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L'étranger, Albert Camus, le procès

Cours : L'étranger, Albert Camus, le procès. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2017  •  Cours  •  2 297 Mots (10 Pages)  •  1 008 Vues

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Le procès

I- Un plaidoyer caricatural

1. La stratégie de défense

- Le plaidoyer cherche à atténuer responsabilité de Meursault en parlant de provocation de la part de l'Arabe, il s'oppose à l'accusation de préméditation défendue par le procureur.
- La majeure partie du plaidoyer s'intéresse au caractère de Meursault, à sa moralité (« âme » répété plusieurs fois).
- Portrait élogieux de Meursault en évoquant son rapport au travail puis son rapport avec sa mère. Cependant, ne parle pas de l'enterrement sans que l'on sache pourquoi.
- L'avocat conclut par caractère non prémédité du crime (« une minute d'égarement »)
=> demande que la vie de Meursault soit épargnée en requérant des circonstances atténuantes. L'avocat met en évidence le « remords éternel » de Meursault comme étant un châtiment suffisant.
- L'avocat essaie de créer de la compassion, d'attirer la bienveillance des jurés, en présentant Meursault comme un humain. Mais son discours est maladroit et stéréotypé.

2. Les points faibles du plaidoyer

- La conversation entre Meursault et gendarme (discours direct et indirect) révèle que le discours de l'avocat n'est pas original mais est stéréotypé, donc pas très convaincant.
- Avocat arrogant : déclare pouvoir lire dans l'âme de Meursault « à livre ouvert » (métaphore) alors que Meursault est un personnage opaque difficile à comprendre pour le lecteur et les jurés.
=> prétention : « je me suis penché sur cette âme » =>  « penché » = position supériorité comme si Meursault = simple objet à analyser.
- hyperboles : « infatigable », « aimé de tous », « fils modèle ».
=> discours caricatural, argumentaire manquant de justesse, de nuance, de complexité. Le but est de faire entrer Meursault dans des normes acceptables par la société. Or, Meursault échappe aux règles et refuse même de s'y soumettre : pas de remords envers son crime et l'affirme.
- Verbes de perception et d'opinion => focalisation interne, paroles de l'avocat entrecoupées par les pensées de Meursault.
=> Meursault ne se reconnait pas dans les propos de l'avocat : « Pour lui, j'étais un fils modèle… » => marque distanciation vis-à-vis du portrait fait de lui.
=> alors il signale la médiocrité de l'avocat (« ridicule »), le dévalorise par rapport au procureur et signale les oublis de la plaidoirie : « il n'a pas parlé de l'enterrement et j'ai senti que cela manquait dans sa plaidoirie ».

3. Une vaste mise en scène

- Impression que le procès est une mise en scène vidée de sens.
- Première phrase ironique : attitude des jurés munis de « petits éventails [qui] s'agitaient tous dans le même sens » est très mécanisée.
=> parallélisme de construction (« grands ventilateurs » / « petits éventails »), les jurés sont assimilés à des ventilateurs qui « brassent de l'air ».
=> peut évoquer caractère superficiel du procès, comme si ensemble procédure = parodie de justice, scène de comédie.
- A la fin de l'extrait, félicitations des autres avocats au discours direct : impression d'automatisme, ils ont l'habitude de faire ça et répondent ainsi à un rituel et disent des paroles convenues qui virent à la caricature.
=> cruel pour Meursault à qui on demande son avis sur le discours de son avocat (« Hein ? ») comme si pas concerné par le jugement.

=> Impression d'absurdité qui explique réaction de Meursault et évolution sentiments au fil du texte.


II - Meursault étranger à son procès

1. L'impression d'être exclu

- L'avocat se substitue à Meursault, parle à sa place (« Je »).
=> étonne Meursault qui n'est pas familier de l'univers judiciaire. Meursault interprète cela comme volonté de « l'écarter encore de l'affaire », de « le réduire à zéro », de « se substituer à [lui] » (gradation).
=> L'ordre gendarme révèle qu'il n'est pas loin de la vérité : « il m'a dit de me taire »

- Meursault exprime un sentiment tragique d'impuissance : impression que son destin lui échappe (« j'ai été assailli des souvenirs d'une vie qui ne m'appartenait plus ».
=> malaise (« vertige ») et comparaison : « j'ai eu impression que tout devenait comme une eau incolore » => impression de se vider de sa substance.

2. Le manque d'intérêt de Meursault pour son procès

- La plaidoirie de l'avocat est très peu rapportée au discours direct.
- Essentiellement discours narrativisé, surtout dans le second paragraphe et au discours indirect libre => signe du désintérêt de Meursault.
- Sentiment d'exclusion, mise en scène, chaleur et longueur discours de l'avocat sont les raisons qui provoquent le détachement de Meursault : « à un moment donné, cependant, je l'ai écouté », « À la fin, je me souviens seulement que… », « C'est à peine si j'ai entendu ».

3. Le refuge dans le souvenir

- L'attention de Meursault est détournée par le bruit extérieur de « la trompette d'un marchand de glace » qui incarne la vie en liberté => souvenirs du personnage (« j'ai été assailli des souvenirs ».
=> les souvenirs viennent de très loin : le son vient « de la rue », il passe « à travers l'espace des salles et des prétoires » jusqu'à lui => vie antérieure lointaine, définitivement révolue.
=> Dans cette phrase qui glisse vers l'élégiaque, on ressent l'émotion de Meursault, pris par un sentiment de dépossession.
- Souvenirs associés à des sensations qui correspondent à des plaisirs simples et quotidiens (énumération « des odeurs d'été,… ») => attachement de Meursault à Marie, cela contredit l'accusation d'insensibilité qui pèse contre Meursault et confirme son humanité.
=> le procureur et l'avocat, qui représentent société entière, sont passés à côté de la vérité de ce personnage qui vit dans l'instant.
- Rythme avec phrases plus longues que d'habitude avec subordonnées qui expriment cette lente remontée du souvenir.
=> la parole de Meursault se libère, signe d'un processus de transformation. Il parvient davantage à exprimer ses sentiments.

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