, et enfin de la complexité de l’action qui combine simultanément plusieurs intrigues. Pour toutes ces difficultés, la mise en scène de cette pièce a été très peu fréquente. Ces pièces sans représentation permettent au lecteur de vivre et de comprendre la pièce à son rythme. Il peut ainsi tout à loisir utiliser son imagination pour s’approprier la pièce.

Après ces arguments, nous pouvons néanmoins dire que le théâtre doit être accompagné d’une représentation. En effet, la représentation théâtrale met en évidence l’importance que peut avoir la gestuelle des acteurs. C’est ainsi que l’art théâtral regroupe, en plus de l’écriture deux aspects fondamentaux. Premièrement, tout ce qui concerne la mise en scène, à savoir la gestion des lumières qui autorise le metteur en scène à mettre en avant une chose ou un acteur par rapport à un autre, les différents décors et musiques qui peuvent permettre au spectateur de situer l’action dans le temps ou l’espace, les multiples praticables et autres objets spécifiques, ainsi que les costumes qui rendent plus vivant et souvent plus compréhensible les personnages. En second lieu, l’expression corporelle et la gestuelle des divers interprètes qui renforcent la connaissance du caractère des personnages. Tous ces éléments combinés permettent de faciliter la compréhension du spectateur et cela quelque soit le but recherché par son auteur. Ils permettent ainsi au public de partager plus facilement l’univers qu’a souhaité créer l’auteur grâce à la visualisation de ses textes. Ainsi la pièce de Molière Le misanthrope avait pour but de faire passer un message sur la tolérance sociale, et essayait de prouver que même le plus vertueux des hommes peut avoir ses faiblesses. Quoi de mieux alors, pour cerner la personnalité du personnage, qu’une représentation renforçant les travers du Misanthrope lors de ses violents emportements par exemple. Les deux pièces suivantes Un cercueil pour deux de l’écrivain contemporain Jean-Pierre Martinez et Les suites d’un premier lit d’Eugène Labiche ont été écrites par leur auteur dans le même et unique but de divertir le public en le faisant rire. Quant à l’œuvre de Molière Le malade imaginaire elle regroupe les deux objectifs précédents. En effet dans cette pièce, non seulement Molière nous parle de notre peur de la mort à travers une critique des médecins, mais en plus il le fait dans le but d’amuser son public. La représentation de ces œuvres écrites renforce donc le plaisir du spectateur. Nous pouvons citer par exemple, la scène 6 de l’acte 2 du malade imaginaire. En effet, l’échange entre Thomas Dufoirus et son père prend toute sa mesure quand il est mis en scène par le jeu des acteurs se renvoyant à vive allure des mots tels deux joueurs de tennis échangeant une balle. Le public rit alors plus du rythme ultra rapide de l’échange que des mots échangés. La représentation d’une pièce théâtrale peut aussi être indispensable quand le texte lui-même est réduit au strict minimum. L’œuvre de Beckett Fin de partie en est une parfaite illustration. En effet, dans ce texte, les didascalies ne représentent pas moins du tiers du texte total. On comprend alors aisément l’importance de la représentation et de la mise en scène pour ce genre de texte. Dans tous les cas, la représentation théâtrale n’est autre qu’une interprétation de l’œuvre par le metteur en scène. Cette interprétation portant sur des décors ou des costumes, peut projeter l’œuvre dans une autre époque et en un autre lieu. Mais elle peut également modifier le sens profond de l’œuvre. Nous pouvons prendre pour exemple deux des interprétations de Dom Juan. La première réalisée par Daniel Mesguich est une comédie dans laquelle l’interprétation de Sganarelle est clownesque. La seconde de Marcel Bluwal, nous présente Dom Juan comme une tragédie, dans laquelle le personnage principal marche vers la mort.

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