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« L’Echafaud », La Légende des siècles, V. Hugo.

Commentaire de texte : « L’Echafaud », La Légende des siècles, V. Hugo.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  4 324 Mots (18 Pages)  •  7 002 Vues

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Lecture analytique n° 2 : « L’Echafaud », La Légende des siècles, V. Hugo.

Introduction : Citation pour accroche : « O peuples, détrônez l'échafaud ! (…) Lève-toi, sainte émeute de la vie contre la mort ! » : c’est ainsi qu’Hugo, dans son recueil de notes posthume intitulé Choses vues, encourage les hommes à œuvrer pour le progrès et mettre ainsi un terme à ce châtiment barbare qu’est la guillotine.

Contexte de production, présentation de l’auteur et de son combat contre la PDM : Traversant le XIXème siècle, figure de l’écrivain engagé dans les combats littéraires et politiques de son siècle, Victor Hugo s’est notamment illustré dans la lutte pour l’abolition de la peine de mort, contre laquelle il a œuvré tout au long du siècle. Dès les années 1830, il mobilise divers genres pour servir ses positions contre la sentence capitale, qu’il s’agisse du récit, avec Le Dernier jour d’un condamné ou Claude Gueux, du discours, comme celui qu’il prononce devant les députés de l’Assemblée constituante en 1848 pour voter « l’abolition pure, simple et définitive de la peine de mort », ou du genre poétique, à l’image de ces vers de La Légende des siècles intitulés « L’échafaud ».

Présentation du recueil et du poème : Les poèmes qui constituent ce recueil, présentés comme « l’épopée humaine, âpre, immense, écroulée », mais aussi comme le cheminement de l’homme se dirigeant des ténèbres vers l’idéal, présentent ainsi l’histoire de l’humanité à travers la philosophie, la religion ou la science. Hugo raconte l’histoire des hommes de l’antiquité biblique au XIXème siècle : le poète s’y nourrit de références à toutes les cultures et toutes les époques, faisant revivre d’innombrables événements merveilleux. Il consacre ses premiers poèmes à la mythologie et aux hauts faits du Moyen Âge, puis s’intéresse au XVIème siècle à travers la domination espagnole et l’Inquisition, et enfin s’attache à l’épopée politique et sociale du XIXème siècle. Dans cette perspective à la fois historique et symbolique, l’échafaud, dans le poème que nous allons étudier, symbolise non seulement l’inhumanité du châtiment, mais aussi l’obscurantisme et le passé : Hugo en dresse un tableau contrasté dans un poème en alexandrins, composé de strophes de longueur inégale. Dans ces vers qui évoquent toute l’horreur du châtiment, il affirme aussi sa foi dans le progrès de l’humanité, qui se dirige nécessairement vers une nouvelle liberté et une plus grande sagesse.

Problématique : Quel tableau de l’échafaud Hugo dépeint-il dans ce poème ? En quoi la vision de l’échafaud convoquée par le poète (ou la représentation de l’échafaud) permet-elle de révéler (ou dénoncer…) la barbarie de la peine de mort ?

Annonce du plan : Nous étudierons d’abord les différentes visions de l’échafaud, puis nous analyserons de quelle manière Hugo met en place dans ce poème « une émeute de la vie contre la mort » en condamnant avec emphase la peine capitale.

  1. Un tableau contrasté de l’échafaud / Les visions de l’échafaud

  1. Une description précise mais ambivalente (les désignations laudatives  l’ironie)

Dans ces vers, il s’agit pour Hugo d’évoquer les instants qui font suite à l’exécution d’un homme. Le titre annonce sans ambiguïté le sujet du poème : c’est de la guillotine dont il va être question. Si la présence de l’article défini rappelle que le poète va évoquer un échafaud précis, la présence de ce dernier dote aussi le nom d’une valeur universelle : à travers la peinture de cet instrument barbare, ce sont toutes les condamnations à mort qui sont ainsi rappelées. L’évocation de l’échafaud fait l’objet d’un soin particulier, à l’image du lexique varié qui permet de le dépeindre (le « large acier » v. 3, le « tombereau »…) et des nombreux adjectifs qualifiants qui le caractérisent.

Le cadre spatio-temporel de ce poème aux allures de récit (cf. présence de verbes à l’imparfait) est réaliste : l’énonciateur se trouve sur la Place de la Grève à Paris, ancienne Place de l’Hôtel-de-Ville, à l’endroit où avaient lieu les exécutions publiques. Il s’agit du moment du coucher du soleil, du « crépuscule », mentionné à l’ouverture du v. 24. Une évolution temporelle a lieu au cours du poème : dans les premières strophes, il fait encore « jour », comme en témoigne le participe présent « Luisant ». A partir de la troisième strophe, c’est le « couchant » et ses variations de couleurs qui se déploient, à l’image du verbe « empourprait ». Le déclin du soleil connote évidemment l’extinction, soulignée à travers un lexique de la finitude (les verbes « achevait » ou « expirer », par exemple). Enfin, la nuit tombe définitivement, et la menace, latente au début du poème, se fait désormais plus prégnante puisque le « crépuscule » est comparé aux « fantômes ».

De nombreux indices soulignent les actes de barbarie dont la guillotine est à l’origine : ainsi, la rime qui associe les monosyllabes « hache » et « tache », ultime signe visible d’une vie qui vient de s’éteindre, renforce l’impression d’une menace omniprésente. L’allitération en (r) présente dans la deuxième strophe accentue elle aussi ce sentiment d’un danger qui plane : cette dernière permet en effet d’insister sur les termes les plus inquiétants, qu’il s’agisse de l’adjectif « terrible » ou des noms « tombereau » et « roue ». Enfin, de multiples adjectifs péjoratifs permettent de dresser une représentation de l’échafaud des plus sinistres : celui-ci est tantôt « terrible » (v. 13), tantôt « effrayant » (v. 28), il est à la fois « hideux » (v. 29), « épouvantable et sombre » (la coordination servant l’accumulation). Hugo n’est donc pas avare pour témoigner de l’horreur que représente cet instrument de mise à mort et tous les procédés de l’emphase semblent mobilisés pour signifier la violence et la barbarie de cette invention.

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