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Dissertation: Pourquoi l’on peut dire que les livres V à X des Caractères développent l’idée que le monde est un théâtre?

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Par   •  5 Novembre 2022  •  Dissertation  •  1 445 Mots (6 Pages)  •  3 301 Vues

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Les Caractères, recueil de seize livres rédigé en 1688 par l'ex-précepteur du duc de Bourbon Jean de La Bruyère, saisissent ses lecteurs dès leur publication par leur finesse d’observation, leur critique tantôt cynique, tantôt virulente, tantôt optimiste, toujours douloureusement juste du fonctionnement de la société française et des moeurs de son peuple. Parmi ses thèmes récurrents est celui du theatrum mundi, c’est-à-dire l’idée que la société dans laquelle nous évoluons chaque jour s’apparente à une scène de théâtre où chacun avance masqué, jouant un rôle dans une réelle comédie sociale.

C’est pourquoi, dans cette dissertation, nous nous demanderons pourquoi l’on peut dire que les livres V à X des Caractères développent l’idée que le monde est un théâtre.
        Pour ce faire, nous comprendrons dans une première partie en quoi la structure globale, la dimension scénique de certains portraits et l’écriture des livres V à X peuvent apparenter l’oeuvre à une pièce divisées en six actes; puis, nous analyserons le concept du
theatrum mundi et sa place capitale à la fois dans les Caractères et dans la société; et enfin, nous étudierons comment La Bruyère démasque l’illusion comique en place partout dans les interactions quotidiennes du peuple: l’hypocrisie, les faux-semblants et les rôles mensongers joués par les “personnages” dans un monde qui leur sert de scène.

En premier lieu, nous expliquerons en quoi les livres V à X des Caractères présentent des caractéristiques, autant dans leur structure que dans l’utilisation de portraits semblables à des saynètes et dans le style d’écriture de La Bruyère, qui peuvent se rapprocher de ceux d’une pièce construite en six actes.

        Tout d’abord, l’on pourrait remarquer que l’ossature même, la disposition des livres des Caractères fait un rapprochement vers le style théâtral: en effet, dans l’agencement des livres V à X, bien qu’aucune intrigue globale ou ligne continuelle ne soit présente, les différents tomes sont reliés par une progression schématique, comme des actes menant à un dénouement - les remarques du moraliste se resserrant graduellement vers des cercles de plus en plus distinctifs, élitistes, de la société. Alors que les livres V et VI semblent traiter de la société toute entière, par les moyens de l’étude de la conversation et des biens de fortune, le livre VII se centre autour de “la Ville”, Paris, excluant tout le reste du territoire français. Le livre VIII fait l’entrée dans la cour du roi à Versailles, et le livre IX est encore plus spécifique, faisant l’étude des “grands”, aristocrates nés de sang noble. Enfin, le livre X ne traite plus que d’une seule personne: le Roi lui-même, Louis XIV. L’on peut également observer qu’un nœud de l’action s’agence autour des livres VII et VIII, “De la Ville” et “De la Cour”, les “actes” centraux de cette progression. Le fait de présenter ainsi un épicentre situé dans les actes intermédiaires d’une œuvre est une caractéristique propre à de nombreuses pièces de théâtre.

        Un autre aspect théâtral dans la structure des Caractères est celui des changements de décor, souvent présent dans les pièces théâtrales entre chaque acte: à chaque nouveau livre, l’on passe d’une environnement à l’autre, d’une scène à l’autre: ainsi, l’auteur explore dans chaque thème un plateau totalement nouveau, avec d’autres personnages. Il s’agit presque ici non pas d’un acte différent, mais une pièce différente, à chaque nouveau livre. Ces changements de décor sont propres au genre théâtral, où l’on a l’habitude de renouveler les décors de la scène fréquemment pour maintenir la pièce en action.

        Ensuite, un grand nombre de remarques des livres V à X des Caractères peuvent s’apparenter à des véritables saynètes théâtrales - particulièrement dans celles comportant des portraits, dans lesquels La Bruyère présente des personnages non récurrents représentant chacun un comportement, soit à suivre, soit à éviter.

        Plusieurs remarques contiennent en effet de l’action conclue par un dénouement parfois moralisateur, comme par exemple le portrait d’Arrias, remarque 9, livre V - un homme prétendu universel qui “a tout lu, a tout vu”, mentant à tort et à travers pour soutenir ses discours peu sourcés. Durant la conversation, Arrias, pour faire taire un invité contestant ses affirmations, prétend l’avoir appris de Sethon, un ambassadeur qu’il “connaît familièrement”. Le dénouement de la remarque se fait dans la dernière phrase: “l’un des conviés lui dit: « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade. »” La Bruyère conclut donc ici sa saynète par une réelle chute comique, renforçant l’aspect prestatoire, théâtral, de la remarque.

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