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Le poète est il un être marginal?

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Par   •  9 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 966 Mots (8 Pages)  •  4 644 Vues

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Le mot poésie a pour étymologie le grec poein signifiant créer. La poésie est donc une création artistique qui exploite les ressources du langage. L’utilité et le but de la poésie ont souvent été discutés mais nous verrons que pour certains poètes elle permet l’expression de sentiments très profonds.

Le poète est donc un artiste, l’artiste étant “celui qui est capable de transposer les éléments de la réalité dans le cadre privilégié de son art", Bergson, dans Essai sur les données immédiates de la conscience ajoute: "l'artiste vise à nous introduire dans cette émotion si riche, si personnelle, si nouvelle, et à nous faire éprouver ce qu'il ne saurait nous faire comprendre."

Les artistes sont associés à de nombreux stéréotypes. Les plus courants étant bien évidemment qu’ils sont marginaux, en retrait de la société, et de simples incompris.

Il est donc légitime de se demander pour quelles raisons ils sont considérés comme incompris, marginaux ?

Nous verrons également comment le poète utilise la poésie pour parler de sa souffrance alors qu’il est incompris de sa société et s’en désintéresse.

Le poète n'est pas un homme comme les autres et il en souffre. Il est un être particulièrement sensible, et il ressent les choses de façon plus intense et dispose des mots pour le dire. Il choisit une « forme » (la poésie) irrationnelle, comme les sentiments, laquelle apporte souvent des remèdes à ces maux. Le poète est souvent un être de contradictions tiraillé entre l’Idéal et le Spleen. Il est quasiment toujours malheureux, l'amour n'est pas la seule cause de son désarroi. Il s'agit parfois d'un mal plus abstrait, plus profond : le spleen. C'est un état d'insatisfaction générale de l'âme, une sensation de vide, d'inachèvement. Au XIXème siècle, de nombreux poètes ressentent un manque essentiel, un besoin d'idéal ou d'ailleurs qu'ils ne peuvent exprimer qu'à travers la poésie. Baudelaire évoque ainsi dans Spleen les "longs ennuis" et "l'Angoisse atroce", qui qualifient son mal-être, son mal de vivre. En plus de ce dégoût du monde, le poète cherche parfois un idéal, un monde meilleur. Baudelaire, dans le poème Elevation, exprime ainsi son désir d'ascension vers un idéal qu'il ne peut trouver sur Terre, idée qu’il exprimes très bien dans le poème Anywhere out of the word avec les phrases suivantes ; « Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme. » et « mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: «N'importe où! n'importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde!».»

Stéphane Mallarmé, dans Poésies, ressent des tourments si profonds que seule la mort lui paraît libératrice : "j'ôterai la pierre et me pendrai".

Le poète, parce qu'il est touché par la création poétique, n'est pas toujours compris des autres hommes. C'est le cas par exemple de Rimbaud comme on le voit dans cet extrait de la Lettre à Paul Demeny qu'il rédige à la fin du XIXe siècle.

« Il s’agit de faire l’âme monstrueuse. […] Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. […] il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu […] ». Selon Rimbaud, le poète ne peut arriver à l'inconnu, ne peut se faire « voyant » qu'en se faisant l'âme monstrueuse, qu'en allant au-delà des normes et de la morale. Le poète revendique donc son statut de poète incompris, maudit par la société.

Cette image de poète « maudit » s'oppose à celle d'un poète « acteur dans la société » qui serait en adéquation avec son époque et sa société et ne ressentirait donc pas ce spleen ni cette sensation de manque.

Le poète Charles Baudelaire au XIXe siècle estime que la poésie n'a rien à voir avec la morale. Il fait partit d’une autre catégorie de poètes incompris. Selon lui, la poésie doit être un art gratuit, libéré de tout but sauf celui d'atteindre une beauté idéale.

Certains vont encore plus loin : selon eux, non seulement le poète cherche seulement à atteindre la beauté mais il doit refuser de s'écarter de cet unique chemin. Cette image d'un poète détaché de tout tracas des réalités de la vie quotidienne est ainsi reprise par certains poètes surréalistes qui refusent que la poésie ait une utilité. Benjamin Péret critique la poésie trop traditionnelle et engagée de Paul Eluard et de ses compagnons, poètes de la résistance. Selon lui, le poète n'a pas à se placer au service d'une cause politique, même juste. Sa recherche d'une poésie pure doit lui suffire.

Ces poètes du beau sont donc en retrait de la société, ils vivent dans un monde qui est le leur sans se soucier des problèmes de leur temps. Il est difficile de trouver leur place dans la société pour ces poètes ; d’où leur tentative de fuir le réel grâce à l'utilisation de nombreuses drogues à partir du XIXème S, qui ont notamment pour but de stimuler l'inspiration et permettent à certains poètes tel que Baudelaire de moins souffrir de problèmes de santé, Baudelaire a d’ailleurs écrit Paradis artificiels, il y décrit les effets de ce qu'il consomme.

La poésie sublime les sentiments douloureux. La séparation, la mort engendrent tristesse et désespoir et sont des thèmes fréquents de la poésie. La poésie permet de se libérer dans les mots et les sons, de rendre et de faire partager, par les rythmes et la musique, la douleur indicible, de faire exister le bonheur ou revivre l’absent.

Baudelaire essaie ainsi de définir, dans ses Fleurs du mal, ce « spleen », douleur morale engendrée par l’écartèlement de l’être humain entre le bien et le mal.

Le langage poétique dispose de multiples ressources. Hyperboles, vocabulaire affectif, dislocation des phrases qui bouleverse la

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