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La lettre de Dorante à son successeur

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Par   •  30 Novembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 497 Mots (6 Pages)  •  288 Vues

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Acte III, scène 8

Lecture Linéaire

La lettre de Dorante à son successeur

[CONNAISSANCES LUMIERES +] Marivaux est un dramaturge comique du XVIIIe siècle célèbre pour ses comédies matrimoniales, telles que Le Jeu de l’amour et du hasard ou bien La Surprise de l’amour. Très inspiré par la commedia dell’arte, il fait jouer par les comédiens italiens la majorité de ses pièces. Marivaux fait représenter pour la première fois en 1737 Les Fausses Confidences, pièce qui met en scène un stratagème amoureux, ourdi par Dubois, ancien valet de Dorante. Ce jeune homme est en effet amoureux de la veuve Araminte qui est elle-même courtisée par le personnage du Comte. Ce dernier souhaite l’épouser avec le consentement de la mère de la jeune femme, afin d’éviter un procès long et coûteux entre les deux partis. Dorante se fait engager comme intendant d’Araminte, et Dubois le présente à Araminte comme follement amoureux de la jeune veuve, mais ne pouvant déclarer son amour passionnel. Dubois va donc multiplier les confidences à Araminte afin que celle-ci tombe amoureuse du jeune homme. Le dernier acte est riche de suspense, Dubois a manigancé, par l’écriture d’une lettre, un coup fatal : la révélation devant l’ensemble de la maison de l’amour de Dorante. La lettre a été interceptée par Marton, selon les manigances de Dubois. C’est un stratagème courant dans la pièce : Marivaux s’est amusé tout au long de sa comédie à multiplier les lettres dans lesquelles des confidences écrites tombent à chaque fois, volontairement, dans de mauvaises mains. Dans cet extrait, c’est ici l’aveu total de la passion de Dorante devant l’ensemble des personnages de la pièce. Dubois frappe donc d’un coup fort, pour éloigner avec éclat tous les obstacles à ce mariage. Le texte pourrait se diviser en deux mouvements, le premier présente un tribunal public contre les intérêts de Dorante, et alterne passages de la lettre et commentaires des personnages, le second commente la lettre qui rappelle des extravagances amoureuses de Dorante.

Enjeux de lecture :

  • Comment fonctionne ce dernier stratagème ?
  • En quoi cette lettre crée-t-elle un nouveau bouleversement ?
  • Comment est mise à jour la passion de Dorante dans cet extrait ?

Premier mouvement (l. 1 à 5) : Un tribunal public contre les intérêts de Dorante

Le début de l’extrait commence comme un coup de tonnerre, une ultime péripétie qui doit, pour Marton, sceller la chute de l’intendant. La servante en donnant la lettre au Comte montre à tout le monde de quel côté vont ses intérêts. S’en suit comme à l’acte II scène 13 une scène qui mêle à la fois des extraits de lettres lues et des commentaires, mais ici d’une manière beaucoup plus polyphonique que la scène citée.

La lettre que va lire le comte à voix haute (didascalie « lit haut », l.1) est en définitive une lettre de confession amicale et n’a rien d’officiel. L’adjectif possessif « mon » (l.1) confirme la connivence, la complicité, entre l’expéditeur et le destinataire de ce courrier.

L’emploi du verbe « conjurer » (l.1) peut susciter l’empathie, la compassion du lecteur à l’égard de Dorante qui va être humilié publiquement.

Qu’en est-il de la lettre ? Elle représente Dorante comme un être torturé et passionné. En effet, il qualifie son amour de « malheureuse passion que j’ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais » (périphrase / métaphore, l. 3-4). L’emploi du vocabulaire absolu « jamais » confirme son attachement sincère mais aussi sa douleur.

Ce passage n’est pas sans rappeler la première confidence de Dubois à Araminte à l’acte I scène 14 (cf. « la dame que vous savez » l.2-3). C’est ici le même portrait d’un jeune homme maladivement amoureux, à la différence que Dorante est ici exposé à l’attention de l’ensemble des personnages de la pièce. Le vocabulaire se fait ici tragique avec l’adjectif « malheureux » le terme de « passion » (qui rappelle les tragédies de Racine), et le motif de l’impossible guérison (qui n’est pas sans rappeler la malédiction amoureuse que subissait Phèdre dans la pièce éponyme de Racine). Le clan anti-Dorante est extrêmement vif : après le Comte, c’est la mère d’Araminte qui prend la parole et qui souligne par l’emploi du mot « passion » (l. 3) le sentiment choquant, inapproprié, et presque dégoûtant à ses yeux, d’un être qu’elle juge inférieur à sa fille. Madame Argante – en demandant si sa fille a compris la portée de ce terme – souligne ici l’indécence de cette confession : « Entendez-vous, ma fille ? » (QR, l.5). La lettre va, alors, être lue et commentée systématiquement par ces deux personnages, la mère et le Comte, salissant ainsi la confession de Dorante, et la rendant, par ricochet, beaucoup plus forte et puissante pour Araminte.

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