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L'assommoir - commentaire de l'incipit

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Par   •  31 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 414 Mots (6 Pages)  •  979 Vues

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Supplément au voyage de Bougainville

Informations utiles

C’est une œuvre de fiction écrite suite à la parution de Voyage autour du monde de Bougainville et parue pour la première fois en 1772. Elle traite principalement des mœurs et de la morale sexuelle. Elle met en scène un dialogue entre deux personnages (A et B) discutant du voyage de Bougainville (1er français à avoir fait le tour du monde). B propose de parcourir un prétendu Supplément qui remet en cause des évidences énoncées par Bougainville.
Deux passages de ce
Supplément sont enchâssés dans la discussion :
- les adieux du vieillard
- le long entretien entre l’Aumônier et Orou.
Cet extrait est tiré du second dialogue, qui permet de confronter des pensées et proposer une vision de l’Europe (l’Aumônier) par les Tahitiens (Orou).

Introduction

C’est un récit fictif qui oppose deux façons de penser, de vivre, et deux visions de la morale sexuelle : celle de l’Europe, et celle de Tahiti. La sexualité est un point qui séduit l’imaginaire au XVIIIème siècle par rapport au monde sauvage. Elle est aussi traitée par exemple dans Les Égarements du cœur et de l'esprit (1736) de Crébillon fils ou Liaisons dangereuses (1782) de Laclos. Diderot s’inspire d’un sujet banal mais son approche est originale : il utilise la sexualité tahitienne comme moyen de critique des mœurs européennes.

Problématique : En quoi l’opposition des deux thèses conduit à une critique de l’Europe ?

  1. Un dialogue tendu
  1. Fonctionnement, structure du dialogue

Deux parties :
- répliques courtes
- une réplique longue d’Orou pour expliquer le fonctionnement de la société européenne, puis une autre pour expliquer la sienne

C’est Orou qui domine le dialogue car dans les deux parties il énonce les répliques les plus longues.
Le dialogue permet d’exposer clairement les deux thèses et de mettre en valeur les inégalités de pouvoir de persuasion : structure antithétique.

- L’Aumônier porte un jugement social : les conséquences de la naissance d’un enfant hors-mariage.
phrases simples, courtes, déclaratives → vérités de la société et de la religion
termes péjoratifs : «
 déshonorée » (l. 1), « méprisée » (l. 3), « lâche » (l. 5), « volage », « libertin » (l. 7)
Personne n’est épargné par ce jugement social : groupe ternaire « 
Le père, la mère et l’enfant » (l. 7).
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ème réplique → quelle que soit leur posture, les deux époux sont coupables aux yeux de la morale de l’époque.
Les premières répliques montrent l’assurance de l’Aumônier.

- Orou s’oppose, refuse et critique l’Europe.
Ce dialogue peut sembler amical mais c’est un dialogue de sourd, car l’Aumônier ne répond pas aux questions d’Orou.
« 
et pourquoi ? » → rompt le dialogue et remet en cause le fondement même des propos de son interlocuteur

  1. Renversement du schéma ethnographique

L’importance de ce texte réside dans le discours du sauvage vis-à-vis de l’Europe.
Renversement du schéma traditionnel dans lequel l’européen analyse et juge celui qu’il désigne comme un sauvage ; ici, c’est le civilisé qui se découvre jugé par un regard étranger : celui d’Orou.
Après la longue réplique de ce dernier, bref retour au schéma traditionnel puisque l’Aumônier questionne Orou sur les mœurs sauvages. Il est d’accord et cautionne ses propos (« 
Cela ressemble. » à la l. 22), ce qui vient corroborer la démarche du sauvage.
L’Aumônier change de sujet avec l’adversatif « 
mais » (l. 22) ; il n’a pas d’argument pour défendre son point de vue. C’est une transition mais également un échec.
Ce questionnement de l’européen est le symbole de la déchéance de l’Europe → condamnation de l’Europe par Orou : « 
ta dernière question achève de me déceler la profonde misère de ton pays » (l. 30).

  1. La figure du sauvage

Orou est indigné : questions et exclamations, la société européenne est selon lui extravagante, monstrueuse (hyperbole « quel monstrueux tissu d’extravagances » à la l. 9 qui montre la force de sa dénonciation), contre-nature (« le préjugé a tout à fait étouffé la voix de la nature », « la nature ne réclame pas ses droits » à la l. 20-21).
Il reproche aux européens d’être juges en toute chose (l. 10-11), ce qui crée une atmosphère corrompue et viciée : longue énumération (14 verbes à la suite) aux l. 11 à 13.
termes péjoratifs pour les qualifier : « 
un ramas d’hypocrites » (l. 18-19), « imbéciles » (l. 20)
Le lexique du crime est systématiquement associé à la société européenne, pour mettre en avant sa corruption : « 
on s’accuse », « on se suspecte » (l. 12), « le crime et la débauche » (l. 16).
Orou représente les Lumières et le savoir alors que c’est un sauvage. Il n’est pas inférieur à l’Aumônier, il est capable de comprendre les non-dits de ses propos (« 
et encore tu ne me dis pas tout » à la l. 9) et de reconstruire par une démarche déductive une image, une vision abstraite de la société européenne. Il est omniscient : « Je sais tout cela, comme si j’avais vécu parmi vous » (l. 17). Il remet en cause tout le fonctionnement de cette société à travers une réplique longue et très argumentée. Il maîtrise le dialogue et les règles syntaxiques et s’inscrit ainsi dans les Lumières.

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