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Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours

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Par   •  2 Novembre 2018  •  Discours  •  5 330 Mots (22 Pages)  •  1 026 Vues

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S.CROS-JOUAN                                                                                                Mars 2018

Lycée Saint Marc- Classes de P5 et P7                                                        

Bac Blanc n°2 - Correction

Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours

Corpus

1. Voltaire, Candide ou l’optimisme, 1759.

2. Stendhal, La chartreuse de Parme, 1839.

3. Gabriel Chevallier, La peur, 1930.

4. Jean Echenoz, 14, 2012.

Question (4 points) : En quoi les réactions des divers personnages face à la guerre se ressemblent-elles ou se différencient-elles ?

        Le personnage de roman peut être confronté à de multiples situations et, pour certains auteurs, placer un homme face à la guerre est un bon moyen de bouleverser le lecteur. Ainsi, Voltaire dans le conte philosophique Candide ou l’optimisme, paru 1759 place le jeune héros au cœur de la guerre. Au siècle suivant, Stendhal, qui a été soldat de Napoléon, envoie Fabrice à Waterloo dans son roman La chartreuse de Parme datant de 1839. De même, fort de son expérience de soldat, Gabriel Chevallier, dans son roman La peur, paru juste après-guerre en 1930, fait vivre au lecteur le front. Nous nous demanderons en quoi les réactions des divers personnages face à la guerre se ressemblent-elles ou se différencient-elles. Dès lors, il s’agira de voir que la majorité des textes évoquent la peur qui s’empare des personnages pour enfin rendre l’incompréhension du soldat face à la guerre.

        Dans les œuvres de Voltaire, Stendhal et Chevallier c’est la peur qui domine. Le titre du texte de Chevallier : La peur, décrit avec un grand réalisme les effets de la terreur sur le corps des soldats. Ainsi nous lisons «  [le ciel en feu] nous tordit les entrailles de coliques sèches et aiguës. Notre cœur nous déchirait d’explosions internes, ébranlait les parois de notre thorax pour s’échapper. » ! Dans une image très forte, G.Chevallier décrit l’âme au bord des lèvres, que les soldats s’efforcent de ne pas vomir.

La peur reste très présente dans les textes de Voltaire et Stendhal même si elle n’est plus l’objet central de la description psychologique. Nous en retrouvons la trace dans La chartreuse de Parme  quand Fabrice découvre le cheval agonisant. Mais l’instant précédent, la mort de deux hussards fauchés près de lui ne l’avait pas fait réagir. Nous pouvons soupçonner un effet de distanciation et de moquerie de la part de l’auteur envers son propre personnage. Cette peur du front, du feu, est aussi présente chez Candide. Voltaire décrit le jeune homme pris dans la tourmente de la bataille et qui tremble comme un philosophe. L’attitude de Candide est éloquente, nous lisons qu’il « se cacha du mieux qu’il put » et « s’enfuit au plus vite dans un autre village ». Là encore, l’ironie envers son personnage est très perceptible de la part de Voltaire, mais c’est bien l’angoisse envers les atrocités du combat qui habite Candide.

        En revanche », le texte de Jean Echenoz ne transmet pas l’idée de peur, mais plutôt celle de l’incompréhension. Le texte insiste, en effet, sur l’idée de désordre de la guerre et met donc en scène un personnage, Anthime, en butte à une agitation intérieure et à une incapacité à saisir ce qui l’environne. Lorsque des soldats meurent près de lui, il croit voir des gerbes de sang mais sans certitude « que ce fût du sang sous pression, ni d’ailleurs d’en avoir jamais vu à ce jour, du moins pas de cette façon ou sous cette forme ». L’auteur ajoute « qu’il n’avait d’ailleurs pas la tête à penser, juste à tenter de tirer sur ce qui semblait hostile ». Non seulement Anthime ne saisit pas toujours le sens des évènements qui l’environnent, mais il est si absorbé par la guerre qu’il voit tout dans l’instant et n’a pas même l’occasion d’un recul critique, d’une analyse : c’est sans doute cette incapacité physique et psychologique à appréhender ce qui se déroule quand on est dans le feu de l’action que veut rendre l’auteur. Nous notons que l’auteur cherche à insister sur l’impréparation tactique, qui n’aide guère les soldats à saisir le sens et le mouvement de ce qui se passe, quand il écrit : « On avait chargé trop tôt, commettant de plus l’erreur de se porter en masse sur la route ». Voltaire aussi traduit cette incompréhension dans cet extrait. Candide fuit, bien légitimement mais reste sou l’emprise d’un choc. C’est la focalisation zéro qui domine le texte et l’oxymore « boucherie héroïque » signale la présence moqueuse de Voltaire, tout comme « il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même ». Candide, à ce stade du récit, n’a pas encore accompli la prise de conscience qui l’amènera à se détacher de sa simplicité originelle : il vit les évènements, sans les inscrire dans une interprétation. De même, dans le texte D, Fabrice découvre la guerre, et toute chose a priori, avec un regard naïf : il trouve horrible un cheval éventré mais n’est pas touché par la mort des hussards. Plus encore, il ne saisit que tardivement que la terre labourée l’est à cause des boulets : le champ de bataille est un théâtre de bruit et de fureur qui lui reste en partir incompréhensible, nous lisons « il n’y comprenait rien du tout ». Enfin G.Chevallier privilégie la description du bombardement et des combats en focalisation interne. Les sentiments du personnage nous sont restitués dans leur vécu immédiat. Mais, là encore, il y a peu de place à la réflexion et au recul, puisque le narrateur est pris dans la tourmente des combats : la peur évacue toute réflexion, et l’omniprésence du corps traduit bien que l’âme se meurt-on voudrait la vomir.

        Le corpus plonge les héros, comme le lecteur, au cœur de la guerre. La peur ne domine pas tous ces jeunes-hommes car ils n’ont pas toujours conscience de ce qu’ils vivent. Le choc de cette expérience vient souvent après…quand l’épreuve devient souvenir pour le personnage ou pour les auteurs. En effet, Stendhal comme Gabriel Chevalier ont été enrôlés et tous deux ont ressenti le besoin d’écrire pour dénoncer les ravages incessants de la guerre à cent ans d’écart !  

COMMENTAIRE

        « A la guerre, comme à la guerre ! » cette expression française du XVIIème siècle est construite sur une métaphore très parlante qui traduit la bonne volonté de celui qui la prononce dans un moment très difficile comme la guerre…Car l’expérience de la guerre plonge souvent l’homme au cœur des ténèbres. Ainsi, dans son roman 14 paru en 2012 Jean Echenoz envoie  de jeunes vendéens au front. Le texte, extrait du chapitre 8, présente Anthime et ses camarades au cœur de la guerre, baïonnette à la main C’est ici « le premier combat pour lui et pour les autres »… Alors, texte donne à voir une guerre de mouvement, un récit de « première fois » et nous pouvons nous demander comment l’initiation violente au feu est-elle mise en scène dans ce passage ? Nous étudierons tout d’abord la découverte de la guerre par Anthime, pour montrer ensuite que cette bataille est présentée comme absurde et enfin qu’il s’agit bien plutôt d’une reprise littéraire contemporaine de textes antérieurs, d’une réécriture du récit de guerre initiatique présentant un héros perdu, qui ne comprend rien.

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